Alors qu’Haïti fait face à une crise sans précédent, c’est le silence total face aux questions climatiques. En effet, alors qu’un rapport de l’ONU datant du début d’année 2023, faisait état du fait que 70% des personnes les plus pauvres, donc les plus vulnérables aux oppressions et aux changements climatiques étaient des femmes, nous en avons récemment eu la preuve lors du déplacement en masse des habitants de carrefour feuilles, dont plusieurs ont trouvé refuge sur des places publiques et chez des proches.
Si le travail des quelques journalistes qui ont couvert le périple des déplacés et leur combat pour la survie sous la pluie qui s’est abattue sur eux quelques jours plus tard, force est de constater que la plupart des victimes qui ont témoigné étaient des femmes, avec pour quelques unes, des enfants à charge.
Rien que ces 13 dernières années, ce sont deux tremblements de terre majeurs, un cyclone dévastateur, plusieurs inondations et intempéries en tout genre qui ont frappé le pays. À chaque fois le bilan a été lourd et clairement les principales victimes sont encore une fois les femmes et les enfants, des habitants de quartiers particulièrement à risque. Malgré la présence du pays lors de la dernière conférence sur le climat en présence d’autres gouvernements comme celui de la France, des USA et du Canada, la question climatique reste absente du débat public alors qu’elle devrait se poser en parallèle au combat féministe et social.
Le sujet est d’autant plus important d’après l’urbaniste James Donald qui estime que ces 3 dernières années à cause de la terreur des gangs qui bloquent des tronçons de routes entières comme c’est le cas à Martissant, nous avons intensifié notre rapport à l’avion, provoquant ainsi une augmentation de l’émission des gaz à effet de serre qui joue dans le dérèglement climatique.
D’après James Donald, même notre nouvelle façon d’aborder les espaces et de les habiter influence le dérèglement climatique et plonge Haïti dans une fragilité écologique encore plus profonde. En effet, d’après lui, alors que des centaines de citoyens sont chassés de quartiers qui étaient déjà réputés pour leurs constructions archaïques et dangereuses, aujourd’hui nous provoquons de nouvelles bulles immobilières en n’agissant pas sur l’insécurité, ce qui a pour conséquence l’entassement de plus en plus de personnes dans des espaces de plus en plus petits.
Quand une population augmente dans un quartier, c’est une demande en eau qui augmente et en parallèle la production de plus de déchets, dans un pays où l’accès à l’eau potable relève du parcours du combattant et où le traitement des déchets est une chose qui ne se fait presque plus.
Haiti a été pionière dans la lutte contre le racisme, l’esclavage et l’imperialisme, il est temps qu’elle soit pionierre des luttes feministes et écologiques car dans l’essence m même de sa culture qui est le vaudou d’après Donald, elle a tout ce qu’elle faut pour developper un mode de vie qui respecte tous les humains de manière égale et qui protège la nature.
Melissa Béralus