Comme elle l’avait fait pour le lancement, la Maison Dufort a accueilli le 24 novembre 2023, la restitution-vente du Fonds pour la création visuelle 2023. La clôture de cette deuxième édition qui a retenue 4 jeunes femmes dont Anaïse Hector, Chrisnaïka Desrosiers, Dashka-Reyna Charlemagne et Guerlande Balan a été un moment de partage et d’exploration pour un public au rendez-vous.
Il leur aurait fallu moins d’un mois pour la réalisation de leurs œuvres. Le travail a été très stressant et difficile”, a confié la jeune peintre Dashka-Reyna Charlemagne. Intime pourrait-on décrire ses tableaux qui reflète ses émotions. “Le thème de la série est” Danser avec mes démons “. Ce sont mes sentiments. Ils m’accompagnent. Je voulais les personnifier”.Très excitée et touchée du regard de l’assistance, elle appréhende quand même les retombées et les critiques.
“Je pense que mon message a été délivré. Je suis vraiment contente”, lance Anaïse Hector. En effet, ses pinceaux portent la cause des femmes victimes de violence conjugale dans son entourage et d’ailleurs. Un sujet qui interpelle la bénévole de l’association féministe Nègès Mawon.
À la veille de la journée internationale pour l’élimination des violences faites aux femmes, et du début de la campagne des 16 jours d’activisme contre la violence faite aux femmes, Laura Louis représentante de la Coopération Suisse n’a pas négligé de saluer le talent des 7 bénéficiaires spécialement celui des jeunes femmes. La présidente du conseil d’administration du Centre d’art, Michèle Duvivier Pierre Louis en a fait de même soulignant que la sélection a été faite avec honnêteté et sans favoritisme.
“Nous ne pouvons pas passer sous silence la présence de 4 femmes parmi les 7 artistes qui exposent aujourd’hui. C’est une grande chose et une bonne nouvelle pour la culture en Haïti. Quatre jeunes femmes qui maîtrisent leur art, qui se trouvent de la place et qui font leur preuve”, déclare Laura Louis. La journaliste a profité d’encourager les artistes féminines à repousser leurs limites. “Gardez cette énergie que vous avez maintenant, parce que là où vous êtes, il y a des petites filles qui sont peut-être en train de vous regarder et qui voient en vous l’image qu’elles veulent avoir d’elles même à l’avenir”. Néanmoins, on signale que l’appui financier de la Coopération Suisse à ce fonds touche à sa fin, selon madame Pierre Louis. L’institution se limitera désormais qu’à l’humanitaire.
Une triste nouvelle pour les professionnels de l’art. La présidente FOKAL ne s’est pas laissée abattre mais a été de préférence émue, face au talent des bénéficiaires jusqu’à verser quelques larmes de fierté. “Parvenir à créer en ces temps de chaos, de grande insécurité et souvent de précarité nous enseigne sur la capacité qu’à l’esprit créatif de transcender les contingences quotidiennes et de travailler pour proposer des œuvres d’art. Là se trouve également l’expression d’une certaine liberté, affirme madame Pierre-Louis. On souhaite d’autres éditions à ce Fonds qui est un véritable support pour les artistes en manque de moyen.
Shylene Prempin
