La pièce « Monologue de la chair aimée  suivie de celui du couteau » de Jean D’Amérique : un brûlot contre les féminicides

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En 27 minutes, la performance « Tombeau rouge », l’adaptation de la pièce de théâtre de Jean d’Amérique « Monologue de la chair aimée suivie de celui du couteau », livre un brûlant plaidoyer contre les féminicides. Cette performance diffusée en ligne, a lieu en ligne le vendredi 18 mars 2022.

Des thèmes musicaux presque funéraires tout le long du spectacle. Des couteaux. Autour du cou, des colliers de couteaux. Des paroles fusant comme des métaphores de sang. Du sang simulé. Du silence rempli de mots. La litanie de voix. L’expression des corps sous une lumière parfois tamisée, ne donnant à voir que les silhouettes ou le blanc que portaient les personnages. Et d’autres fois, une lumière plus ou moins en intensité, mais qui n’éclaire que l’espace précis où se trouvent les acteurs. Ou d’autres fois encore, une ombre complète. Comme si tout cela se jouait en pleine nuit. De menus objets qui seraient des fleurs jonchant le plateau. Bref, un decor qui exprime bien la thématique abordée par « Tombeau rouge ».

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Coproduite par Février Gertrude-Hugh et Institut français en Haïti, réalisée sous la direction du même très talentueux Février Gertrude-Hugh avec comme assistant Kav-Alye Pierre, cette adaptation théâtrale de l’un des puissants textes de l’ écrivain Jean D’Amérique livrée en ligne a mis en vedette Vanessa Jeudi, Sabine Michel et Kav-Alye Pierre, un trio d’actrices et d’acteurs remarquables, qui ont donné, certains l’ont dit en commentaire, de la chair de poule aux internautes qui suivaient la performance.

 « Tombeau rouge » est tirée de « Monologue de la chair aimée suivie de celui du couteau »,  écrit en hommage à Régina Nicolas, jeune femme passionnée de culture et photographe. Mais qui fait mieux encore de rendre compte du drame.

C’est une pièce d’une beauté admirable, qui n’a d’égale que la force de son engagement contre les violences faites aux femmes et d’une rage à la mesure de la barbarie qu’elle dénonce : une jeune femme de 26 ans tuée par son petit ami dans une rue de Port-au-Prince.

Avec la poésie pleine de rayons bienveillants qu’on lui connaît, Jean d’Amérique, personnifiant un couteau, raconte le parcours de cette violence d’un homme vis-à-vis d’une femme et qui s’est soldée sur la mort de celle-ci. C’est une pièce qui va à main dure sur la société aussi, qui ne fait pas assez pour contrer cette situation insupportable.

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Les femmes sont aux prises avec toutes les formes de violence en Haïti. Et parfois, ça va jusqu’à la mort. Toujours, on évoque une femme tuée. Pas plus tard que la semaine écoulée, une femme est tuée par son mari à Saint Marc. Avec un tel état de fait, le combat pour contrer ce type d’actes est essentiel. Le combat contre toutes les violences basées sur le genre est nécessaire.

Des hommes et des femmes l’ont compris. Ils où elles ont embrassé cette cause comme ils/elles peuvent. La société, dans son ensemble, doit le comprendre aussi: qu’il faut y mettre la main. S’engager. Et cette pièce de Jean d’Amérique et cette performance autour de celle-ci sont quelques maillons dans la chaîne de cette lutte contre les féminicides cheval de bataille de nombreuses organisations de la société civile. 

Plusieurs professionnelles et professionnels de la scène ont contribué à la réalisation de ce spectacle : les costumes reviennent donc à Fadia Gelin, Formule Charlyse et Rezile Samanta, tandis que la logistique et les accessoires étaient assurés par Youseline Vital et Neïlande Étienne. Le photographe Joe Gaspard immortalisait chaque moment du plateau.

Adlyne Bonhomme


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