Fonds pour la Photographie Emergente en Haiti: Narline Novembre, primée pour son documentaire « Voye je gade n’ »

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Porté par la photographe Narline Novembre, sa série de photos intitulée « Voye je  gade n’ » figure parmi les mentions spéciales pour l’appel à projets lancé par le « Fonds pour la Photographie Emergente en Haïti » de la Fokal.

Son travail est tiré d’une insoutenable réalité sécuritaire, celle des affrontements entre gangs rivaux qui perdurent depuis des lustres à Martissant, celles des mitraillettes qui chantent à toute heure du jour ou de la nuit.  Narline Novembre a trouvé, là, un prétexte pour en faire un projet de reportage intitulé « Voye je gade n’ » où elle donne la parole aux enfants de cinq à dix ans, témoins et victimes d’actes de violences.  

Depuis l’an dernier et même bien avant, Martissant qui, autrefois, attirait des visiteurs.euses étrangers.ères à l’Habitation Leclerc où l’on se délectait d’anecdotes historiques sur la grande danseuse et anthropologue Katherine Dunham, est devenue une zone rouge, un lieu de conflits armés pour le contrôle de territoires. Des familles fuient leurs domiciles pour ne plus y revenir, d’autres sont morts victimes de balles perdues, des enfants deviennent orphelin.es et témoins de toute cette violence extrême, gardant, traumatisés, de nombreuses séquelles psychologiques. 

« Voye je gade n », pour dire, « Regardez-nous ! » ou « Retournez-vous vers nous! », tend à reconstituer les faits pour qu’à jamais on puisse s’en souvenir. Selon la photographe Narline Novembre, dans toutes les guerres et manifestations violentes, les femmes et les enfants sont les premières victimes et l’accent mis particulièrement sur les enfants dans son travail vise à interpeller les instances concernées, à demander aux institutions qui garantissent le respect des droits des enfants de prendre leurs responsabilités.

Son projet tisse des récits de vie, raconte les vécus des enfants de bas âges,  victimes de nombreuses formes de violence, si l’on tient compte des images avec des objets et des accessoires pouvant symboliser et interpréter les témoignages recueillis lors des activités manuelles en atelier comme le bricolage, le dessin, les jeux récréatifs.

Narline Novembre confie que l’appel à projets du Fonds pour la Photographie Emergente en Haiti a été l’occasion pour elle de traiter une problématique qui, au fil des évènements, a éveillé son grand intérêt : les violences faites sur les enfants. « Quand j’ai vue l’annonce du Fonds, je me suis dite qu’en tant que photographe, c’est une occasion pour moi de développer et de mettre en œuvre ce projet pouvant apporter une contribution dans la lutte contre les violences faites aux enfants. »

Narline Novembre s’est dite honorée et reconnaissante de figurer parmi les bénéficiaires. Comme récompense, elle recevra une bourse de production dont elle n’a pas voulu dévoiler le montant et bénéficiera également de l’accompagnement du photographe Henry Roy pour la réalisation de son projet. En outre, elle confie qu’être mention spéciale lui permettra « d’approfondir les recherches et de développer encore plus la vision artistique du projet ».

Le Fonds pour la Photographie Emergente en Haïti a été lancé par la FOKAL. Cette année, elle prenait en compte des propositions originales, fondées sur des valeurs de droits humains.

Narline Novembre évolue depuis cinq ans en tant que photographe-vidéaste. Responsable logistique du Festival Nouvelles Vues et du département d’éducation de Sine Nouvèl, elle participé sur plusieurs projets cinématographiques à titre de photographe sur le plateau de « Twa fèy » d’Éléonore Coyette et de Séphora Monteau.

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Elle a également joué le rôle de coordinatrice du  film « Je suis un Haïtien » du cinéaste Joseph Hillel, responsable du making-off « Kenbe Alada ». Parallèlement à ses activités artistiques, elle travaille sur son mémoire pour l’obtention du grade de licence à la faculté des sciences humaines (FASCH) de l’Université d’État d’Haïti (UEH).

Jessie Lisa A.R TATAILLE


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