Le système carcéral, un outil raciste au service du patriarcat. Dans plusieurs interventions publiques, Angela Davis ne manque pas de critiquer le système militaro carcéral des Etats-unis tout en précisant que c’est un outil raciste et misogyne au service du patriarcat.
Dans “Une lutte sans trêve” ouvrage dans lequel plusieurs des discours qu’elle a prononcés au cours des dernières années ont étés retranscrits pour en faire un livre d’une centaine de pages, elle montre les liens qui existent entre les forces de polices les plus connues au monde pour leur brutalité et le contrôle des corps, notamment des personnes racisées et sexisées. À titre d’exemple, elle parle de la Palestine où la police israélienne impose un aparteid brutal et participe à un genocide de masse. Elle apprend qu’on y élabore des programmes utilisés dans le cadre de la formation d’autres agents de polices comme ceux des Etats Unis, du Royaume Unis ou encore de la France. Lorsque l’on sait qu’une partie de la formation des agents de police de la république d’Haïti est réalisé par les pays précédemment cités, il est légitime de se demander si, les même phénomènes ne produisent pas dans le pays les mêmes effets, c’est à dire une police brutale, misogyne et raciste. En effet, d’après l’autrice de “Femmes race et classe”, cette corrélation des techniques de formation est la principale explication derrière des similitudes qu’on retrouve dans la manière d’agir et l’usage gratuit de la violence vis à vis des personnes marginalisées venant de la police. Militante pour la fermeture des prisons et pour un changement systémique du traitement de la violence au sein de la société Davis met l’accent sur les conditions qui créent les délits qui sont ensuite punis par la loi. Dans la veine de l’intersectionnalité, avec plusieurs autres militants pro blacks et décoloniaux, l’autrice alerte sur l’usage de la prison comme arme de dissuasion face à une catégorie sociale: celle des personnes les plus défavorisées, en rappelant que c’est un espace qui ne réalise même pas le travail qu’il est supposé faire, c’est à dire prévenir les crimes.
Dans le cadre d’un usage dissuasif et répressif des prisons face aux personnes marginalisées, elle porte un regard approfondi qui va au-delà des prisons traditionnelles afin de parler des camps de réfugiés qui ont le même fonctionnement que les centres pénitenciers. Lorsque l’on sait que nous retrouvons beaucoup d’haïtiens dans la plupart des camps de réfugiés on comprend mieux l’importance d’une analyse de la question carcérale dans le contexte haitien en parallèle des luttes feministe et sociales. Si dans une lutte sans trêve Angela Davis ne réinvente pas la militance, elle donne diverses pistes pour réfléchir à un monde plus juste dans lequel elle n’exclut pas la géopolitique et la collaboration internationale.
Tout en ne niant pas les spécificités sociologiques et anthropologiques, l’autrice invite à combattre les nouvelles formes d’oppressions nées avec le néolibéralisme et insiste sur une visibilisation des personnes queers en particuliers celles non blanches.
Melissa Beralus