Le projet FANMKAD officiellement lancé

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La cérémonie de lancement du projet Femmes et filles debout avec dignité pour la défense de leurs droits sexuels et reproductifs, dit FANMKAD, (Fanm kanpe ak diyite, en créole) s’est tenue le mercredi 31 août 2022 à Kinam hôtel, dans la commune de Pétion-ville. Un public composé de membres d’associations féministes, de la société civile organisée, de la presse a répondu présent à cet événement.

FANMKAD est un projet qui vise l’amélioration de l’exercice du droit à la santé des Haïtiennes et Haïtiens, particulièrement à la santé et aux droits sexuels des femmes et des adolescentes. Ce projet vise à atteindre directement 72,424 personnes. Au total, 8,239 adolescentes et 8,656 adolescents âgés de 15 à 19 ans ainsi que 29,213 femmes et 26,216 hommes, âgés de 20 à 49 ans sont visés. Le projet FANMKAD contribuera à réduire les inégalités entre les genres qui empêchent les femmes et les adolescentes d’accéder aux services de santé sexuelle et reproductive. Les principales interventions du projet FANMKAD comprennent la formation des prestataires de santé, des activités de plaidoyer et de soutien aux organisations de la société civile haïtienne qui offriront des services d’accompagnement psychosocial et juridique aux femmes et aux adolescentes, en vue de répondre de manière adéquate à leurs besoins

Financé par le Gouvernement canadien, le projet FANMKAD est conduit par un consortium composé de Care Haïti qui a le leadership du projet, du MSPP, de Santé Monde, d’Avocats sans frontières Canada et d’autres partenaires, dont Kay Fanm, CALSDH ( Le Collectif d’Avocat-e-s Spécialisé-e-s en Litige Stratégique des Droits Humains) et Profamil. Se réalisant du mois d’août 2021 au mois d’octobre 2025, ce projet sera exécuté à travers six communes du département du Sud-Est, qui sont les communes de Jacmel, de Cayes-Jacmel, de Marigot, de Belle-Anse, de Thiotte, d’Anse-à-Pitre. Et dans l’Ouest, à travers la commune de Port-au-Prince.

Plusieurs personnalités ont pris la parole lors de la cérémonie de lancement. « Je voudrais vous remercier pour votre collaboration à ce projet. Je suis impatient de travailler avec l’équipe dans les semaines et les mois à venir ». Le représentant de l’ambassade du Canada en Haïti, Monsieur Alou Dickoa a pour sa part déclaré: « Pour faire face à la problématique de la santé sexuelle et reproductive chez les femmes et les filles dans le Sud-Est, la direction départementale du Sud-Est est heureuse du choix de ce département comme bénéficiaire du projet FANMKAD. L’apport du projet FANMKAD au renforcement des institutions sanitaires du Sud-Est est un atout majeur d’amélioration des conditions sanitaires de ces femmes», a déclaré le directeur départemental du Sud-Est, le docteur Newton Jeudy.

Dans ses propos, la représentante de la fondation Toya, Nadine Louis s’est exprimée sur la portée du projet : « Cette initiative revêt un double intérêt pour nous à la Fondation Toya: d’abord, les filles et les femmes visées par ce projet constituent les cibles principales de la Fondation Toya dont la mission consiste au renforcement des capacités et la promotion du leadership des filles et des jeunes femmes. Ensuite, vu que pour atteindre cette mission, nous nous attaquons aux problématiques auxquelles font face les filles et les jeunes femmes. Cela nous donne l’opportunité de parler de cette grande problématique liée à la santé sexuelle et reproductive».

Le lancement était l’occasion pour la docteure Christa Desiral de présenter les membres du consortium, les partenaires du projet et leur rôle dans l’exécution du projet. Et pour Tamas Jean Pierre, chargée de genre auprès de Care Haïti, de présenter l’étude de base réalisée dans le cadre du projet. Laquelle étude avait permis de collecter les différentes informations de référence, qui permettront de mesurer après son exécution, l’efficacité du projet et les progrès réalisés. Il s’agissait d’analyser les comportements, les attitudes et les pratiques, de faire une évaluation de la qualité des services disponibles en santé sexuelle et reproductive. L’étude a permis d’avoir des indicateurs sur la situation des femmes et des adolescentes grâce à une enquête menée dans les six communes du département du Sud-Est concernées par le projet, à savoir Jacmel, Cayes-Jacmel, Marigot, Belle-Anse, Thiotte, et Anse-à-Pitre. L’étude a permis, à partir d’un échantillon de voir entre autres, le pourcentage de naissances non planifiées chez les femmes et chez les adolescentes, la violence sexuelle basée sur le genre, la qualité de services de santé reçus, le pourcentage de femme prenant leur propre décision par rapport à leur santé sexuelle et reproductive. L’étude a permis aussi de répertorier des lois et stratégies nationales relatives à la santé sexuelle et reproductive.

Une analyse genre (AG) a aussi été réalisée en mai 2022, en suivant une méthode qualitative qui priorise des entretiens individuels et des discussions de groupes. Les participants ciblés étaient des adolescentes mères, enceintes, en situation de handicap, adolescents pères, informateur-trice-s (femmes leaders communautaires, femmes matrones, homme matrone, guérisseur-se-s traditionnel-le-s). Découlent de cette analyse les résultats relatifs à la situation des adolescents. Par exemple, les adolescentes font face à plus d’obstacles que les adolescents dans leur capacité d’accéder aux services SSRD (Santé Sexuelle et Reproductive et Droits connexes). Elles ont un pouvoir décisionnel très faible, un faible contrôle sur leur corps, peu d’accès aux ressources et aux espaces publics et sont vulnérables à la violence sexuelle fondée sur le genre avec peu d’accès à la justice réparatrice, qu’ils ont peu de connaissance sur leur SSRD et les violences sexuelles fondées sur le genre (VSFG).

De nombreuses recommandations sont adressées face aux résultats de l’etude sur plusieurs aspects. Un plaidoyer pour la création de services en SSRD adaptés et sensibles aux besoins spécifiques des adolescentes et la sensibilisation des parties prenantes (parents, prestataires, leaders communautaires, guérisseur-se-s traditionnel-le-s) sur l’importance des services en DSSR adaptés aux besoins des adolescent-e-s et sensibles à certains facteurs identitaires, incluant l’âge, la situation de handicap et le genre. Le renforcement des connaissances des adolescent-e-s afin de les impliquer dans la prise des décisions entourant leurs droits à la santé sexuelle et reproductive (DSSR) est recommandé. De plus, un dialogue interpellant les normes sociales qui perpétuent les discriminations fondées sur l’âge et le genre afin de favoriser un meilleur accès des femmes et des adolescentes aux services en DSSR doit être entrepris.

Le projet FANMKAD utilise une approche se basant sur les composantes de renforcement des capacités des centres de santé à offrir des services de santé sexuelle et reproductive adaptés à tous et toutes. Ces services gérés selon des principes de gouvernance inclusive et le renforcement des capacités des organisations de la société civile et de la justice contribuent à faire la promotion et l’offre de services respectueux en matière de droits sexuels et reproductifs.

Le lancement de FANMKAD s’est clôturé avec un atelier de travail en après-midi entre tous les partenaires de mises en oeuvre.

Adlyne Bonhomme


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