La poétesse Stéphana Dorval en résidence d’écriture au Centre PEN Haïti

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Stéphana Dorval peint, dans « Les monologues de Port-au-Prince », une ville avec des histoires écorchées sur les murs, perdues dans les ruelles, enfoncées sous des dalles de catastrophes. La poétesse est en résidence d’écriture au Centre PEN Haïti, du 8 Mars au 3 Avril 2022, avec  ce premier projet romanesque autour duquel elle s’est entretenue avec Mus’Elles.  

« Les monologues de Port-au-Prince » est un roman qui dit Port-au-Prince, souffle Stéphana Dorval, auteure du recueil de poèmes « Siwomyèl ak Sèl ». Une Port-au-Prince avec des histoires écorchées sur les murs, perdues dans les ruelles, enfoncées sous des dalles de catastrophes. Une Port-au-Prince vieille de plus de cent ans. Une Port-au-Prince dont la mémoire perdure à travers les générations.

Deux femmes, deux générations différentes

Et comme Ferdinand Foch disait « parce qu’un homme sans mémoire est un homme sans vie, un peuple sans mémoire est un peuple sans avenir », son premier roman juxtapose deux femmes, deux générations différentes qui racontent les vécus de leurs époques respectives. Une sexagénaire, témoin des gouvernements qui se sont succédés, qui a essuyé des déceptions et qui a « vu tant de choses », crache Stéphana. Puis, Mila. Protagoniste, âgée de vingt-deux ou vingt-trois ans, elle est celle qui porte les cris de cette jeunesse qui refuse de s’enfermer dans des cases, de se conformer dans des stéréotypes et de ressembler à la génération d’avant.

 « Les Monologues de Port-au-Prince » est aussi un projet de création à caractère féministe. Si dans son dernier texte « Pour elle, le chant des colibris » publié, il y a deux semaines, dans les colonnes du Temps Littéraire, la poétesse a manifesté à travers la voix de la narratrice le refus d’être une femme « Poto Mitan »; elle annonce que cette perspective sera d’autant plus affirmée dans son roman. Justement, Mila, refuse de ressembler à sa mère. Un personnage qui est, selon l’auteure, le portrait de « ces femmes qui s’oublient, qui galèrent, qui sont soumises, que la société considère comme vertueuses et qu’ appelle des femmes Poto Mitan ».

« On sent …qu’on est dans le bon chemin »

Pour écrire ce roman, Stéphana affirme qu’elle puise, comme bon nombre d’auteur.e.s, dans ses observations quotidiennes. Elle s’est baignée dans ses vécus, dans les histoires qu’elle entend et dans les faits et évènements qu’elle a vu se défiler. En résidence artistique pour la première fois, la poétesse ne manque pas d’ailleurs de motivation. Ravie, elle avoue, l’émotion enroulée dans la gorge, qu’être en résidence « Cela fait quelque chose. Cette opportunité signifie que des gens ont cru en mon projet et l’ont trouvé intéressant. C’est donc une parole qui mérite vraiment d’être portée ». Deuxième locataire du Centre PEN après Négresse Colas, elle ajoute qu’être lauréate « c’est super. On sent qu’on gagne, qu’on est dans le bon chemin et ça encourage ».

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Stéphana Dorval bénéficie d’un cadre attrayant pour travailler, d’une bourse de création et de l’accompagnement de l’équipe du Centre PEN Haïti. Plusieurs rencontres avec d’autres écrivains sont programmées et la jeune auteure s’est déjà entretenue avec l’écrivain Syto Cavé le 10 Mars dernier. À la fin de sa résidence, plusieurs activités sont prévues telles que: la restitution de sa résidence au grand public, l’animation d’un atelier d’écriture, des causeries autour de l’avancement de son projet d’écriture.

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Rappelons que cette résidence artistique rentre dans le cadre du Programme Droits de l’Homme et Perspectives de femmes. Un programme soutenu par le fonds PISCCA (Projets innovants des sociétés civiles et coalitions d’acteurs) de l’ambassade de France et qui bénéficie de l’appui technique d’Umanum.

Jessie Lisa A.R TATAILLE


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