Jeannette, Jeannette, Réveille toi
J’ai mis le feu à notre maison ce soir
J’ai enfin conquis, entre dix mille et une défaites,
La force d’âme de franchir avec toi son sombre portail
Désormais, nous ne nous cacherons plus sous ses fenêtres de désepoir,
Nous ne sillonnerons plus ses couloirs de solitude et d’impuissance
Nous ne dormirons plus entre ses murs de doutes, d’amertume et de disgrace,
Pardi Jeannette, j’ai mis le feu à notre maison ce soir!
Ses draps lacérés et ses meubles saccagés ne connaitront plus nos plaintes, nos craintes ni nos rêves
Nos corps et nos esprits ne subiront plus la violence de leurs cravaches
Nos robes laminées n’absorberont plus de larmes de colère
Vite, Réveille toi, Jeannette, Lève toi, Fuyons
Ne brulons pas avec elle
Dehors, loin d’elle, en paix, nous la regarderons brouir
Et demain, ah! demain, lorsqu’il n’en restera plus que cendres et fumée
Nous y planterons ensemble un drapeau blanc
Nous y invoquerons les esprits de nos pères et aussi ceux de nos mères
Et ensemble, Jeannette, nous y célèbrerons la victoire de nos dettes payées
Nous n’y resterons pas longtemps
Juste le temps, d’honorer le passé, et ses combats
Demain sera un nouveau jour Jeannette
Le ciel sera encore très sombre à l’heure où nous quitterons
Il ne nous restera plus que nous, plus fortes, et libres
Vite Jeannette, Lève toi, prends ma main
Ce soir, j’ai mis le feu à notre maison
Laetitia Saint-Louis
1/08/2021