Qui est  Louisiane Saint-Fleurant, peintresse et sculptrice du mouvement saint soleil?

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Si vous vous connaissez un tant soit peu en peinture, notamment en peinture haïtienne, le mouvement Saint-Soleil ne doit pas vous être étranger. 

Cependant, comme beaucoup, dès que nous parlons de cette école plastique, le premier nom qui doit vous venir en tête est peut-être, ou sûrement, celui de l’illustre artiste Tiga, qui n’est autre que son principal fondateur. Si l’école a été marquée par le choix des couleurs et de sujets peints par les artistes, elle a cependant manqué grandement de femmes. 

En effet, le mouvement pictural qui fêtait ses 40 ans en 2012, fut la première communauté artistique rurale d’Haïti. Fondé en 1973, le mouvement Saint-Soleil compte à son actif plusieurs noms dont Levoy Exil ou encore Prospère Saint Louis. Si le talent ainsi que l’impact de ces hommes sur l’art haïtien est incontestable, le mouvement saint soleil était aussi celui d’une figure emblématique qui n’est autre que Louisiane Saint Fleurant, peintresse et sculptrice. 

Les historiens de l’art pour la plupart parleront d’elle comme la femme qui est passée du statut de cuisin cuisinière, à celui de peintresse, membre du mouvement Saint-Soleil. Perpétuellement rappelée à cette condition première de cuisinière (qui n’est pas une honte), Louisiane qui pourtant compte dans la courte liste des femmes artistes du pays à avoir une reconnaissance à l’international, peine à rentrer dans la postérité en Haïti. 

C’est à Petit-Trou-de-Nippes que Louisiane est née en 1924, la même année qu’une autre grande femme de l’art haitien: Luce Turnier. Au contraire de cette dernière, Louisiane commence la peinture tard dans sa vie. En effet, c’est vers la 50aine qu’elle touche son premier pinceau. 

Un tableau de Louisiane Saint Fleurant

Elle apprend de la même manière que les autres membres du groupe, c’est-à-dire sans le spectre de la technique, cher au classiques. Sa peinture met en scène les femmes haïtiennes des classes populaires à une époque où les principales femmes qui étaient peintes, étaient celles qui pouvaient en quelque sorte se le permettre, c’est -à -dire celles issues de classes plus favorisées. De même, les rares femmes qui avaient tenu jusque-là un pinceau en Haïti étaient soit des étrangères installées au pays, soit encore une fois des membres des classes plus aisées. En ce sens, Louisiane a montré que la peinture peut devenir une véritable pratique plastique et artistique pour toutes les femmes haïtiennes, y compris celles des milieux populaires. 

En 1977, elle décide de se consacrer exclusivement à la peinture. Choix judicieux car son talent la propulse au rang d’artiste internationale. Elle expose dans diverses galeries à Paris en 1988, puis à Strasbourg en 1990. 

En 1979 quand le mouvement se dissout, elle ainsi que 4 autres membres du Saint-Soleil se réunissent et organisent une exposition à l’institut français d’Haïti. Après cette exposition on les surnomme les 5 soleils. Fortement inspirés de l’univers vaudou, auquel certains membres du mouvement étaient adeptes, les peintres de Saint-Soleil diront pour la plupart qu’ils représentaient les esprit de l’univers mythologique haïtien. 

Si Louisiane Saint Fleurant a elle aussi à certains moments de sa carrière tenu ce discours sur son travail, une analyse de son travail fait ressortir l’influence du mouvement indigéniste. En effet, ces personnages, femmes et petites filles, sont représentées au milieu d’une nature luxuriante avec des couleurs éclatantes. 

Enterrée au cimetière de Pétion-ville, sa tombe fut rasée en 2010, lorsque que le gouvernement de l’époque a décidé de construire une gare routière à l’emplacement de l’ancien cimetière. Peu connue et pratiquement pas enseignée dans le cursus d’histoire de l’art que propose le Ministère de l’éducation nationale, Louisiane Saint Fleurant a apporté une part considérable à l’histoire de l’art haïtien.

Melissa Béralus


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