We women en campagne contre les violences basées sur le genre

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We Women, est une organisation à but non lucratif travaillant entre autres dans le domaine de la littérature produite par les femmes.

À travers les réseaux sociaux, We Women mène une campagne contre les violences faites aux femmes et aux filles, du 27 avril au 27 mai 2020. Mus’elles a interviewé Renée Vancie Manigat, présidente de l’association pour savoir davantage sur cette initiative.

Mus’Elles (M) : Parlez-nous de la mission de We Women et du travail que vous effectuez en Haïti.

Renée Vancie Manigat (RVM) : We Women a réalisé sa première activité, un séminaire sur l’écriture scénique, en août 2019 et nous nous sommes lancé officiellement, le 6 septembre 2019.

Renée Vancie Manigat, présidente de We Women.

Ce fut une période assez mouvementée, pénurie de carburant, troubles politiques, ce qui ne nous a pas empêché de désarçonner face à notre mission. Nous avons continué d’encadrer et de coordonner des activités autour de la littérature féminine, de créer un système de réseautage entre les femmes auteures un peu partout, d’encadrer des femmes en situation de vulnérabilité en les formant sur la question du genre et de l’inclusion financière.

D’où nos axes d’intervention sont : EDUCATION-CULTURE-GENRE-LITTERATURE, notamment dans l’aire métropolitaine, même si nous ne sommes pas limitées au département de l’Ouest.

Nous n’avons cependant pas la prétention de toucher tout le monde surtout que cette campagne se réalise via les réseaux sociaux.

Renée Vancie Manigat, présidente de We Women.

M : Vous avez lancé une campagne contre les Violences basées sur le genre (VBG). Par rapport à quel constat avez-vous décidé de mener cette campagne et dans quel objectif ?

RVM : Depuis le 27 Avril nous menons une campagne à travers les réseaux sociaux contre les violences faites aux femmes. Elle prendra fin le 27 Mai 2020.

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Les violences basés sur le genre et majoritairement enregistrées sur les femmes durant le confinement sont très fréquentes. À l’international, l’augmentation des cas de femmes maltraitées pendant le confinement a accusé d’une hausse considérable. En Haïti quoique partiellement confinées,nous nous sommes dit que c’est le moment d’amplifier nos voix pour aider d’une manière que ce soit les femmes confinées avec des partenaires bourreaux.

Nous visons à travers cette campagne de sensibiliser les gens à l’aide de messages. Nous voulons permettre aussi que des victimes silencieuses, à travers nos messages trouvent une motivation pour se défaire des chaines de leurs bourreaux, prendre conscience de leur situation. Hommes et femmes y participent car la violence basée sur le genre doit être l’affaire de tous et de toutes.

M : Comment  procédez-vous aux choix de vos messages et de leur publication ?

RVM : Chaque jour on poste 3 ou 4 messages disposés sur des affiches. On les partage pour qu’ils touchent le plus de monde possible.

Cette lutte est une lutte des droits de la femme en tant que personnes humaine, mais aussi contre le patriarcat aveugle et égoïste.

Renée Vancie Manigat, présidente de We Women.

M : Qu’est-ce que cela implique de faire une telle campagne en plein Coronavirus?

La crise du Coronavirus peut bien avoir capté toutes les attentions par sa vague meutrière. Cependant les autres pathologies, les inégalités, les abus sexuels existent et n’ont pas chômé. Au contraire, ils ont perdu de l’intérêt, car le focus est mis sur la gestion du Coronavirus, ce qui est compréhensible. On a lancé cette campagne justement à ce moment pour faire un travail de sensibilisation sur les violences sexistes. Nous n’avons cependant pas la prétention de toucher tout le monde surtout que cette campagne se réalise via sur les réseaux sociaux.

Mais selon nos moyens, on fait notre part en espérant que d’autres organisations plus autonomes financièrement se mettent de la partie et atteignent les couches qu’on a pas pu toucher pendant ce mois de campagne. Aussi, je dois préciser que ce ne sera pas notre dernière campagne ou activités en rapport aux violences basées sur le genre.

