Un doux refuge à l’ancre de la méditerranée

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En lambeaux, tout en pièces, dépareillées

Luttant du fond de l’abîme pour tenter de me reconstruire

J’ai déménagé dans une autre ville

J’ai changé de fréquentation

J’ai eu du mal à me pardonner…

Mais un beau petit matin, en faisant normalement le trajet de 13 minutes depuis mon studio pour me rendre à mon lieu de travail comme un funambule sur les trottoirs de la rue de Mohamed Said, j’ai commencé à réaliser que le soleil a toujours été brillant, le vent doux de l’été naissant caressait mon visage. Mes pas deviennent plus allègres, mon cœur s’allège à chaque nouvelle bouffée d’air que j’inhale pour reprendre mon souffle le temps de traverser le rond-point du carrefour.

Arrivée à l’agence, ma boss me dit que je pars sur une activité aujourd’hui pour accompagner les clients comme guide touristique au lieu de les recevoir derrière le bureau.

Je me suis crispée un peu, le cœur en émoi, ma bulle a éclaté sans un bruit. Je me suis sentie toute vulnérable à nouveau mais cette fois, j’étais prête à m’ouvrir. Il fallait remonter la pente, peu importe le temps que ça prendrait.

On a pris le bateau avec les clients pour se rendre sur l’une des plus belles îles de la ville touristique de Hurghada. Je me suis dit quelle belle occasion de découvrir à nouveau l’étendue bleue et le sable chaud. La mer me rappelle les plages d’Haïti et les minuscules coquillages qui sont ramenés par les vagues sur le rivage. L’eau est légèrement plus cristalline, je joue avec mes cheveux en essayant d’être la plus sociable possible en accompagnant les clients à chaque étape de l’excursion. Il y avait des touristes français, tunisiens et russes sur le bateau.

À un moment donné, le capitaine du yacht nous a fait signe en attirant notre attention sur des dauphins en liberté qui approchaient du bateau, des animaux purs, divertissants et qui aimaient bien la compagnie des humains. Comme j’enviais leur liberté, la simplicité de leur existence.

Au bout d’un ou deux arrêts de snorkeling et un repas buffet sur le bateau. Nous accostons la plage surnommée le Maldive de la Méditerranée. Je ne me suis pas changée pour plonger dans l’eau claire, je me suis promenée le long de la plage, un œil sur les enfants des clients, l’autre dans mon téléphone. Laissant juste mes pieds se mouiller par les douces vagues et ressentir le sable chaud qui se moulent sous mes pas disparates.

J’ai remarqué une balançoire plantée dans l’eau, quel doux refuge! Sans réflexe ni crème solaire, je m’y installe furtivement en fredonnant les paroles de la musique du défunt artiste Mikaben en créole haïtien:  ” sim te gen zèl tankou yon zwazo m ta vole al keyi zetwal nan syèl”.

Les ailes sont belles et bien ancrées, à l’évidence, il fallait juste les déployer pour m’autoriser enfin à survoler tous les challenges décorant ma fière destinée.

Sarita C. Pierre


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