Rencontre avec Benita Jacques, réalisatrice de “l’Afrique, berceau de l’humanité et des civilisations modernes.”

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C’est une véritable chasse aux prix pour la réalisatrice Benita Jacques qui ne cesse de récolter des récompenses internationales pour son film documentaire, “l’Afrique, berceau de l’humanité et des civilisations modernes”. Le film a été sur le tableau de 33 festivals dans le monde.

Après avoir reçu la distinction du meilleur long métrage documentaire au Festival international du film Panafricain de Cannes, il vient de décrocher le prix du public et celui du meilleur documentaire au festival de cinéma FECRECCAS de Montpellier. Mus’Elles vous invite à une tête à tête avec cette citoyenne du monde.

Benita Jacques est une scénariste et réalisatrice dont les thèmes de la diversité culturelle, de l’histoire et de l’identité servent de socle à ses travaux. L’haïtiano-canadienne, actrice dans un premier temps, va commencer une solide formation en arts et lettres au Collège Marie-Victorin, ainsi qu’un baccalauréat en art dramatique à l’UQAM. Elle a suivi, en parallèle, une formation en administration dans le but de développer ses compétences en gestion et de créer (fonder ; mettre sur pieds) plusieurs entreprises. Elle est la PDG de Zen Queen Media Production Inc, une entreprise spécialisée dans la production de différents types de vidéos corporatives et institutionnelles, la scénarisation, la postproduction, la publicité télévisuelle, la création de séries télévisées et de web séries, la réalisation de capsules vidéo événementielles, ainsi que la production de films, qu’il s’agisse de longs métrages, de courts métrages ou de mini-documentaires sociaux ou corporatifs.

“L’Afrique, berceau de l’humanité et des civilisations modernes” est son premier long métrage. Un travail qui a été réalisé après plusieurs années de recherches. L’un des éléments provocateurs qui ont alors suscité en elle l’envie et le vouloir d’aborder un tel sujet a été l’avènement de George Floyd. Il était d’une importance capitale pour Benita Jacques mère de famille, d’entreprendre cette recherche de réponses pour pouvoir transmettre à ses enfants ce que ses parents n’ont pas pu lui donner. “Ce qui m’a poussé à me tourner vers la réalisation de films documentaires, c’est une combinaison de frustration, de lassitude, d’impuissance et d’un désir ardent de changer les choses. Je ressentais le besoin de mettre en lumière des sujets importants, de créer des ponts, d’engager des dialogues et de faire face aux problèmes en mettant de côté la peur pour trouver des solutions”, confie Benita Jacques

“J’avais peur que mes enfants aient à vivre ou à affronter les mêmes difficultés que moi. Je comprends qu’à la fin, il n’y a ni victime ni bourreau, car nous sommes tous victimes de ce système oppressant. C’est à nous, en tant que génération, de nous lever, de nous armer de résilience et de patience, de respect mutuel, de pouvoir dialoguer et de trouver des solutions pour un monde plus équitable”, ajoute-t-elle.

En raison du Covid-19, le film a été réalisé de manière indépendante. La co-productrice déclare avoir dû faire face à de nombreux défis, à tous les niveaux, sans entrer dans les détails. Néanmoins, elle a pu compter sur l’aide d’une équipe compétente, talentueuse et, notamment, sur celle de son conjoint. “Il m’a aidé à rester concentrée sur le résultat que nous souhaitions obtenir”. Les nominations qui en découlent sont une source de fierté pour la narratrice et pour son staff qui a contribué à ce projet. Elles sont une source d’encouragement et d’engagement à donner une voix aux histoires sous-représentées et à célébrer la richesse culturelle de l’Afrique.

