Michel-Ange Joseph : Une Haïtienne au cœur des politiques migratoires au Chili

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Dans le cadre de ses séries de portraits de femmes, Mus’Elles s’est entretenu avec Michel-Ange Joseph. Femme activiste pour la cause migratoire, elle nous raconte son parcours, et sa foi en cette cause si noble.

« Mon engagement est né d’une douleur partagée, d’un regard, d’un récit. »
Michel-Ange Joseph, travailleuse sociale haïtienne, féministe afropolitaine et spécialiste en médiation interculturelle, est aujourd’hui une voix incontournable des luttes migrantes au Chili. Élevée entre Gonaïves et Gros-Morne, elle puise dans son héritage une force tranquille, portée par l’exemple de sa grand-mère et de sa mère. « Elles m’ont appris la dignité silencieuse, la résistance par l’éducation, la parole juste. »

Son parcours académique la mène du Chili à Genève, en passant par la Colombie et l’Équateur. Elle se forme en travail social, neurosciences, droits humains et coordination humanitaire. Mais c’est sur le terrain que sa vision prend corps. « Un jour, une mère vénézuélienne m’a raconté comment elle avait traversé cinq pays à pied avec son bébé. J’ai pleuré. Puis j’ai compris qu’il fallait plus que de l’indignation : il fallait agir. »

Elle devient professeure de créole, lance des brigades juridiques mobiles, cofonde Voix Sans Frontières et travaille avec ONU Femmes, le HCR, l’UNICEF et le GARR. Elle imagine des projets d’impact : un théâtre communautaire à Santiago, un protocole d’accueil scolaire en Équateur, des cliniques mobiles de soutien psychosocial.

En 2025, elle est élue au Conseil de la société civile du Service National des Migrations du Chili (COSOC), où elle défend une approche inclusive, participative et radicalement humaine. « Je veux être une sentinelle pour celles et ceux qu’on ne voit pas. Je veux que nos douleurs deviennent des politiques publiques. »

Parmi ses priorités au COSOC : la reconnaissance du créole dans les institutions, la création d’un fonds pour les entrepreneures haïtiennes, et des quotas pour les femmes migrantes dans les espaces de décision. « Trop souvent, nous sommes la cible des politiques migratoires, rarement les actrices. Ça doit changer. »

À la jeunesse haïtienne, elle lance un appel sans détour :
« N’attendez pas qu’on vous tende le micro. Prenez-le. Parlez fort. Faites du bruit. Notre avenir n’a pas besoin de permission. Il a besoin de courage.

Darline Honoré


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