Chère Alexis…

Spread the love

Quelle joie…quelle douleur aussi ça a été de voir la morale générale aussi remontée. Au point où je me demandais moi-même ce qui était arrivé. Ça a été difficile. Mais, nous l’avons encore prouvé. Par cette force, je me permets aussi de continuer. La marche que j’entreprends depuis longtemps. Je pensais pouvoir abandonner la partie. Ç’aurait été penible pour moi d’aller à l’encontre de moi-même. Il n’était pas question que je devienne de cette sorte et réellement un monstre; et s’il faut que je le sois, autant l’être d’abord pour moi-même. Je suis revenu, je reviens et je reviendrai toujours…sans division. Et comme dit cette chanson évangélique: si wè m pye m pile w zanmi, mwen pa eskize zanmi, piga w ou fache se pa maledve se gade m ap gade! Gade m ap gade… Je comprends pourquoi… (je ne citerais de nom) aime à dire: « m mande padon l pandan de men anlè ». Quitte à ce qu’on en fasse une tic. Un slogan. C’est pourtant un simple gens comme moi qui aime a chanter: « M renmen wè moun lakay mwen ».

Je donnais du temps au temps. M’autorisant d’attendre. D’entendre battre mon cœur. Et pourtant, j’ai toujours su…sans vraiment comprendre. Je m’autorisais de descendre. Descendre plus bas que terre. Plus loin au fond qu’on ne le pouvait. Et entendre… Entendre mon propre sang. Son ouragan qui m’imprègne. Me pèse. Me presse et m’oppresse. Et me retenir. Cette fois, je ne voulais pas de clémence. Je supporterais tout en silence, me disais-je. Et me regarder. Me regarder mieux comme personne n’irait jamais se regarder. Me transformer. Je voulais voir jusqu’à quel point je pouvais être tout sauf moi-même. Sur la piste, au beau milieu de l’orchestre. Et toute suite, j’ai pensé. Je pense à Césaire![1]… « Toujours plus bas encore plus bas». Je ne vous cache pas que je n’avais jamais aimé ce passage. Je me souviens un jour avoir demandé dans un séminaire que je suivais : « comment peut-on vouloir aller en bas? J’étais trop dans les nuages pour comprendre ce qu’il entendait par là. Du coup, je n’aimais pas. Et voilà, dans ma solitude, justement où je n’avais personne, ce passage: je me suis ris moi-même!» C’est aussi ça. Je ne suis pas parfaite! Et pourtant, Nous le sommes…quand j’écris Alexis, c’est au fond ce que je me dis dans ma folie. Et là, Je pense à tout mon univers, mes Écoles. En réalité, ce n’est pas tout comme. Je me demandais ce que je devais comprendre ? Que dois-je faire? Je cherchais, je ne Trouvais pas. Mais je n’abandonne pas.

Toute cette guerre contre moi-même chantait : la faiblesse n’est pas une limite à celui ou celle qui se sait faible et imparfait, essaye! Mais l’eau avait l’air froide. Quand sa chaleur disait « viens et suis-moi ». Moi qui pensais que j’étais toujours maitre de moi-même, je n’osais même pas. Je n’osais pas me mettre plus bas que je ne l’étais déjà. Ça fait quoi puisque tu l’es déjà? Disait une petite voix. Je restais pourtant là. Avec moi. A me cacher dans ma tombe sans me lever. Ce n’est pas que j’avais le pouvoir. Je craignais de faire une bêtises de plus. Malgré ma faute et au-delà de mes mots, les battements d’ailes de tous les miens ne m’ont jamais quitté! Je ne le voyais même pas.

                                                                                                         Avec le Temps, dit-on, vient le malheur. Avec le temps; dit-on, vient le jugement; mais aussi la raison! Je demande pardon. Peut-être que le temps était venu pour moi de sortir de mes gongs. De me laisser aller superficielle et légère pour m’empêcher de sentir lourde et vide à lintérieure. Je suis contente pour cette agilité que tu m’inspires. Et jespère…J’espère quun jour un vent je pourrais la faire mienne. Je garde le bras grand ouvert. Comme lunivers. Quoiquon pense, quoiquon dise; je ne commenterais pas lerreur de les fermer. Jamais.  Je sais ce que ça fait d’être seule. Avec pour seule ressource soi-même : sa Raison de vivre, cette puissance pour le meilleur et pour le pire! Qui existe pourtant partout dans le monde et les choses. Cest pour cette raison je pense que je compte! Cest pour elle également jajoute des silences, des suspensions. Je cherche de la tranquillité. Parce que cette fois, cette fois, je pense je pense aussi à ceux et  celles qui sentredéchirent dans les quartiers, les banlieues et les ghettos, il mérite aussi ma chance je pense. Quand je pense à lAfrique, je pense aux vies. Je pense à la vie quon utilise et jette. Je nappuie pas la guerre. 

