Dj Kémissa, de son vrai nom, Kémissa Trécile, est celle qui fait vibrer les sens et les tympans au rythme de ses mixages de son. La figure habituelle aux soirées ambiancées dans les bars et les salles de spectacles à Port-au-Prince, engage une carrière qu’embrassent peu de femmes. Si la DJ développe une rare complicité avec les beats, sa dextérité se met au pas d’une carrière à succès et de ses initiatives.
Les débuts de Kémissa en tant que DJ
Chez l’icône féminine du DJing en Haïti, la musique est une passion longtemps caressée. Cette adulation n’a pas laissé à la jeune femme de se contenter de ses cours de piano, quand elle était petite. Elle se souvient d’avoir consacré de longues heures à écouter de la musique, mais ce n’est pas tout. Elle imaginait les enchaînements harmonieux afin d’en tirer les meilleures rythmiques. Son passe-temps favori consistait à collecter des tubes, pour les mixer avec passion. DJ Kémissa n’osa pas partager ces sessions avec qui que ce soit, par peur de critiques peu bienveillantes. Mais, une fois, alors qu’elle commençait par aller dans des journées récréatives, elle partagea un de ses « mixtapes », devant un public attentionné. L’accueil reçu va susciter un premier déclic et de l’admiration. Tout compte fait, c’est une carrière de DJ qui l’attend. Ce, au grand dam de ses amies qui lui connaissent d’autres aptitudes et plusieurs centres d’intérêts que les platines dont le basketball et le Droit. Plus tard, elle fut invitée à performer à une soirée, elle a pris goût à l’aventure : « J’ai su que je voulais renouveler l’expérience. Même si mises à part mes aptitudes de mixage, je ne connaissais pas grand-chose du monde de l’entrainement », se remémore-t-elle.
DJ Kémissa son talent et ses initiatives
DJ Kémissa est bourrée d’initiatives ; elle ne manque pas de cordes à son arc non plus. Après des études en sciences juridiques, elle s’est spécialisée dans le domaine du droit commercial international. Elle a pu aussi lancer une plateforme de promotion des droits des femmes qu’elle utilise pour commercialiser sa marque et faire aussi du branding social comme avec la campagne: « Attention je connais mes doigts » qui promeut les droits socio-politiques des femmes et propose notamment des conférences gratuitement sur des sujets y relatifs . Elle a également lancé « Au top Kemissa », nom de la couverture légale de son entreprise, qui s’occupe du divertissement dans le monde musical. Depuis 2017, elle propose « Top Friday », une série de soirées dont la philosophie est de se donner au maximum pour l’atteinte du succès.
Les difficultés et les joies de la carrière de DJ Kémissa
Plusieurs difficultés se sont mises à travers son chemin parce que, son entourage et aussi le public ne l’avaient pas encore totalement acceptée : « J’ai dû travailler pour me tailler ma place dans ce monde majoritairement dominé par des hommes. Et c’est comme ça le côté entrepreneur s’est développé », confie-t-elle. Au commencement, il y a eu plus de difficultés que d’opportunités. Il a fallu du temps pour que le public accepte et comprenne ce qu’elle propose dans le monde de l’Entertainment. Toutefois, autant qu’elle reconnait ne pas être la seule à accomplir de tels exploits, autant elle est satisfaite de pouvoir se tailler une place parmi « les meilleurs Disc-Jockey tous genres confondus en Haïti ».
Confiante envers l’avenir, elle initie beaucoup de collaborations directes avec des femmes dans le domaine artistique. « Accepter de participer avec moi sur la plateforme W.E.M (Women Empowerment Movement) témoigne déjà de la volonté à collaborer. Et certaines des artistes invitées ont déjà posé leur voix sur les musiques que j’ai annoncées». Lancée officiellement le 23 mai 2020, WEM œuvre à la promotion et la visibilité des femmes dans l’industrie créative. Car, selon les dires de DJ Kémissa, trop souvent les femmes artistes encourent des difficultés à s’imposer sur la scène culturelle. Un EP (l’album de musique), un projet en cours va s’inscrire dans le cadre de ces collaborations. Même si la crise sanitaire a empêché la réalisation de sa grande première, elle propose entre temps au public une série de capsules vidéos diffusées en direct avec la collaboration d’autres femmes. Elle compte tout aussi bien continuer, malgré les hauts et les bas : « Entamer une vie de star c’est la partie superficielle mais persévérer et réussir une carrière d’artiste c’est ça le plus difficile, là où le défi est lancé », conclut Dj Kémissa.
Jeanne-Elsa Chéry