les violences obstétricales en Haïti au coeur d’ un projet de recherche mené par Thara Lajoie

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En résidence au Centre PEN Haïti du 8 Avril au 8 Mai 2022, la journaliste Thara Lajoie articule son projet autour des violences obstétricales qui touche quasiment la majorité des femmes gestantes et qui, à défaut d’être méconnue, est banalisée par plus d’un tiers.

En Haïti, en plus d’un système clinique défectueux, les personnel.les de santé, soit par manque de formation et d’expériences, ou faute d’infrastructures sanitaires, peinent à répondre adéquatement aux besoins des malades. Dans certains cas, leur comportement que plus d’un qualifieraient parfois d’irresponsable entrainerait des conséquences lourdes sur la santé des patient.es, ce qui laissent après de graves traumatismes psychologiques.

Il est, en effet, courant d’entendre dans notre entourage,  quelqu’un avouer avoir peur des hôpitaux. Quelques fois, cette crainte découle d’une expérience précédente regrettable : une mauvaise injection de piqûre, des propos malencontreux de la part des personnel.les ou une piètre assistance. Et si l’on arrive parfois à pointer du doigt une mauvaise prise en charge médicale, il existe néanmoins une violence clinique qui est quasiment taboue: les violence obstétricales.  On n’en parle presque pas.

Thara Lajoie enquête sur les  violences obstétricales

Les violences obstétricales touchent la majorité des femmes qui ont connu la gestation. Dans certains pays comme le Venezuela, l’Argentine et le Mexique, elles sont considérées comme étant une violation des droits des femmes et sont punies  par la loi. Quoiqu’une définition assez juste ne leur aient encore attribuée, elles peuvent néanmoins se définir comme « l’ensemble des gestes accomplis ou l’exercice de certaines pratiques professionnelles – ou leur omission – durant l’accouchement, sans l’accord et le consentement éclairé des femmes, ce qui entraîne une négation de leur agentivité reproductive ».

Pour Thara Lajoie, journaliste d’investigation et féministe, il est urgent de se pencher sur les violences obstétricales, ici en Haïti. Car, selon ce qu’elle affirme dans son avant-projet, disponible sur la page Facebook du Centre PEN Haïti, « cette forme de violence considérée comme normale se fait dans plusieurs hôpitaux du pays et des femmes victimes ne se rendent même pas compte que de tel acte constitue en soi une violation de leur droit ».

En effet, certaines femmes subissent parfois des interventions  pendant l’accouchement sans avoir consenti au préalable ou sans que les personnel.les cliniques ne les informent, elles ou leurs proches. Parmi ces interventions, il y a l’accouchement par forceps, les épisiotomies (incision du périnée à l’aide d’une paire de ciseaux stériles) ou encore les césariennes. On ne leur laisse pas la liberté de choisir et leur soumet, sans qu’elles n’aient aucune idée de l’intervention, à un travail pénible et brusque. Et dans une perspective plus large, les violences obstétricales s’apparentent aussi à des propos déplacés lancés par les personnel.les à l’encontre des patientes. « Plusieurs jeunes femmes ont des séquelles après avoir vécu un accouchement, mais ne savent malheureusement pas le rôle qu’ont joué les personnels de la santé dans leurs traumatismes. Il serait essentiel que des mères ne soient plus préoccupées par leur accouchement dans le futur », poursuit Thara Lajoie.

Pour réaliser ce projet de recherche, la journaliste affirme qu’elle produira une série d’articles pour que plus de personnes aient une idée de la pratique. Ainsi,  « elles sauront les conséquences que les violences obstétricales peuvent avoir sur la santé sexuelle et reproductrice des femmes victimes.  Les médecins et les infirmiers.ères comprendront aussi beaucoup plus les femmes et respecteront leur droit à la santé », a-t-elle expliqué. Déjà, Thara avoue avoir une liste de personnes concernées afin de les interviewer sur le sujet. « Je compte visiter quelques centres de maternité et, pourquoi pas, assister à quelques accouchements si possible », lâche la militante féministe.

Thara Lajoie en résidence au Centre PEN Haïti

Cette résidence du Centre PEN Haïti rentre dans le cadre du programme Droits de l’Homme et perspectives de femmes bénéficiant du soutien du fonds PISCCA (Projets Innovants des Sociétés Civiles et  Coalitions d’acteurs) de l’Ambassade de France en Haïti et de l’appui technique de Umanum. En tant que troisième résidente après la poétesse Stéphana Dorval, Thara Lajoie se dit ravie d’entrer en résidence car c’est une bonne initiative. Pendant son séjour, la lauréate  bénéficiera de l’accompagnement du Centre PEN Haïti et d’une allocation de 1000 dollars US pour accoucher son projet.

Thara Lajoie est également étudiante en droit à l’École de Droit et des Sciences Économiques des Gonaïves. Activiste féministe à IDEH (Initiative pour un Développement Équitable en Haïti), elle est également rédactrice en chef du magazine féministe Gran Jipon.

Jessie Lisa A.R Tataille


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