                                                                                                       Comment choisir son propre pas? Comment rester ferme dans l’impasse ? Je ne savais pas. J’étais seule et je ne voulais pas daide. Dans ce chemin de croix où tout se jouait contre moi. Où lon s’éprouvait soi-même seule face au monde. Où visiblement tout sentêtait.  Si on ne mesure pas la valeur de ces mots : si on ne se demande pas : quest que « nous » ferait ? Abandonner. Laisse aller. Un deux trois jours. Peut-être. Il y existe des bravoures quil vaut mieux ne pas oser; et je lappelle céder. Mais, ne croyez pas que ça ne demande pas aussi de la force. La force véritable dont je parlais; il ny a pas six mois, navait avant tout rien de « physique ». Je dirais que c’était un peu plus personnel et intrinsèque. C’était; genre, lutter contre quelque chose de plus grand. De plus grand que soi. C’était comme lutter contre le moment et se mettre en route pour lhistoirecomme Hilarion. Cest aussi comme pour les croyants allumer une bougie. Jeter un deux gouttes deau. Prier ect. Cest aussi arriver quelque part et sentendre dire : « je me rappelle de toi, ton visage aussi me parledavenir ». Où comme quand on partage un sourire dans un regard qui ne demande même pas qui-tes-qui-tamène; sinon vient : une place est là, assieds-toi! Pour donner quelques images! Ce peut être aussi un chant quon fredonne. Une parole. Je crois quavril dernier, c’était tout ça. Également, tout ce qu’il n’était pas. Et bien plus.

À ce stade, ma fuite réelle comme celle du personnage pour le cimetière tranche la situation assez bien je pense. Même quand je ne saurais fort bien l’expliquer. Je m’entends seulement dire (dans un premier temps) : « j’ai jugé, on m’a jugé, c’est justifié. J’applaudis ». En tout temps, malgré tout, je comprends. C’était ma faute. J’ai pris un peu trop de risque quand le chemin est parsemé d’embûche!

                                                                                                         Ma raison me montrait que javais tort quand mes torts me montrent que javais raison. Qui est aussi tordu pour s’imaginer une telle épreuve; c’était aussi ma lutte…Vaincue avant même davoir commencé. Embrasseras-tu sans bouger les initiatives quon te tend ou…? Tout ce que je savais cest quil fallait je sauve mon œuvre, ma graine, mon racine, mon nation, et mon peuple. Il fallait que je nous tire de cette pente, que je me suis face au vide. Cest là mon fait: je me redresse.

                                                                                                         Quoi de mieux quune bonne danse! Une notion qui été très appréciée par le public, on en parlait partout. La danse de lombre. Quand j’écrivais, elle se passait au boulevard de mon esprit, je me dis à présent quil se pourrait que ça ait une raisonnace sur le réel!  Deux pieds gauches. Une peur bleue de la foule. Et pourtant je danse. Incroyable! Écrire est parfois nul; cest se juger soi-même; la littérature, nest-ce pas aussi ça? Toute l’histoire reside dans une intention quon pressent derrière le mouvementsans pourtant se le dire franchement… Cest ainsi que je voulais que tout aille. Comme un sens qui tend vers linfinie.  Puisque la limite n’avait pas été  établi.

                                                                                                         Comme on dit; avec le temps, le malheur arrive; cest bien malheureux, le jugement aussi. En vérité, je ne suis quune femme faible et sans discipline. Une insensée qui voulait se faire passer publiquement pour je ne sais quelle chose. Une morte. Vous voyez; je ne suis ni irréprochable ni invulnérable.

                                                                                                         Sans vouloir me dégager de la responsabilité de mon acte, je plaide coupable de son aspect infantile. Qui fait de moi lexemple flagrant de la critique Alexienne de lhumanisme. Maintenant je vais devoir vivre avec ça: quand je rencontre malheureusement « la belle amour humaine », je rencontre aussi la honte mais aussi sa mise à lexpérience. A cet effet, ma colère avait dabord augmenté. Enfin, je me souvenu ce n’est qu’une fiction. En dépit de ses référence réelles. Je suis fautive d’avoir réveillé le Scylla… Jai encouragé mes défauts.

                                                                                                         Alors, je te remercie comme je remercie la terre, le ciel pour ce déluge de grâce.

Aldana LORVÉ


[1]  “Bercé par les effluves d’une pensée jamais lasse je nourrissais le vent, je délaçais les monstres et j’entendais monter de l’autre côté du désastre, un fleuve de tourterelles et de trèfles de la savane que je porte toujours dans mes profondeurs à hauteur inverse du vingtième étage des maisons les plus insolentes et par précautioncontre la force putréfiante des ambiances crépusculaires, arpentée nuit et jour d’un sacré soleil vénérien”, Cahier du retour au pays natale, Aimé Césaire.


Spread the love

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *