Ludgie Zephirin : une étoile qui brille dans le ciel du théâtre haïtien

Spread the love

Il y a des gens qui consacrent leur vie entière, sinon le plus clair de leur temps à vouloir adoucir le quotidien des autres. Et chaque personne traversée par ce sentiment, le fait à sa manière et avec les outils dont elle dispose. Ludgie Zephirin est de cette race de femmes et d’hommes bienveillant-e-s, qui inventent un petit lieu pour permettre  aux gens d’avoir droit un sourire, en dépit du fait que ça craque de partout. Et c’est du théâtre dont elle se sert pour aider à rester en surface et à ne pas sombrer.

Depuis le coup de foudre éprouvé pour le théâtre de sa rencontre avec Cosafh dans les années 2000, cette jeune femme colosse, belle et au sourire tombeur, n’a jamais de cesse de faire jaser le public à travers les différents spectacles joués et les nombreux rôles incarnés.

Ses premiers contacts avec les mots et la scène

C’est depuis les bancs du lycée des jeunes filles que Ludgie était tombée dans les filets de la poésie et que l’élan pour la scène commençait à s’imposer. La lecture de textes aux heures de pause à l’école entre camarade était parmi les activités auxquelles Ludgie s’accrochait. Un élan qui a avait plutôt l’air d’un présage.

«  On faisait comme cela des lectures à haute voix à l’école de textes qu’on pouvait trouver. Et puis, il y avait ma mère aussi, qui aimait nous raconter le soir venu à mon frère et moi de petites histoires qui nous amusaient avant de nous coucher» se souvient l’artiste».

Et tout cela sans l’idée que cela allait s’ouvrir sur quelque chose d’aussi sérieux. « J’ai rencontré la Cosafh à travers ses activités de « Samedi en poésie », qui allaient renforcer ce désir en me faisant découvrir des auteurs haïtiens importants qui m’ont accompagné et m’accompagnent encore, comme Georges Castera, Franketienne, Claude Pierre, Georges Beleck, lui aussi et beaucoup d’autres. J’ai ainsi intégré la compagnie, où j’apprivoisais avec les formations en particulier de Georges Beleck, les rouages et les arcanes du métier de comédienne et endosser depuis un  assez grand nombre de rôles.

Ses rôles

Ludgie Zephirin, c’est elle qu’on a vue dans le rôle d’Isabelle dans “Qui peut vaincre l’amour”, Pièce fondatrice de la création de la compagnie, a-t-elle rappelé. Elle qu’on a vue dans le rôle de Valérie dans « Amour et mensonge », en passant par Porte drapeau dans « Haïti plus d’espoir » qui sont toutes des pièces écrites par le fondateur de la Cosafh, Georges Beleck et que la comédienne a servies avec une grande dextérité et un entrain dont rien ne peut ébranler les assises ; Mirna la sorcière dans l’adaptation par Georges Beleck du roman de Gary Victor, « Le diable dans un thé à la citronnelle »et beaucoup d’autres. Mais surtout, celui de Madan Inkli personnage stand up dans l’émission « Regards croisés » qui lui a valu du public une estime grandiose et une sympathie extraordinaire.

Quand le don de la parole la transforme en marcheuse

Ludgie a écumé avec Cosafh depuis 22 ans, toutes les salles qui étaient encore disponible à Port-au-Prince, marché dans les villes de provinces, semant ses paroles, partageant la culture et la bonne humeur.

« Nous avons épuisé à un moment, tous les auditorium des écoles de Port-au-Prince. Nous avons joué jusqu’à ce qui restait de Rex Théâtre comme salle. Nous avons eu des tournées nationales, joué dans toutes les villes ayant une alliance française, puisque nos activités, on les avait réalisées en partenariats avec Institut français en Haïti. », dit la star.

Mais elle a aussi traîné sa valise pour des représentations dans d’autres pays dans le monde. « Nous avons joué 6 fois en France à TILF (théâtre international de langue française), nous avons joué dans les pays de la Caraïbe et dans les Antilles. Et, avec Regards Croisés, nous avons eu l’occasion de produire aux USA et au Canada », a-t-elle précisé.

Ce qu’elle pense de sa carrière

Ludgie considère ces 22 ans de carrière comme une véritable réussite. Elle dit avoir offert sa joie et son amour au public qui les lui rendent bien. « La carrière n’est pas à sa fin, mais ce que j’y ai déjà vécu, m’a tout de même réjouie », a-t-elle dit, encourageant les gens à ne pas juste chercher un gagne-pain, mais à faire des métiers qu’ils aiment et dans lesquels ils puissent s’épanouir.

Petit coup de colère

Si elle est dans une sorte de gaîté légère à l’approche des trente ans de Cosafh, l’artiste est dans un coup de colère. Et ce coup de colère est celui de voir les artistes et les activités artistiques ramer à pouvoir trouver des salles. « Je pense que les responsables, à ce niveau, doivent dire quelque chose. Cela a bien trop duré », a-t-elle tranché, ajoutant que ça n’encourage pas les artistes, qui n’arrivent pas à vivre de leur métier.

Son regard sur les 30 ans de Cosafh

Elle confie à Mus’Elles éprouver une grande fierté, de se voir parmi les artistes qui ont cheminé jusque-là. D’avoir pu collaborer avec des artistes, des etres de grande humanité, pour reprendre ses propos. Elle a dit  voir dans les trente ans de Cosafh un signal à ceux qui ont l’intention de se lancer dans un projet quelconque, et qui hésitent.

« Ma fierté est grande. Tout ce que je suis et ce que je fais se trouve lié à Cosafh. C’est la plus grande partie de ma vie qui y a été consacrée »

Adlyne Bonhomme


Spread the love

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *