Bulle alexandrine

Spread the love

Pas une goutte, mais vraiment aucune goutte de pluie depuis le début de l’été. Pourtant, le ciel foudroie d’un bleu pur et ingénu, les nuages babillent comme des sculptures de Pygmalion. Il fait entre 33 parfois 37 degrés, le climat est doux et chaud comme sous les tropiques et je deviens un brin nostalgique. Pourtant il y a quelques mois et pour la première fois, j’ai dû affronter l’hiver alexandrin : le froid impertinent et hautain, la brume envahissante matinale, les longues pluies grises et même la grêle occasionnelle, il ne manquait plus que les flocons de neiges mais on n’en était vraiment pas loin… Perchée depuis ma fenêtre, de longues persiennes vertes cachent les deux battants de la grande baie vitrée blanche qui agrandit la belle vue de ma chambre au second étage de l’immeuble rustique qui m’abrite durant ses longues vacances annoncées.

En Haïti, c’est la période des pluies chaudes, la saison des mangues juteuses et des cyclones insolites qui peuvent faire des ravages considérables et saccager toute une ville, une population impuissante et toujours dans l’urgence. Les forces de la nature sont toutes aussi redoutables et imprévisibles que le spectre fourvoyant de la pandémie Covid-19 et sa longue période de confinement dont on ne se remet toujours pas des séquelles aujourd’hui. J’ai l’impression que malgré le déconfinement, chacun a gardé fragilement sa bulle protectrice : oui, on s’ouvre à nouveau, on se défoule en marge d’une prérogative longtemps refoulée car on avait plus que marre d’être cloitré entre quatre murs… mais tout au fond de nous demeure une crainte subtile. Va-t-on vraiment vers la fin de la pandémie covid-19 ? Si oui, comment aborder désormais la vie post-covid 19 ? Se réinventer tout au moins une nouvelle normalité*.

Certes, le port du masque n’est plus obligatoire dans les transports et lieux publics. La guerre en Ukraine a volé totalement la vedette à la covid-19 sur l’échiquier mondial. Toutes nos activités professionnelles et sociales ont repris parfaitement et intégralement leurs cours. Toutefois, il y a quand même cette fébrilité qui nous rend plus apte à communiquer via les réseaux sociaux plutôt que lors des rencontres physiques en tant réel, et parfois lorsqu’on se rencontre on ne se dit pas les choses essentielles, on préfère les écrire ou les dire via un texto ou appel sur whatsapp ; on choisit plutôt de publier une vidéo sur tiktok en guise de compte-rendu d’une sortie, ou encore des photos sur Instagram et j’en passe et ceci vaut même parfois pour des proches qui cohabitent dans une même maison.

Cette semaine marque la célébration de la « Aid-el-Adha » en Egypte, communément appelée la fête du grand Baïram, une célébration de la communauté religieuse musulmane en souvenir de l’illustre personnage Abraham qui lors du sacrifice de son fils sur l’autel se vit substituer un mouton, en guise de sa grande foi, à la place de ce dernier. Alexandrie est une ville mythique et iconique, des immeubles gratte-ciels pullulent comme des pyramides parallèles… Depuis ma chambre, j’observe sur la route un troupeau de moutons qui suit ses bergers en diagonales : un père et ses jeunes fils. La grande méditerranée et sa longue étendue bleutée qui miroitent à l’infinie me remue souvent par son calme imperturbable en été. Ici tout est intemporel : la mer, les coutumes et mœurs, la vie nocturne et animée de la bulle alexandrine.

Sarita C. Pierre


Spread the love

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *