Marie Guerlande Ballant, première lauréate du prix féminin des arts visuels

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Marie Guerlande Ballant a raflé le 1er Prix féminin des arts visuels dans le cadre de l’incubateur des arts visuels, le premier en Haïti, organisé en juillet cette année par AfricAmerica. L’œuvre de Marie Guerlande Ballant couronnée par ce prix, aborde le thème de la violence faite aux femmes. L’artisane qui travaille le fer découpé a été aussi deuxième lauréate du prix Georges Liautaud, l’autre prix organisé dans le cadre de cet incubateur. Portrait.

Marie Guerlande Ballant est née à Noailles, localité de la ville de la Croix des Bouquets. Noailles, ce lieu réputé pour ses artistes spécialistes du fer découpé. Mais c’est aussi un lieu où bouillonnent différents arts visuels. L’artiste, mère de deux garçons, y vit depuis sa naissance. En 2007, alors qu’elle n’avait que 15 ans, ce sont ses frères et sœurs aîné-e-s eux aussi artisans du fer découpé, qui l’ont attirée dans le courant et lui ont appris les rudiments.

Depuis les premiers coups du marteau de Marie Guerlande et les premières lignes de son burin sur la surface du métal, se crée entre elle et le fer, un lien que rien ne peut briser. Si elle travaillait le métal pour le plaisir de le faire ou pour être commode par rapport au lieu à un moment donné, c’était quand il arrivait à ses parents de ne plus pouvoir lui payer la scolarité, qu’elle a vraiment pris la mesure de ce qu’elle fait. C’est-à-dire, quand elle devait payer elle-même de ce qu’elle gagnait de ce travail. À partir de 2015 donc, Marie Guerlande quitte ses frères et sœurs aîné-e-s, qui l’avaient introduite et vole de ses propres ailes. Elle est aujourd’hui parmi les rares femmes à avoir fait un nom dans ce domaine.

Guerlande vit et fait vivre ses deux enfants de ce métier, qu’elle fait un peu difficilement ces temps-ci, le problème d’insécurité contribuant à faire baisser considérablement l’activité du village, où les touristes qui sont les plus gros acheteurs ne se risquent plus.

Il y a juste quelques jours. Guerlande a été lauréate du prix féminin des arts visuel et deuxième lauréate du prix Georges Liautaud, tous les deux créés dans le cadre du premier incubateur d’art visuel en Haïti, organisé cette année par la fondation Afric-America. Elle n’est pas sans émotion devant ce couronnement. « Le prix féminin des arts visuels, c’est un prix dont je suis très fière. D’en être la lauréate parmi toutes ces artistes talentueuses, je ne peux en être que très fière », dit-elle, sans jubilation.

Guerlande est une habituée de prix : elle a d’ailleurs été en Colombie et en Espagne. Ces voyages lui ont été octroyés grâce à un prix qu’elle eu en Haïti au concours « Klere Ayiti ». Parlant de ces voyages justement, elle dit en garder de bons souvenirs. « On m’avait très bien accueillie dans ces pays où j’ai voyagé. Surtout l’Espagne, où j’ai eu l’occasion d’être à l’œuvre. Les gens pouvaient ainsi confirmer que c’était vraiment moi derrière les pièces. Parce qu’à les regarder, on pouvait sentir comme une pointe de doute qu’une femme pouvait faire ces œuvres », dit-elle, souriante.

La Colombie, où c’était plus la formation, ce séjour lui a permis, dit-elle d’acquérir des connaissances en vue de produire des œuvres plus achevées.

Le travail de Marie Guerlande Ballant aborde des thèmes qui sont ceux des artistes de Noailles : la fleur, l’oiseau, l’insecte, l’ange, les figures du vaudou haïtien et bien d’autres.

Sans délaisser ses thèmes majeurs, Guerlande en fait entrer un nouveau dans son travail de création : la violence. Elle est plus que beaucoup d’autres mieux placée pour en parler, puisque souvent clouée à cause de cela, au village. L”artisane est davantage sensible encore aux violences faites aux femmes. Belle chose, non, que de mettre l’art au service de l’action sociale ! ?

« Quand je vois ce que les femmes sont entrain de subir, je me propose de faire des pièces qui en rendent compte », dit Guerlande d’un air énervé.

La jeune femme confie travailler présentement sur une deuxième pièce, qui concerne le thème des violences faites aux femmes.

Guerlande est une artiste généreuse, le rendu de ses pièces le dit. Mais ne l’est pas qu’au pied du métal. « J’ai mis les mains de huit jeunes femmes à l’étrier au moment où je vous parle. Je leur transmets donc le métier », explique Guerlande, qui dit que comme artiste, elle ne se met aucune limite. « Le plus loin possible, je ne me limite pas », dit-elle.

Adlyne Bonhomme


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