Un prix attribué à Darline Gilles à Montréal pour son film Houminvi

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Au terme du 38e Festival international de cinéma Vues d’Afrique déroulée en mars dernier, le jury a  dévoilé, 11 avril dernier sur leur site, le palmarès complet. Et Darline « Manzè Da » Gilles a obtenu le Prix Agir pour l’Egalité avec le film Houminvi dont elle signe le scénario et sa coéquipière, Giovannia Atodjinou-Zinsou, la réalisation.  

À travers le court métrage Houminvi brossant le portrait d’une jeune femme qui désire se rendre en Europe, en quête d’une vie plus décente outre l’avis de sa mère. Darline Gilles ainsi que sa collègue béninoise Giovannia Atodjinou-Zinsou pointent du doigt la problématique de la migration et les conséquences –identitaires et/ou infrahumaines – qui en découlent.

Si les haïtiennes et les haïtiens encourent, et ce depuis des décennies, les risques de la migration, les œuvres artistiques qui en sont inspirées ne manquent pas. Pour rendre les faits réels ou pour retracer les péripéties de toutes ces âmes en quête d’un mieux-être, les adeptes du septième art continuent de puiser dans le phénomène migratoire les ingrédients de leur film. C’est dans ce contexte que Darline Gilles a eu l’idée d’écrire l’histoire de Houminvi, où elle en profite pour parler des différentes formes d’injustices sociales et d’inégalités que subissent les migrants.

Houminvi, fille des mers 

Houminvi, selon ce qui est mentionné dans le synopsis publié sur le compte Instagram du film, est une enfant abikou (enfant habitée par des esprits) qui a décidé d’aller en Europe pour réaliser son rêve. Elle sera confrontée à de sombres obstacles en chemin. Mais sauvée par l’océan, elle sera mystérieusement ramenée chez elle. Réalisée par Giovannia Atodjinou-Zinsou, le court-métrage dure 25 minutes.

« Si je dévoile tout, il n’y aura plus d’intérêt à regarder le film. Je ne peux pas en dire plus, désolée », répond de façon ironique Darline quand on a lui a demandé à quel genre d’obstacles le projet a eu à faire face.

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Après avoir raflé  le Prix Agir pour l’égalité, délivré par le Centre d’Étude et de Coopération Internationale (CECI) au terme de la  38e édition de ce festival,  elle dit être très heureuse et très reconnaissante que les personnes organisatrices, le jury aient apprécié ce travail. Ça représente beaucoup pour elle et cette récompense la booste déjà pour ses autres projets.

Darline Gilles, une artiste aux multiples talents

Connue aussi sous le sobriquet de Manzè Da, Darline est journaliste, comédienne et auteure. En collaboration avec DO-KRE-I-S, revue annuelle qui fait la promotion des cultures créoles et de la mondialité, elle a créé en 2011 le journal féministe Plublicad’Elles, destiné à favoriser et à promouvoir les productions littéraires et artistiques des femmes. Malheureusement, les publications ont cessé depuis maintenant deux ans.

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« Les pauses font partie de la vie…(rire) et surtout, parce que ces deux dernières années (2020, 2021) ont été très difficile pour moi. Difficile à grand D. Donc j’ai dû mettre certains projets dans le tiroir et accorder la priorité à d’autres plus personnels », explique-t-elle.

Elle explore divers genres littéraires en particulier le récit, la poésie et l’écriture théâtrale. Elle a publié « Zuwena, au nom de mes ancêtres », projet  achevé en 2014 lors d’une résidence d’écriture au Togo ainsi que Gouyad Senpyè, basée sur les aveux d’anciennes détenues. Cette pièce de théâtre a  été jouée dans plusieurs villes du pays. En 2018, elle est désignée première lauréate d’une résidence d’écriture dédiée aux auteur.es francophones des Afriques et d’Haïti. Récemment, elle a écrit, mis en scène et interprété « Danser jusqu’à saigner le ciel » sur scène dans un court métrage réalisé par la belge Eléonore Coyette.

Cette année, elle a joué et mis en scène « Le journal d’une garce », sa dernière œuvre en date. Actuellement et ce depuis 2018, elle écrit un roman qui traite des thématiques de l’identité, de la négritude et de l’esclavage. Pour elle, l’écriture de ce roman est toujours d’actualité.

« J’avance avec le roman. Très lentement, je l’admets mais j’avance. Ce rythme me convient. J’ai conscience que l’écriture d’un roman est un projet assez ambitieux. Donc, je ne me presse pas. Je prends mon temps. »

Dans une précédente entrevue accordée à Mus’Elles, Darline avait parlé de son désir de créer un centre de documentation féministe pouvant mobiliser beaucoup de ressources tant humaines que matérielles. Un projet ayant la même philosophie que Publicad’Elles. Questionné sur le sujet, elle avoue qu’elle n’a pas encore réussi à le concrétiser en dépit de toutes les bonnes volontés qui l’animent.

Si aucune date n’a encore été fixée pour une diffusion en Haïti, elle espère et surveille les appels à films des festivals pour le proposer car elle aimerait bien partager sa réalisation avec ses compatriotes haïtiens.

Diane Bissereth

L’affiche du film Houminvi

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