«Twa fèy »,   d’Éléonore Coyette et de Séphora Monteau est en lice à la  compétition officielle du Festival Films Femmes Afrique

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Violences conjugales, inceste, pédocriminalité, milieu carcéral: ce sont les principaux thèmes qu’explore le court-métrage «Twa fèy ». Réalisé par la belge Éléonore Coyette et l’haïtienne Séphora Monteau, il est est en compétition au Festival Films Femmes Afrique.

D’une durée de vingt sept minutes, ce film qui ficelle l’odysée de trois femmes à travers leurs aléas quotidiens, empreints d’une extrême brutalité, est projeté actuellement en Martinique au Festival Ciné Martinique et partira, à Dakar à la fin du mois, pour le Festival Films Femmes Afrique.
Twa fèy” est un court-métrage de la réalisatrice belge Éléonore Coyette et de la jeune Séphora Monteau, photographe, réalisatrice, opératrice culturelle et vice- présidente de SineNouvèl, une association de jeunes femmes cinéastes.

Apres avoir collaboré ensemble sur d’autres projets de ce même registre, notamment sur 407 Jou, un documentaire sur le marionnetiste Paul Junior Casimir affectueusement appelé Lintho, les deux réalisatrices se sont retrouvées dans la trame de l’écriture de Twa fèy, car pour Éléonore, n’étant pas elle-même haïtienne, il fallait que la narration garde une certaine justesse, que le code verbal soit haïtien pour être assez vraisemblable.
En effet, “Twa fèy” a été tourné en Haïti principalement à Pacot, Debussy et Carrefour-feuilles, entre Mars et Septembre 2020.
“Ce scénario tisse une toile entre plusieurs témoignages réels de femmes recueillis au Bureau des Droits Humains en Haïti et auprès de diverses organisations féministes en 2020”, lit-on dans la note de presse parvenue à la rédaction de Mus’Elles.

Des marionettes campées comme figurines


“Twa fèy”, c’est aussi l’expression du féminisme comme étant une sororité. Comment des voix, pourtant de générations différentes, peuvent se joindre et porter le même écho? Comment les traumatismes, les blessures et les fêlures se dessinent- elles comme des ombres ou encore des fantômes qui ne nous quittent plus? Ou des boîtes à musique comme dans ce court-métrage que certaines perçoivent et d’autres, non?
À travers Esther, une petite fille de six ans, abusée par son père, sa mère qui garde elle aussi une boîte à musique se référant à ses propres démons ou traumas et Farah, ce film de marionnettes porte réellement sur les violences faites sur le genre et embrasse ce besoin de nous retrouver, de nous faire entendre et de marcher en quête d’un nouveau souffle. Pour Séphora, aborder autant de thématiques en un seul court-métrage, c’est traduire cette nécessité ou encore cette urgence de parler de ces maux qui nous gangrènent. “C’est parce qu’on étouffe par tant de violences”, lâche-t-elle.
Sur le choix des marionnettes, ces figurines qu’on manipule à l’aide de ficelles, pour représenter les personnages, on peut lire dans le dossier de presse que ce médium “singulier et poétique, nous semblait proposer une mise en abyme intéressante pour aborder cette thématique tristement universelle de la violence faites aux femmes”.
Les marionnettes ont été créées par Paul Junior Casimir dit Lintho et Pauline Lecarpentier. Les costumes par Guillaume Kimpesse et les décors et les coiffures par Aline Labonté. Et pour donner finalement vie à ces figurines en apparence humaine, les voix de Paula Clermont Péan, Jenny Cadet, Narline Novembre, Edmond Erthon, Staloff Tropfort, Aline & Nathalie Labonté et Me Lahomy Aubourg, ont été empruntées. La plupart d’entre iels sont des comédien.nes très connues du milieu artistique et théâtral ici en Haïti.


“Twa fèy” et les distinctions


Le court-métrage a été sélectionné et ceci, à plusieurs reprises dans de nombreux festivals. Pour Éléonore, c’est toujours une grande joie pour toute l’équipe. Néanmoins, s’il y a un festival dont elle garde un souvenir particulier, c’est le premier auquel le film a été inscrit: la 47ème édition du Festival International du Film de Femmes de Créteil, organisé à Paris. La réalisatrice belge raconte que c’est un très ancien et beau festival et que l’équipe, déjà heureuse d’être sélectionnée, ne s’attendait pas à recevoir un prix.

“Il y avait deux prix réservés aux court-métrages et on les a tous deux reçu”, a-t-elle confié lors d’un entretien accordé à Mus’Elles. Il s’agit des prix UPEC du meilleur court-métrage et Prix INA du meilleur court-métrage francophone.
“Twa fèy” a aussi remporté le Prix du Jury du Meilleur court-métrage au Festival CINEF Kinshasa, le Prix du Meilleur Film de diaspora à l’AMAA ( African Academy Awards Nigeria). Il a également obtenu mention spéciale du meilleur court-métrage au Montréal Black Film Festival au Canada, mention spéciale du meilleur film d’animation et mention spéciale du meilleur film “Droit de la personne” au festival Vues d’Afrique au Canada…

Actuellement, Twa fèy est en lice à la compétition officielle du Festival Films Femmes Afrique au Dakar. Pour Séphora Monteau, faire partie de cette sélection lui donne l’impression que le film est à sa place; un court-métrage qui témoigne des violences faites aux femmes, de sororité et de résilience à un festival de films de femmes, qui met en valeur le travail des femmes justement, comme un cinéma au féminin. Et déjà que Twa Fèy est porté par deux réalisatrices et toute une équipe majoritairement composée de femmes, la jeune réalisatrice explique que c’est à la fois un plaisir d’être en lice parce que nous avons plein de similitudes avec l’Afrique, mais aussi une victoire parce que ” ce que nous voulons, c’est libérer la parole. Et Twa fèy traite de sujets tabous mais qui sont pourtant des thèmes universels. Moi, je suis contente quand le film est montré. C’est encourageant”.

En réaction également à cette sélection à la 5ème édition du Festival Films Afrique, dans une publication sur sa page officielle Facebook datée du 26 Janvier 2021, Éléonore Coyette a partagé la nouvelle, satisfaite du travail et de toutes ces miettes de succès qu’elle récolte de festivals en festivals.
Joies partagées avec toute l’équipe : Paul Jr Casimir, Pauline Lecarpentier, Wendy N’djati Desert, Narline Novembre, Guillaume Kimpesse, Kervens Ricardæo Saintfelix, Paula Pean , Jenny Cadet, Edmond Erthon, Estalove Woklo, Aline & Nathalie Labonté, Me Lahomy Aubourg, Ketlain Difficile, WOM Studio, Nicky Christ, Amazan Patrick, Nicolas Derenne, Guerlinx Laforet, Mitzy-Lynn Hyacinthe & Bureau des Droits Humains en Haïti”.


Jessie Lisa A.R TATAILLE



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