Dantò feminis tire la sonnette d’alarme sur les cas répétés de féminicides

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L’organisation Féministe Dantò a organisé, mardi 29 mars dernier, un space Twitter autour du feminicide sous le thème : « Feminisid an Ayiti : yon maleng k ap anvlimen »

Les féminicides sont monnaie courante en Haïti, mais le manque de sensibilisation de la population, le silence et l’inefficacité de l’État face à ce fléau ne font qu’accroître leur nombre. C’est en ce sens que l’organisation féministe Dantò entend, par cette activité, allumer les projecteurs sur ce phénomène en le définissant, en donnant la parole à quatre proches de victimes et en créant un espace public de débat autour de la question.

Vanessa Jeudi, cousine d’une victime de feminicide et membre de l’organisation féministe Dantò,  a défini le feminicide comme étant le fait qu’une personne tue une femme parce qu’elle est une femme. On ne peut pas parler de feminicide sans évoquer la notion de genre, a-t-elle souligné dans son allocution.  

Faute d’informations sur le sujet, les cas de féminicide sont traités par l’opinion publique et la presse comme des faits divers. Une vingtaine de cas a été répertorié au cours de la période allant de fin 2020 au début de 2021, et aussi en 2022. Or, le Ministère de la Condition féminine en parle très peu. Si les textes de lois portant sur les violences faites aux femmes existent, la justice ne les met pas en application. Les bourreaux ne sont pas punis comme ils le devaient donc les potentiels autres bourreaux ne sont pas découragés puisqu’ils savent qu’ils ne risquent pas grand-chose en tuant délibérément une femme.

Témoignage des proches des victimes

L’écrivain, Jean D’Amérique est l’une des personnes ayant témoigné, il a vécu de près plusieurs cas de feminicide notamment une amie, la photographe et comédienne Regina Nicolas assassiné le 28 avril 2015. En y réfléchissant, il a pu reconstituer un ensemble d’événements qui ont pu accoucher cet acte barbare. Il se souvient que Youri, le bourreau et l’ancien compagnon de Regina, venait toujours suivre les répétitions de théâtre de Regina. Ce qu’il ne comprenait pas. Il ne réagissait pas. Après le meurtre, la justice a arrêté Youri mais 5 ans après, soit en avril 2020, ils l’ont libéré sans jugement et personne ne connaît les conditions de sa libération. Selon lui, C’est comme tuer la personne une deuxième fois. Il s’en est inspiré pour écrire des textes et montrer à sa manière que la vie de la victime comptait.  

Yves Osner Dorvil est aussi un proche de Regina Nicolas. Il l’a décrite comme une personne qui aimait l’art et elle a vécu beaucoup de moment sombre. Malheureusement sa vie lui a été ôtée, alors qu’elle commençait à s’épanouir. Regina n’était plus la compagne de Youri  lorsqu’il l’a assassiné et il est quelqu’un de violent.

Un autre témoin, le poète et comédien Kav-alye Pierre  a perdu une cousine, c’est son mari qui était un policier qui l’a tuée d’une balle à la tête lors d’une discussion. On l’a mis en prison. Les répercussions ont été énormes, les enfants du couple ont dû aller vivre chez des oncles et des tantes.

Le deuxième cas  qu’il a vécu est celui de Sherley Monfort, qui s’est passé le 31 décembre 2020 à Sainte Marie tout près de chez lui. Il connaissait le couple et était un proche du bourreau, « Zenndenn ». Leur relation était toxique et il était obsédé et obnubilé par la demoiselle qui incarnait la figure d’autorité dans sa vie. Avant de trépasser, Sherley a dit à sa mère que c’était son copain qui l’avait poignardé. C’est le père de l’assassin qui l’a remis à la police.

Un frère de Shammar Télémaque a donné un témoignage anonyme la nuit du 12 au 13 mars.

Elle est tuée par Ronelson Saint-Louis, son conjoint qui s’est enfui peu après. Selon ses dires, il a fait un crime planifié sur sa sœur, l’acte a été prémédité. Il ne sait pas où est le bourreau, donc il n’est pas encore appréhendé par la police. Les funérailles de sa sœur seront chantées ce samedi 2 avril, la veille de la Journée Nationale de la Femme Haïtienne.

Un moment très éprouvant pour tous : entre témoignages et discussion théorique, la question du féminicide a été abordée en long et en large. Les pertes en vie humaine sont irremplaçables mais malheureusement les féminicides ne sont pas toujours connus de tous. Si les réseaux sociaux n’en parlent pas, ils passent inaperçus, laissant uniquement les proches des victimes en pleurs.  Si les cas sont différents, une chose est certaine : les féminicides sont le paroxysme des violences conjugales répétées et que les proches pourraient aider à éviter le pire s’ils ne détournent pas leur regard lorsqu’ils sont témoin de violences et si la justice fait correctement son travail parce que des fois, les victimes portent plainte plusieurs fois avant d’être tuées finalement.

Thara Layna Marucheka Saint Hilaire


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