Beaucoup de personnes utilisent les réseaux sociaux, ce sont des canaux de retransmission à grande portée. Lorsque des personnes voient nos messages, elles peuvent être sensibilisées, un message peut leur rappeler une situation et les inciter à prendre une décision, elles peuvent le partager avec une victime pour lui montrer que rien ne l’oblige à accepter cette horrible situation.

M : Quelles sont les profils  et le nombre de personnes qui portent ce message?

RVM : Ils sont de toutes les professions. Médecins, ecrivains.es, etudiants.es, artistes, animateurs.trices, travailleurs sociaux, responsables d’organisation luttant contre la VBG. Ils devraient être 100 au départ. On a reçu tellement de demandes de personnes qui veulent contribuer à faire passer un message qu’on a eu plus de 100 au final. Le nombre exact sera communiqué à la fin de la campagne.

M : Nous avons remarqué qu’il y a aussi des hommes dans les affiches.  Pourquoi ce choix?

RVM : Les hommes ont choisi de participer. Les hommes sont le profil type de l’agresseur dans ces cas. Cette lutte est une lutte des droits de la femme en tant que personnes humaines, mais aussi contre le patriarcat aveugle et égoïste.

Le message des hommes est susceptible de démontrer une prise de conscience et peut encourager d’autres hommes à abandonner cette pratique barbare et sanguinaire dont ils se positionnent en auteurs. C’est aussi pour avoir des hommes pouvant servir d’exemples des bons codes comportementaux avec leurs partenaires ; bien que nous ne pouvions réduire la violence aux seules relations entre couples.

M : Quels sont vos partenaires dans cette campagne et de quel type?

RVM : Nous avons pour la plupart des partenaires habituels comme Sequ’Elles, initiée par Ludnear Diane Augustin. C’est une plateforme qui organise des causeries pour que des femmes puissent parler de ce qu’elles endurent, les luttes qu’elles mènent ou ont eu à mener. Ces causeries sont inspirantes et motivantes.

Il y a aussi Dofen News, lancée par Daniella Jacques, est un média en ligne dont l’actualité porte sur les réalisations des femmes. CJGBG (Collectif des jeunes de Gros Balancé pour l’avancement des Jeunes de Ganthier), une jeune organisation à Ganthier qui travaille dans la lutte contre les droits des femmes, dont la secrétaire est Jémina Petit-Homme participe avec nous. Enfin, il y a HTIC, une plateforme technologique regroupant des femmes, dont la présidente est Nadia Charles.

Ce serait mentir de penser que la violence sur les femmes n’existerait plus après cette campagne. C’est une lutte contre un système instauré, cela va prendre du temps.

Renée Vancie Manigat, présidente de We Women.

M : Quelles sont vos  attentes après cette campagne?

RVM : Ce serait mentir de penser que la violence sur les femmes n’existerait plus après cette campagne. C’est une lutte contre un système instauré, cela va prendre du temps. Cependant, au niveau de WE WOMEN, nous croyons que les messages que nous partageons feront mouche. Des victimes silencieuses les liront, méditeront sur leur cas et trouveront la force de chercher de l’aide et d’aller vers l’avant.

Des bourreaux déguisés en conjoints, petits amis, seront face à eux-mêmes à travers les messages et donc face à leurs attitudes horribles; nous espérons qu’ils seront susceptibles de prendre conscience enfin de leurs bêtises, de cette méchanceté qui affecte la situation des femmes, quelles qu’elles soient leurs classes sociales, leurs couleurs de peau, etc.

Nos attentes sont donc une graine germée au milieu d’autres de toutes ces organisations sœurs qui luttent contre les violences dont les femmes font l’objet. Si les fruits de l’abolition du patriarcat, égoïste, sanguinaire sont semées, c’est déjà un gain contre ce système qui aliènent ces hommes qui définissent trop souvent leur existence dans la martyrisation des femmes.

M : Avez-vous d’autres actions prévues dans le contexte de la pandémie de la Covid-19?

RVM : Pour le moment nous essayons de trouver du financement pour pouvoir en entreprendre. A défaut d’en trouver, nous réfléchissons à ce qui est possible par rapport à nos faibles moyens. Mais en attendant, nous partageons spécifiquement les informations alliant la pandémie et les Violences basées sur les genre, tout en nous fixant sur les messages de sensibilisation sur les violences sexuelles en général.

Propose receuillis par Jeanne-Elsa Chery


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