Lorrane Stessie Charles : une voix qui honore les chants traditionnels haïtiens

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Lorrane Stessie Charles est chanteuse. La première pensée qui pourrait venir à l’esprit de certain.e.s serait qu’elle évoluerait dans le compas ou autres genres musicaux tendances. Mais non. La féministe dans la trentaine s’identife aux chants traditionnels. Depuis bientôt 7 ans, elle suit les traces des artistes féminins comme Ti Corn, Martha Jean-Claude et Carole Demesmin, ses modèles. Un choix qui trouve son origine dans la volonté de la jeune femme de rester en connexion avec sa terre et ses aîné.es.

La musique a toujours fait partie du quotidien du peuple haïtien. Transmises de génération en generations, les chansons populaires en sont les preuves vivantes qui façonnent et caractérisent en partie le folklore de cette nation. Certain.es les qualifieraient de désuètes ou dépassées mais pourtant, elles portent le poids des peines et joies de nos aïeux. De l’arrivée des ancêtres à l’esclavage en passant par les batailles qui nous ont conduits jusqu’à 1804, les chansons traditionnelles charient tout un ensemble de traditions et de sentiments. Lorrane Stessie Charles, à la recherche de son identité s’est plongée dans ce courant inépuisable.

Consultante en voyage, la sentinelle se souvient de ses premiers pas dans les lakous, les espaces culturels, et en écoutant les anciens disques et les reines chantrelles. Outre ses modèles, elle puise dans les rondes chantées (wonn chante), et de tous ceux et toutes celles qui ont été inspiré.e.s par des loas, des coutumes et mœurs. “Je commençais à interpréter les «wonn chante » avec Ti kokibri B-KA, dans des fêtes privées, dans des soirées acoustiques et d’autres activités culturelles. Je n’esperais rien sinon que la maturité et l’expérience pour la scène”, témoigne la professeure au niveau para universitaire. 

Cependant, de nos jours, force de constater, la faible présence des artistes dans ce milieu. Les causes seraient multiples. Suivant les regards de l’étudiante en genre et éducation, il en résulterait “d’un problème de construction, de valeur culturelle”. Mais pas que. Elle poursuit. “Plusieurs ont débuté avec la musique traditionnelle haïtienne ou le chant évangélique mais au cours de route n’ont pas pu tenir par rapport à leurs buts (attentes). Puisqu’il n’y a pas de richesse matérielle à chanter nos traditions, déjà le monde occidental retient nos talents prisonniers de leur influence faces aux nouvelles tendances et à la possibilité du succès facile”. S’ajoutant à une forte catégorie qui diabolise ce genre musical vu sa portée sur le vodou. 

La membre de l’association culturelle Bote Kreyòl Ayiti, compte toutefois des expériences marquantes dans sa jeune carrière. Sa première fois sur scène à Yanvalou bar. Travailler avec Rolando Étienne, son Mentor. Et les deux dernières années de collaboration avec le Festival 4Chemins. Ambitionnant de proposer un travail sur le champ Ethno musique haïtienne, Lorrane Stessie charles ne compe pas baisser les bras. Car chanter les mœurs haïtiennes, “c’est pour moi se sentir connectée, se sentir enracinée. C’est s’engager à promouvhoir notre culture, c’est aussi chanter la vie de nos pères et nos mères et finalement, chanter pour moi c’est l’expression de l’âme”.

Chanter les mœurs haïtiennes, “c’est pour moi se sentir connectée, se sentir enracinée. C’est s’engager à promouvoir notre culture, c’est aussi chanter la vie de nos pères et nos mères et finalement, chanter pour moi c’est l’expression de l’âme”

Par ailleurs, Lorrane Stessie Charles proclame l’amour de soi et des autres pour explorer toute l’étendue du patrimoine national. “Soyons cette génération qui fasse la différence et aimons-nous vivants”, lance-t-elle.

Shylene Prempin


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