Au cours du mois de janvier 2023, “The Woman have wings”, du Fonds des Nations Unies pour la paix et l’aide humanitaire pour les femmes (WPHF), a récompensé 10 femmes responsables d’organisations civiles dans le monde. Parmi lesquelles, la capoise Régine Diègue. En toute exclusivité, la fondatrice du Mouvement pour l’intégration et l’émancipation des femmes handicapées se livre sur cette distinction et son combat.
De son nom complet, Régine Marie Tessa Zephirin Diègue fait partie du top 10 des présidentes d’organisation de la société civile retenues pour le prix feminin onusien, “The Woman have wings”. “J’ai reçu ce prix avec un sentiment de gratitude”, affirme fièrement celle qui porte la cause des femmes handicapées depuis plus d’une dizaine d’années. Une récompense qui, selon ses dires, encourage un travail pas nécessairement accompli mais qui donne des résultats. Et par conséquent, “ce prix va me booster pour continuer à travailler et lutter pour mon secteur particulièrement les femmes handicapées”. Une minorité qui ne bénéficie pas vraiment d’une inclusion effective dans la société haïtienne.
Parler de la condition de vie des femmes dans la société haïtienne, vient à peindre un tableau peu reluisant, exposant les inégalités diverses dont font face quotidiennement ces dernières. Qui pis est, celles qui sont à mobilité réduite. En effet, d’après celle qui a fait des études en secrétariat et gestion ressources humaines (GRH), les femmes handicapées sont doublement victimes ; en tant que femmes et qu’elles vivent avec une déficience. “La situation des femmes handicapées en Haïti est vraiment catastrophique. Elles subissent beaucoup de violence. Elles sont marginalisées. Elles ne vivent pas dans la propreté. Elles ne sont pas respectées. Elles ne sont pas intégrées”, se plaint-t-elle. À son arrivée au sein du Bureau du Secrétaire d’État à l’intégration des personnes handicapées, elle a aussi remarqué qu’il y avait que des associations mixtes c’est-à-dire qui regroupait des femmes et hommes handicapés. De ce fait, “Je me suis dit, tu dois faire quelque chose”, se rappelle la diplômée en revitalisation institutionnelle. La croyante et mère de famille va mettre sur pied en août 2009, le “Mouvement pour l’intégration et l’émancipation des femmes handicapées”.
Les débuts ont été extrêmement difficiles à en croire l’activiste. Faute de parrainage, les premières dépenses ont avalé une bonne partie de ses revenus personnels. Néanmoins, elle va quand même intégrer dans la communauté capoise deux traditions : la noël des enfants handicapés. Une activité qui promeut les droits de ces enfants. Et la fête des mères handicapées qui consiste à les valoriser, les rappelant qu’elles sont des personnes à part entière. Au fur et à mesure, soit 6 ans plus tard, des proches ont commencé à apporter leur contribution. De la sorte, le MIEFH finit par prendre son envol. L’organisation compte désormais à son actif plusieurs projets réalisés en partenariat avec des institutions internationales comme l’ONU Femmes.
Par ailleurs, Régine Diègue, à la suite d’une erreur médicale, à seulement 4 mois, a été atteinte de paralysie du côté gauche. Un handicap qui ne l’empêche surtout pas de rêver grand. Elle se voit à la tête d’une grande fondation pour les personnes handicapées. Un espace qui pourrait accueillir ces personnes méprisées, rejetées. “Elles pourraient trouver un toit, de quoi à manger. Et dans laquelle aussi, on retrouverait des docteurs, infirmières, psychologues et avocats pour que les personnes handicapées soient bien entourées et encadrées”. Un rêve que caresse depuis des lustres Régine Diègue.
Fort de tout cela, il est à souligner que seulement 2 % du budget est octroyé aux personnes à mobilité réduite. Ainsi, la numéro 2 du BSEPH souhaite de la part du gouvernement haïtien une augmentation considérable de l’allocation pour un certain changement de vie. Elle profite toutefois de demander à la population haïtien de revoir leur comportement vis-à-vis des handicapés. “Arrêter de discriminer les personnes handicapées. Cesser de les voir à travers leurs matériels adaptés mais plutôt comme une personne à part entière, avec ces droits et ces devoirs”. Ajoutant à cela, elle lance aux femmes en situation de handicap, “formez vous, battez vous. Apprenez professionnellement quelque chose pour votre autonomie”. De par cette lutte, un changement véritable est souhaité pour l’autonomisation de ces dernières.
Shylene Prempin