Qui est Marie-Thérèse Colimon Hall : cette femme aux mille combats ?

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Si vous ne la connaissez, pas il n’y a rien d’étonnant à cela car elle ne fait pas partie des sujets d’études du Ministère de l’éducation haïtien alors que c’est à elle que nous devons l’implantation dans le pays du système périscolaire plus connu sous le nom des jardins d’enfants.

Revenons au début de l’histoire. Marie Thérèse nait à Port au Prince ; Haïti en 1918. Issue d’une famille bourgeoise, elle développe très jeune une passion pour la lecture et l’écriture. Cette dernière devient pour elle une source de joie incommensurable. Elle s’y jettera alors corps et âme.
Elle commence par le théâtre – genre rare chez les femmes de son époque – et publie La Fille de l’esclave et Le Chant du musicien en 1949. Ces pièces, portées par un souffle humaniste, interrogent déjà les questions de classe, de liberté et de mémoire historique.

Mais c’est en 1974, avec “Fils de misère”, que Colimon Hall inscrit son nom dans l’histoire de la littérature haïtienne. Le roman, poignant et socialement engagé, explore les ravages de la pauvreté et de l’injustice. Il reçoit le Prix Littéraire France-Haïti, consacrant son talent à une époque où peu de femmes étaient reconnues sur la scène littéraire.

Marie Thérèse Colimon Hall, c’est aussi un engagement féministe incroyable mais pas assez loué. Elle cofonde la ligue féminine d’action sociale et la préside pendant 10 ans. Elle milite avec les autres membres de la ligue pendant de nombreuses années. Grace à leur action, les Haïtiennes accéderont au droit de vote en 1950. En parallèle elle impulsera le mouvement pour diverses grandes avancées quant à l’accès à l’éducation pour toutes les femmes du pays.

Pionnière de l’éducation maternel dans le pays Marie-Thérèse Colimon Hall a démontré que faciliter l’accès à la connaissance et à la culture revient à conférer du pouvoir aux jeunes femmes. Elle rédige pour cela des ouvrages pédagogiques, dont Mon premier livre de morale et d’hygiène (1956), véritable best-seller éducatif à l’époque, et La Pédagogie des Établissements Préscolaires (1988), manuel de référence pour les futures enseignantes.

C’est En 1966 qu’elle ouvre le Centre de Formation en Éducation Préscolaire avec Lucienne Rameau Leroy posant ainsi les fondations d’une éducation pour tous. Le Centre de formation en Éducation Préscolaire se fait un vecteur d’émancipation, indéniable ! Ces élèves, en plus d’acquérir une indépendance financière, transmettent les savoirs, savoir-être et savoir-faire de base, nécessaires au développement psychomoteur et cérébral des écoliers. Sa conférence de 1950, L’émancipation de la jeune fille : êtes-vous pour ou contre ? reste un texte de combat, d’une modernité étonnante. Elle y défend l’accès des filles à une éducation complète, au même titre que les garçons, et invite les femmes à prendre part activement à la vie publique.

Son travail et son impact sont d’autant plus importants aujourd’hui quand on sait que les filles sont sous-représentées:le pourcentage le plus susceptible de ne pas arriver jusqu’au baccalauréat ni jusqu’au diplôme une fois en étude supérieure d’après les chiffres de ONU femmes.
Décédée en 1997, Marie-Thérèse Colimon Hall laisse un legs incroyable et multiple, à la croisée des genres, des générations et des engagements. Si certains de ses écrits sont aujourd’hui méconnus ou introuvables, sa pensée continue de traverser les luttes féministes contemporaines.

Il est maintenant de notre devoir de réhabiliter sa pensée, son travail et d’entretenir sa mémoire en la vulgarisant et en lui rendant ces honneurs.

Melissa Béralus


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