L’entrepreneurship Award 2022, une initiative de la chambre de commerce haitiano-américaine (GAHCC) et de BEL Initiative a été décerné à Rose Syncia Rousseau, une entrepreneure qui œuvre dans la transformation de produits et la restauration. Avec la création de son entreprise Syn’s production Haïti, Rose Syncia chemine vers son idéal : celui de faire apprécier la cuisine haïtienne par tous et partout. Portrait d’une entrepreneure passionnée et une cheffe extraordinaires.
Rose Syncia Rousseau est un nom qui rime avec entrepreneuriat. Et ce n’est pas anodin : grand père entrepreneur en production de clairin, grand-mère entrepreneure en production de riz et de café, Rose Syncia a grandi dans le Sud d’Haïti entourée de grands parents en plein dans les affaires et qui valorisaient les produits locaux. Cet intérêt pour les affaires et les produits locaux transmis dès son jeune âge, Rose Syncia l’a cultivé et a mis tout en branle pour le faire perdurer. Le faire perdurer à la fois par ses actions personnelles, mais grâce aussi au fait qu’elle forme de jeunes femmes entre 18 et 35 ans à devenir à leur tour entrepreneures. En 2008 donc, encouragée par des amis à qui elle a fait goûter ses recettes de produits transformés, Syncia a créé Syn’s production Haïti, une entreprise qui propose entre autres, du mamba, de la confiture, de la crémasse, etc. Syn’s production Haïti est aussi dans l’organisation d’événements. Elle dispose par ailleurs d’un service traiteur créé l’an dernier. Question pour Rose de pérenniser son bel amour de cuisiner qui lui aussi, dit-elle, remonte à l’enfance. : « toute jeune, j’adorais faire à manger à mes amis et cuisiner pour des occasions spéciales : mariage, graduation et autres. Ma cuisine était toujours appréciée, c’est ce qui m’a surtout motivée à la formaliser», explique celle qui a aussi fait des études en comptabilité.
Cuisiner pour pérenniser cette passion de l’enfance, oui ! Mais surtout pour proposer une cuisine haïtienne de carte postale, capable de scotcher celles et ceux qui y goûtent une fois. « Je constate une baisse dans la manière de faire à manger aujourd’hui. Je travaille en vue de mettre en place une chaine de restaurants où je proposerai (comme je l’ai déjà commencé) une cuisine haïtienne aux bons goûts d’antan », explique Syncia dont l’objectif est de faire atteindre un certain standard à tout ce qu’on peut manger et made in Haïti.
Des débuts pas faciles
Puisqu’on parle d’héritage, d’aucuns penseraient que tout venait à Rose Syncia comme par magie. Mais non ! C’est par la patience qu’elle atteint cet étage aujourd’hui en matière d’entreprise, mais surtout par la passion. Un autre mot en revient donc comme un leitmotiv dans ses propos lors de notre entretien: le mot principe. Passion, patience et principe : voici les trois mots qui constituent, confie Rose Syncia, le secret de sa réussite. Et qui doivent, selon les dires de la créatrice du salon de commerce Choucoune, guider celles et ceux qui souhaitent faire carrière dans l’entreprise.
«C’était pas facile, car pour entreprendre, il faut avoir de l’argent. Je n’avais pas les moyens au moment de commencer mon business. Je n’avais que 800 dollars. C’est d’ailleurs par quelques bouteilles de crémasse et des chips banane et pomme de terre que tout a pris forme. Heureusement, un market me les avait pris et en redemandait. C’est ce qui m’a permis de décoller », explique Syncia qui ajoute que les markets sont considérés comme le gros de sa clientelle. Depuis, avec un savoir-faire doublé d’une passion, de patience et de principe, Rose Syncia fait du chemin et construit une réputation qui dépasse les frontières d’Haïti.
Ce sont donc de longues années de sacrifices et de durs labeurs en effet que GAHCC et BEL INITIATIVE récompensent par le biais de ‘’Entrepreneurship Award 2022’’. C’est un prix que Rose Syncia a gagné sur 13 autres entrepreneurs qu’elle dit estimer très doués.
« Je savais qu’un jour ou l’autre j’allais être décorée pour ce que je fais. J’ai conscience de le faire si bien et si passionnément », explique Rose Syncia, qui dit recevoir cette distinction avec beaucoup de fierté. La jeune femme, qui a aussi un store en ligne, encourage à toutes et tous à entreprendre quelque chose. Elle croit qu’on n’a pas forcément besoin de voyager pour le faire.
L’important, c’est de faire et de bien faire. Rose Syncia
« L’important, c’est de faire et de bien faire. Si l’on fait quelque chose de bien, d’aussi loin qu’on puisse être, son travail peut avoir des échos un peu partout », assure Rose Syncia. Ce qu’elle dit en connaissance de cause, car elle même évolue en Haïti et ceci n’empêche pas son travail de récolter des lauriers à l’autre bout du monde.
Adlyne Bonhomme