Depuis le début du mois de septembre, Haïti fait face à une nouvelle phase de la crise sociopolitique qui s’amorce depuis 2018. Sans parlement, sans avancée dans l’enquête concernant l’assassinat du president Jovenel Moise et avec une augmentation drastique de l’inflation, le premier ministre Ariel henry s’est tourné vers une solution condamnée par divers secteurs de la vie haitienne: une intervention militaire étrangère pour rétablir l’ordre.
Cette solution a déjà été expérimentée en Haïti et n’a visiblement pas porté de fruits. Au contraire, elle a contribué, comme ce fut le cas en 2010 avec le choléra, à aggraver les inégalités entre la population et à fragiliser les plus démunis.
Si le choléra est l’exemple qui nous vient tout de suite en tête pour parler de l’échec des interventions militaires étrangères en Haïti, force est de reconnaître qu’il existe d’autres illustrations plus néfastes de cet échec dont on entend moins parler.
Dans un article de Ayibopost paru le 25 décembre 2019, on apprenait que le nombre d’enfants abandonnés par les soldats de la MINUSTHA, était plus que significatif, quand il ne s’agit pas purement et simplement de cas de viols, ou pis, de viols collectif comme nous le rappel l’exemple jusqu’à aujourd’hui impuni de Nadège Nicolas. De jeunes hommes, comme ce fut le cas de Jhonny Jean, ont fait les frais d’abus sexuels de la part des agents supposés maintenir l’ordre et la stabilité en Haïti.
En plus des violences sexuelles, Natacha Thélus, étudiante en sociologie et féministe met l’accent sur les rapports sociaux qu’engendrent les situations d’occupation armée comme la première occupation américaine ou encore la présence des soldats onusiens que souhaite le premier ministre.
-Quand ces soldats étrangers débarquent, il faut les loger. Une fois logés, ils changent la configuration de certains quartiers en y opérant une gentrification, qui crée des bidonvilles aux alentours de leurs quartiers, explique Thélus.
Une fois ces bidonvilles créés, on y retrouve des problèmes tels que la difficulté d’un accès à l’eau potable ou à l’électricité. De plus, d’après elle, se sont les habitants de ces bidonvilles qui vont servir de femmes de menages, ou de gardiens lakou aux soldats.
Dans les témoignages de la société d’histoire et de géographies rassemblés dans la revue DEMAMBRE sur l’occupation américaine, nous pouvons lire les exactions dont ont été victimes divers haïtiens composant le personnel de ménage des soldats us.
Refus de payer, Coups et blessures, Injures et viols, sont diverses exactions commises par les soldats, que nous pouvons lire dans la revue.
La sociologue met aussi l’accent sur une forme de tourisme sexuelle qu’engendre l’occupation.
-En plus d’infantiliser et de fragiliser les instances étatiques, elle peut créer de nouvelles formes de prostitutions, car du fait de notre histoire coloniales, la présence des blancs est associée à une meilleure situation économique que les locaux.
Pourtant, prévient Thelus, ces soldats confortablement installés aux pays sont souvent chez eux dans des situations précaires.
Cette prostitution encore une fois visera des jeunes femmes et hommes défavorisés comme cela a toujours été le cas.
Afin d’éviter de retomber dans cette situation, diverses associations féministes ont sorti un communiqué de presse qui condamné une possible intervention en rappelant que le mouvement féministe haitien s’est créé entre autres contre cette pratique.
Melissa Béralus