Vanessa Jeudi assure l’avenir des femmes dans le milieu musical avec Diskòb

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Diskòb est une application de musique en streaming, créée par des jeunes haïtiens évoluant dans le milieu artistique, dont la chanteuse Vanessa Jeudi. Les auteurs de Diskòb, ont remporté la 6 e édition du concours Hackathon, organisée par l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), à Port-au-Prince, en octobre 2018.

Officiellement lancée le mardi 30 juillet 2019, avec un merveilleux concert, dans les locaux de BANJ, à Delmas 66, l’application Diskòb, compte révolutionner l’industrie musicale en Haïti. De même qu’Apple music, Spotify, ou Deezer, cette application et son site internet compte rentabiliser les œuvres des artistes. Promotion, diffusion et vente de la musique haïtienne, ce sera leur domaine dès à présent. La chanteuse Vanessa Jeudi (directrice artistique), et ses camarades Andy Antoine (chef de projet), Wedly Mozeau (marketing web), Beethoven Pierre (linguiste), Justafort Josué, grâce à l’OIF, Banj, et ThinkInov, ils ont pu finaliser ce projet, en neuf mois.

Disponible sur playstore et sur leur site web, avec trois types de plan, vous pouvez désormais écouter, télécharger et partager les musiques haïtiennes. Et quant aux artistes, femmes ou hommes, ils auront la possibilité de gagner la même quantité d’argent sur une seule musique, pendant longtemps. Au contraire du CD qui se vend une seule et unique fois. Comment ? Eh bien, à chaque fois qu’une personne écoute votre musique, vous êtes payé.e pour cela.

Les utilisateurs de Diskòb auront un plan « Piyay », où tout sera gratuit, mais avec des publicités et vous n’aurez pas accès à toutes les fonctionnalités de l’application. Un plan « Team », où jusqu’à cinq utilisateurs pourront se mettre ensemble pour payer l’abonnement. Et finalement, un plan « Pratique » ou « Premium », où une seule personne aura accès à toutes les fonctionnalités disponibles. Les plans sont en mode test actuellement, les prix évolueront selon l’expérience des utilisateurs. Et ce que Diskòb offre de plus que toutes les autres applications de streaming qui existent déjà sur le marché, c’est qu’il est typiquement haïtien, parfaitement structuré, facile d’utilisation, fait la promotion de la langue créole, valorise la musique haïtienne et surtout comme son nom l’indique tout ceci que pour « Diskòb », c’est-à-dire, trois fois rien. Mais, ce n’est pas que cela qui les a motivé.e.s à entreprendre cette initiative.

D’une part, Vanessa et ses amis ont compris que la majorité des artistes haïtiens n’arrivent pas à vivre pleinement de leur musique. Et ce problème, touche plus durement les femmes artistes du pays, déjà, souvent discriminées dans ce milieu par les promoteurs et agents à cause de leur sexe. « Si l’on considère des femmes pionnières, comme Princesse Georgy, Gina Dupervil, ou n’importe quelle autre femme qui a évolué dans ce milieu artistique, elles n’ont pas vraiment eu une longue carrière dans la musique haïtienne. Et parce qu’elles ont arrêté de chanter pour une raison ou pour une autre, elles ne jouissent plus le fruit de leurs œuvres », constate l’artiste.

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Les femmes instrumentistes ou chanteuses ont souvent des difficultés à maintenir leur carrière dans la musique, des difficultés liés majoritairement à leur sexe, le choix d’avoir une famille ou le manque de support de leurs conjoints. Ces artistes malgré qu’elles ont arrêté de jouer ou de chanter devraient être à l’abri du besoin ou devrait ne pas être obligées de trahir leurs convictions. C’est en ce sens, en tant que femme et artiste évoluant dans ce milieu, Vanessa a décidé d’en faire son cheval de bataille.

D’autre part, le monde actuellement a évolué, CD et cassettes ne sont plus d’actualité. Aujourd’hui, ce sont : streaming, Podcast, chaîne YouTube, Blog, réseaux sociaux et autres nouvelles technologies de l’information et de la communication qui mènent le jeu de la musique. Et surtout, des chiffres montrent que 75 % du revenu musical mondial, se trouve dans les streaming. Ce business est structuré et régi par des lois dans de nombreux autres pays, pourquoi pas en Haïti. Le premier pas est fait, doter les amants et professionnels de la musique, d’une plateforme en ligne, pour vendre et acheter leurs œuvres.

L’équipe porteuse de Diskòb

Les jeunes à l’origine de ce projet ont rencontré de nombreuses difficultés sur le chemin pour aboutir au résultat actuel. Des difficultés techniques liées au fait qu’il n’existe pas beaucoup de développeurs(euses) d’application mobile qui vivent sur le territoire. Et surtout pas beaucoup qui sont qualifiés et expérimentés, pouvant développer l’idée d’une application streaming qui demande une attention particulière.

Autre souci auquel l’équipe a dû faire face, se trouve dans la langue même qu’ils ont choisi d’utiliser: le Créole haïtien. Les gens sont très habitués aux termes anglais dans leur rapport avec la technologie. Ils ont dû se casser la tête pour trouver les bonnes expressions et les termes qui peuvent servir d’équivalent à ceux qui existent déjà dans les menus. Et bien sûr, il y a eu les troubles sociaux politiques qui ont bouleversé la capitale et les grandes villes depuis presque un an maintenant.

Le rêve de Vanessa et de ses camarades est grand. Réunir ensemble sur votre téléphone des milliers et des milliers, pour ne pas dire des millions de musique typiquement haïtiennes, tous genres confondus. Ceci est un boulot colossal ! Rassembler ces musiques, trouver l’accord de l’artiste ou du Bureau Haïtien du Droit d’Auteur (BHDA), entre autres. Quant à la qualité des chansons, les responsables de Diskòb, disent préférer que plus de personnes ont accès, même s’ils ont une mauvaise qualité internet. Le cas des musiques offensantes ou dégradantes sera aussi pris en compte, car Diskòb est considéré en tant qu’archive et patrimoine par ces fondateurs. Ils ne tiennent pas à réinventer la roue. Ces problèmes existent dans toutes les autres plateformes et divers modèles de solutions sont déjà adoptés. Par exemple, censure selon l’âge de l’utilisateur, un clean et un dirty version d’une chanson, entre autres. D’un autre côté, ces jeunes tiennent aussi à conserver leur engagement dans les différents mouvements sociaux et politiques dont ils font partie. Et pour cela, ils prévoient de faire la promotion de certaines musiques dites engagées qui correspondent à leurs critères de sélection. Que l’aventure continue !

Hervia Dorsinville


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