“En tant que femme, Africaine, Haïtienne, Canadienne et citoyenne du monde, je suis consciente de l’importance de représenter et de célébrer la diversité culturelle de l’Afrique. Mon film explore les liens entre l’Afrique, Haïti et le monde entier, mettant en lumière cet héritage africain dans ma propre culture, source de fierté. Recevoir le prestigieux prix royal “Dikalo Award” du Pan africain film international de Cannes, ainsi que le titre de meilleur documentaire de l’année au festival international de Kinshasa pour mon film “L’Afrique, berceau de l’humanité et des civilisations modernes”, suscite en moi une profonde gratitude. Cette reconnaissance importante renforce ma détermination à briser les barrières dans l’industrie cinématographique et à faire entendre ma voix en tant que cinéaste”, affirme-t-elle. Ce qui est une véritable reconnaissance de son travail et de sa passion pour le cinéma. Ce qui engendre également de nouvelles opportunités pour partager son film avec un public plus large.

Bien que Benita Jacques ne possède qu’un long-métrage à son palmarès, elle a travaillé aux côtés d’Evins Valcin en tant qu’assistante metteur en scène.  Elle a aussi participé à des projets d’écriture collective. Son début sur le petit écran cinéma s’est fait à travers des films haïtiens tels que “Gason Makoklen” et “L’Innocence”. Elle a également participé à des télé-séries québécoises renommées telles que “30 vies”, “L’Auberge du chien noir” et “Mémoires Vives”. Elle a côtoyé Marilyn Bastien dans “Story Live”.

“En tant que femme dans l’industrie cinématographique, je suis consciente des défis auxquels nous sommes confrontées. Je veux être une voix puissante pour la représentation et l’autonomisation des femmes dans ce domaine. Recevoir cette distinction démontre que les voix des femmes, des Africains, des Haïtiens et des Canadiens sont valorisées à l’échelle internationale. C’est un hommage à l’harmonie et à la complémentarité entre les femmes et les hommes dans la poursuite de nos objectifs communs”, poursuit-elle. Avec des attentes comblées, l’objectif de cette femme du cinéma est d’inspirer les spectateur.ice.s à aller au-delà des stéréotypes et des préjugés, en ouvrant leur esprit à la beauté et à la richesse de l’Afrique. Par ailleurs, elle veut susciter  la curiosité et l’empathie, tout en encourageant une compréhension plus profonde de l’histoire et de la culture africaines.

Bien qu’elle évolue au Canada depuis bon nombre d’années, Benita Jacques reste confiante que la présence des femmes réalisatrices dans le domaine du film documentaire, notamment en Haïti, enrichit le paysage cinématographique en apportant de nouvelles voix. ‘‘Des réalisatrices talentueuses telles que Guetty Félin et Rachèle Magloire ont réussi à se faire une place dans l’industrie grâce à des films tels que “Ayiti Mon Amour” et “Madan Sara”, offrant ainsi des perspectives uniques sur la réalité haïtienne. Rachelle Salnave propose, quant à elle, des documentaires tels que “Madame Pipi” et “La Belle Vie”. Gessica Généus, avec sa série documentaire “VIZAJ NOU”, apporte également sa contribution”.  Somme toute, la présence des femmes réalisatrices contribue à une représentation plus équilibrée et diversifiée de la réalité humaine, ouvrant la voie à des histoires importantes, argue-t-elle.

Finalement, Benita Jacques a tenu à laisser de précieux conseils pour toutes celles qui s’intéressent à la réalisation. “Étudiez et maîtrisez votre art. Soyez persévérante et déterminée. Cultivez la confiance en vous et osez être différente. Soyez prête à travailler dur, à avoir confiance en votre vision et à persévérer malgré les obstacles. N’oubliez pas que même dans les moments difficiles, il est important de continuer à essayer et à croire en votre potentiel”. Par ailleurs, du 11 au 16 décembre, elle sera présente au Cameroun pour le Pan Africain Award. En janvier, elle mettra le cap vers Kenya pour le Out of Africa International Film Festival. Nous souhaitons succès continu à cette réalisatrice hors pair.

Shylene Prempin


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