Marie Curie, la scientifique qui formait des femmes

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Icône de la science, pionnière de la recherche, Marie Curie est souvent célébrée pour ses découvertes majeures. Mais son engagement discret durant la Première Guerre mondiale et son influence sur la place des femmes dans les métiers techniques restent méconnus. Elle a ouvert la voie à des centaines d’entre elles. Plongée dans une facette moins connue de la vie de cette figure hors norme.

Marie Curie naît en 1867 à Varsovie, dans une Pologne sous domination russe. Après des études clandestines dans son pays natal, à  la « Flying University », elle rejoint Paris et s’inscrit à la Sorbonne, où elle obtient deux licences, puis un doctorat. Elle travaille dans les laboratoires de physique à une époque où les femmes y sont quasiment absentes.

En 1903, Marie Curie qui a consacré sa vie à la recherche, reçoit le prix Nobel de physique aux côtés de son mari Pierre Curie et d’Henri Becquerel. Puis, en 1911, elle obtient seule le prix Nobel de chimie. À la mort de son époux en 1906, elle prend sa suite et devient la première femme professeure à la Sorbonne.

Marie Curie ne clame pas ses idées politiques d’ailleurs elle ne s’exprime que rarement sur la place des femmes dans la société. En 1921, elle signe une pétition pour la libération de suffragettes anglaises. En 1932, elle écrit dans Le Temps pour défendre le droit de vote des femmes. Elle ne participe pas aux débats, mais affirme son soutien à des idées égalitaires qu’elle juge justes. En 1919, elle proteste contre l’absence de filles dans un projet de parc sportif universitaire. Elle écrit au recteur et demande pourquoi l’éducation physique ne leur est pas accessible.

En 1914, quand la première guerre mondiale éclate, Marie Curie met entre parenthèses ses travaux pour s’investir dans le combat de sauver des vies en équipant les hôpitaux en appareils de radiologie. Elle se rend sur le front, installe des machines, forme des médecins. Elle invente aussi la première unité mobile de radiologie, à bord d’un véhicule aménagé, capable de se rendre au plus près des blessés de guerre.

Elle comprend très vite qu’elle ne pourra pas tout faire seule et obtient le soutien d’associations comme l’Union des Femmes de France. Faute de personnel formé, elle décide de créer une école pour apprendre la radiologie à des femmes. Son école  rattachée à l’Institut du Radium et à l’hôpital militaire,  forme 180 femmes en quelques années. Certaines sont veuves, d’autres sont mères de famille ou jeunes célibataires. Toutes accèdent, grâce à cette formation, à un emploi stable et qualifié. La formation est sérieuse, diplômante et reconnue par les autorités sanitaires. C’est une nouveauté dans un monde où peu de femmes ont accès à un savoir technique. Celles-ci, venues de tous les milieux, leurs nouveaux métiers en tête partent elles aussi sur les routes créant ainsi l’unité mobile de radiologie “Les Petites Curies”. Ces femmes travaillent ensuite dans les hôpitaux de guerre et reçoivent parfois des distinctions pour leur action.

Si Marie Curie est aujourd’hui surtout célébrée pour ses prix Nobel et ses recherches révolutionnaires sur le radium, un autre pan de son héritage mérite d’être mis en lumière : celui d’une femme qui a offert à d’autres l’accès à une forme d’autonomie jusque-là rare. Par son exemple et son engagement discret, elle a ouvert la voie à des générations de femmes dans les domaines scientifiques et techniques. Sa fille Irène, brillante scientifique à son tour, poursuivra cet héritage en y ajoutant une dimension plus militante, s’impliquant activement dans les luttes féministes de son époque.

Thara Saint Hilaire


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