Exactement un an après la disparition de la militante féministe Claudine Saintal, ce mardi 2 mars, l’Initiative pour un Développement Équitable en Haïti, l’Association socioculturelle Bote –Kreyòl Ayiti et la famille Saintal lui rendaient, un émouvant hommage. Ses proches, coéquipiers et ami.e.s s’étaient réunis à l’hôtel le Plaza à Champs de Mars pour une cérémonie pleine d’émotion et d’éloges du membre fondateur et ancienne présidente exécutive de l’IDEH.
Sous fond de musique funèbre, le ton avait été donné bien avant le début de la cérémonie. Un portrait de la gagnante de miss videomax été 2004 accompagné de deux bougies au devant de la salle et un album souvenir retraçant les moments forts de la vie professionnelle et militante de Claudine Saintal était projeté sur grand écran. Un message partagé dans l’album et inscrit dans la programmation: « Les héroïnes ne meurent jamais, elles vivent à travers leurs œuvres. » fait écho aux interventions qui allaient suivre. Dès 9HAm, la maîtresse de cérémonie, Marie Murielle Morné, avait donné le coup d’envoi avec l’invitation lancée à l’assistance d’entonner le troisième couplet de la Dessalinienne et d’observer une minute de recueillement. Elle a par ailleurs pris le soin de rappeler la raison d’un tel recueillement, qu’elle qualifie de « devoir de mémoire pour célébrer la vie d’une « amie féministe dynamique, sensible et d’une mère exemplaire ».
Dans le contexte de la pandémie de COVID-19, les obsèques de Saintal n’avaient pas pu être chantées en Haïti. Une mort déconcertante et brutale, survenue aux Etats-Unis alors qu’elle était seulement âgée de 39 ans. Docteure Cassandra Joseph, cousine de Claudine Saintal qui a partagé la biographie de celle que plus d’un connaissaient sous le surnom de Clau a souligné sa forte détermination. Elle tenait à poursuivre ses études secondaires et universitaires alors qu’elle était devenue une mère adolescente, à dix-sept ans. Elle confie que cette expérience propulsera le combat de Claudine auprès des adolescentes mères les incitant à briser les barrières sociales qui les empêcheraient à poursuivre leur études. Vient le tour de Esther Randiche, actuelle présidente de IDEH, qui a souligné que Claudine Saintal n’était autre « qu’un exemple à suivre. » tant son énergie était débordante et son leadership remarquable. D’autres collaboratrices et collaborateurs dont les militantes féministes Pascale Solages et Nadine Anilus, des collaborateurs et amis Me. Guerly Leriche et M. Odnel Éliazard avaient fait une plongée dans des moments les plus décomplexés et émouvants vécus avec Claudine Saintal. Eunice St Vil surnommée Dominique en raison de son identité de Genre, a dans la foulée, fait l’éloge des réalisations qui portent l’empreinte de Claudine Saintal. Sa mère, a pour sa part exprimé sa gratitude envers les organisatrices et fait savoir que la seule façon d’honorer véritablement sa défunte fille, c’est de continuer les combats qu’elle portait à cœur. Plusieurs membres de la famille de Claudine, dont son dernier fils de deux ans étaient remarqués et salués dans la salle.
Par ailleurs l’IDEH a profité de la circonstance pour annoncer une bourse dénommée « Prime Claudine Saintal ». Un membre de l’institution, Gaetjens Anier, a informé que cette bourse sera effective l’année prochaine et viendra en appui à une ou plusieurs adolescentes mères dans le besoin afin qu’elles puissent continuer leurs études.
La cérémonie a pris fin sur le partage d’un musique préférée de Claudine Saintal « Rossignol » de l’artiste Singuila. Des ballons mauves ont été lancés par la suite dans la court de l’hôtel dans lesquels étaient insérés des messages individuels sur des post-it comme un signe d’adieu mais surtout de reconnaissance pour l’œuvre colossale qu’elle a laissée derrière elle. Une œuvre qui surement continuera de changer des vies et de marquer les esprits.
Jeanne-Elsa Chéry
