L’actrice Néhémie Bastien, grande révélation dans le long métrage, Freda, de la réalisatrice haïtienne, Gessica Généus enfile dorénavant son costume de chanteuse. En effet, celle qui se faisait appeler Freda nous apporte un nouveau projet musical, celui de réinventer et d’interpreter 12 tubes pour la plupart classiques, sur Tiktok, que les moins de 20 ans ne pourraient pas connaître. Une ballade entre le passé et le présent.
À moins d’une semaine de la caducité du mois de janvier, des affiches de la comédienne Néhémie Bastien véhiculées sur les réseaux sociaux ont titillé l’intérêt de plus d’un. Après avoir contacté l’initiatrice, il s’agit d’interprétations de 12 œuvres de plusieurs artistes dont la majorité sont des étrangers. Néanmoins à en croire cette dernière, l’idée motrice du projet ne consiste pas simplement à reprendre ces titres. L’artiste veut faire redécouvrir aux mélomanes d’antan et à la jeune génération des tubes qui datent de plus d’une décennie mais qui sont toujours aussi appréciés par le public.
Partant d’une démarche, “ansyen bon toujou bon” et consciente que les goûts et les couleurs ne se discutent pas dans le domaine de la création artistique. l’interprète de “Kisa n ka” croit dur comme fer qu’il faut être éduqué à l’appréciation de certains goûts et couleurs. D’une part, en observant des progrès remarquables dans l’industrie musicale haïtienne durant l’année écoulée, et d’autre part, la prolifération d’œuvres musicales de moins en moins de bonne qualité qui se fait et qui paradoxalement sont très appréciés par un public assez jeune.
“Concrètement, je vous dirai qu’il s’agit d’une invitation à aller puiser dans ce que je considère comme une véritable mine d’or (musicalement parlant) et de comprendre pourquoi certaines œuvres ont résisté au poids du temps. Les œuvres dont je parle ici, n’ont littéralement pas veillis”, déclare l’artiste.
Avec “Sings the world”, ce menu classique qui entoure plusieurs langues, l’entrée est déja assurée par un morceau de l’artiste évangélique américaine Lydia Laird, “I’ll be okay”, “je considère ce titre comme une prière qui a été utilisée pour débuter cette initiative”, précise Néhémie Bastien. On peut compter aussi sur la présence de cette voix française qui a dépassé les frontières, défié le temps et conquis les générations, Edith Piaf. Interprété par une panoplie de vedettes dans le monde, l’Haïtienne fera le bonheur des amoureux-ses avec “L’hymne à l’amour” (1950). Le prochain titre sera célébré dans notre langue maternelle, le créole, mais sans compter sur la chanteuse qui veut faire durer le suspens.
“Les titres sont choisis par mon équipe et moi. Et le choix est réalisé sur la base de l’impact qu’a eu l’œuvre. Comment cette dernière a marqué son temps et est encore d’actualité aujourd’hui”, souligne l’ancienne élève de Schénatsar Ecole de musique.
De par ces prestations, celle qui a reçu le prix François-Chalais au 74ème édition du festival de Cannes, en France, en juillet 2021 veut que le public fasse connaissance avec la chanteuse et “juge de par eux-même s’il me prefère dans la peau de l’actrice ou les deux à la fois”, argue-t-elle. À côté de cela, la port-au-princienne assure la sortie d’un EP ou un album qui se fera sous peu. Néanmoins aucune date n’est retenue officiellement pour l’instant. Toutefois le public pourra se satisfaire à écouter et partager les performances. “Ce sera de susciter des débats sur les œuvres en question, favoriser une analyse sur leur sens et faire en sorte que cet exercice puisse participer comme thérapie pour ne pas sombrer dans la dépression, dans un pays où, même l’espoir semble vouloir faire ses valises”.
Shylene Prempin