Si user de son talent serait une arme pour dénoncer certaines dérives dans la société, il n’y a pas de doute que la chanteuse Fatima Altieri s’en serve à merveille. Celle qui, depuis quelques temps, exprime son engagement pour le respect des droits des femmes et leur autonomie à travers ses tubes ainsi que sur les réseaux sociaux, vient d’ajouter à sa discographie un autre titre pour dire non aux violences domestiques.
*Un message vibrant et fort*
« Pou te » s’ouvre sur une scène de séparation. Fatima, malettes à ses pieds, se tient sous la chambranle de la porte et semble déterminée à quitter son compagnon. Celui-ci, apparemment surpris mais tout aussi remonté, l’interpelle et lui demande ce qu’elle compte faire comme si la femme, de son plein gré, n’a nullement le droit de partir ou tout simplement de quitter la relation. Incroyable! Pourtant, cette réaction n’a rien de fictive.
Au quotidien, des compagnons pensent que leurs compagnes leur sont acquises et ont recours, très souvent, à la violence pour les faire plier, car si la femme décide de quitter la relation, c’est d’après eux blesser leur égo et leur virilité. Toxique et parfois violent, ce type de comportements intègre le schéma de ce qu’on appelle dans notre lexique féministe: la masculinité toxique.
Un concept, si l’on tient à donner une certaine définition, renvoie à « un modèle spécifique de la virilité, orienté vers la domination et le contrôle. C’est une virilité qui perçoit les femmes et les personnes LGBT comme inférieures, qui conçoit le sexe comme un acte non pas d’affection, mais de domination, et qui valorise la violence comme seule façon de s’imposer dans le monde », pour reprendre la blogueuse féministe Amanda Marcotte qui a popularisé le concept en 2010.
*Prôner le respect, la solidarité et la reconnaissance*
Pour en revenir au morceau « Pou te », Fatima explore aussi d’autres réalités. Il est courant qu’après une rupture, le partenaire revienne, le coeur lourd de remords , demander pardon et insister pour recommencer la relation. Ces situations arrivent si fréquemment que l’on peut compter plusieurs cas de féminicides qui ont eu lieu, suite à des relations qui se sont reprises après une rupture tumultueuse. S’il est vrai, comme dit l’adage, que « l’amour est aveugle », il est tout aussi vrai que les femmes victimes de violences domestiques et qui ne s’en détachent pas, finissent par décéder des mains de leur bourreau ou de se suicider dans le pire des cas.
C’est tout simplement un fléau. À cet effet, Fatima chante:
« Se pa lè m ale a pou w wè
Ke m te vo plis ke sa
Se pa lè m ale a pou w wè
Sa w te gen nan men w lan
Ou wè w te dwe ban m plis ke sa »
Fatima Altieri prône également le respect, la solidarité et la reconnaissance dans un couple. Un ou une partenaire qui vous rend, sans demi- mesure, votre temps, votre énergie et votre amour. Quelqu’un qui se retrouve sur la même longueur d’onde que vous. Dans le clip « Pou te », l’on vous montre effectivement une Fatima épanouie et heureuse avec quelqu’un d’autre, comme si elle avait finalement trouvé la bonne personne. Lorsque son ancien compagnon l’appelle au téléphone pour lui demander de revenir, elle chante:
« Fwa sa, m fè yon detou
M pral chache lanmou tou
M pa t janm jwenn an retou
Menm si l pa ou, l ap vini yon jou »
Fatima étudie actuellement le nursing à Azure college, une université basée à Fort Lauderdale en Floride. Celle qui croit fortement en l’autonomie des femmes avait posté le 7 Avril dernier cette légende pour annoncer au grand public son projet d’études:
« Mwen konnen m ka fèl parèt fasil men an reyalite, pa gen anyen ki fasil e pa gen ankenn rezilta san sakrifis ak soufrans. Si wap Li mesaj sa, pa abandoned tèt ou ak rèv ou yo, paske lè tout Bagay fini, se sèl yo kap rete ».
D’une durée de 3 minutes et 25 secondes, le morceau « Pou te sorti » publié le 22 Février 2022, cartonne sur YouTube et atteint en l’espace d’un mois 633 milles vues. Le titre est également disponible sur SoundCloud et Spotify.
Jessie Lisa A.R Tataille
