Quinze jours d’activisme : Plaidoyer pour le droit à l’avortement en Haïti

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Dans le cadre de la Journée mondiale du droit à l’avortement, commémoré le 28 septembre, plusieurs organisations féministes haïtiennes, dont MARIJÀN, PROFAMIL, NÉGÈS MAWON, Gran Jipon, RÈG, et Dantò, ont uni leurs forces pour mener une quinzaine d’activités engagées, se déroulant du 14 au 30 septembre 2023. Sous le thème “L’AVORTEMENT LÉGAL, ACCESSIBLE À TOUTES LES FEMMES,” ces initiatives ont cherché à sensibiliser et mobiliser autour des droits reproductifs, de la liberté de choix et de l’égalité des sexes.

En créole haïtien, l’avortement est désigné par le terme « jete pitit ». Cette expression reflète profondément l’imaginaire collectif haïtien qui assimile l’avortement à un acte semblable à un meurtre cruel. Cela s’accompagne de la perception de mettre fin à la vie d’un bébé innocent qui n’a pas choisi de venir au monde. Cette connotation négative a conduit à la stigmatisation de l’avortement, le plaçant hors des normes acceptées. En Haïti, l’avortement est non seulement discrédité socialement mais également interdit et sévèrement pénalisé par l’article 262 du code pénal haïtien, datant de 1835. Il est crucial de noter que cette loi haïtienne est largement inspirée d’une législation du code pénal français, abrogée en France depuis 1975 par la loi Simone Veil, soulignant ainsi la nécessité d’une révision législative pour refléter l’évolution des droits reproductifs et des normes internationales.

Le point culminant de cette quinzaine fut la marche du jeudi 28 septembre à Port-au-Prince, où des militantes ont appelé l’État haïtien à mettre fin à la criminalisation de l’avortement, soulignant les risques que les femmes encourent dans un contexte politique instable où les viols collectifs sont malheureusement monnaie courante. Les femmes haïtiennes font face à des réalités brutales, exposées à des violences sexuelles délibérées qui exacerbent les grossesses non désirées. Ces viols collectifs sont utilisés comme une arme de guerre, créant des situations où les femmes se retrouvent confrontées à des choix déchirants. Incapables d’accéder à des services d’avortement légaux et sécurisés, nombreuses sont celles qui se tournent vers des avortements clandestins. Cette pratique non réglementée met gravement en danger la santé des femmes, entraînant des décès tragiques et des problèmes de santé persistants. Ainsi, la mobilisation en faveur du droit à l’avortement en Haïti revêt une importance cruciale, non seulement pour la liberté de choix des femmes mais aussi pour leur sécurité et leur bien-être dans un environnement où les violences sexuelles sont malheureusement endémiques.

NÈGÈS MAWON a joué un rôle crucial en organisant deux journées d’ateliers à la bibliothèque PYE POUDRE les 14 et 15 septembre. Ces sessions ont réuni diverses organisations féministes et LGBTQ+ pour partager des approches, renforçant ainsi une plateforme militante en faveur de la dépénalisation de l’avortement en Haïti.

Une projection du film “Annie Colère” à l’Institut Français en Haïti le 26 septembre, suivie d’une discussion animée par l’infirmière Priska Claude CADET, a mis en lumière le thème du droit à l’avortement.

DANTÒ a également contribué avec une série d’ankadre exprimant leur position sur l’avortement, disponible sur leur pages Facebook et Twitter . De plus, une exposition artistique, “Sitotèk,” chez Gran Jipon le 23 septembre, a abordé l’avortement clandestin, soulignant l’importance de sensibiliser à la nécessité d’un avortement libre et accessible.

La mobilisation s’est étendue aux réseaux sociaux avec des “Space Twitter” et des lives Facebook, favorisant des discussions engagées sur l’avortement légal et accessible pour toutes les femmes.

En parallèle, une pièce de théâtre de DANTA le 16 septembre a permis d’approfondir les discussions autour du droit à l’avortement, avec un débat et une séance de formation dirigée par une professionnelle de la santé.

Cette quinzaine d’activités a créé une plateforme dynamique pour discuter du droit à l’avortement, de la justice reproductive, et des défis auxquels les femmes font face dans un contexte patriarcal et conservateur. Elle s’inscrit dans un mouvement plus vaste pour permettre aux femmes haïtiennes de décider de leur propre vie et de garantir leur autonomie corporelle.

La lutte pour le droit à l’avortement en Haïti est portée par des voix fortes et déterminées qui continueront à œuvrer pour un changement législatif crucial et l’abrogation de l’article 262 du code pénal haïtien.

Thara Layna Maruchecka Saint-Hilaire


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