Le dimanche 15 mai 2022 , Florence Jean Louis Dupuy , Nastassia Colimon et Nicole Zamar Vild ont lancé le premier épisode de l’émission Chwi Chwi Chwi autour du thème: Haïti, partir ou rester ?« Chwi Chwi Chwi » est une émission diffusée en direct où trois générations de femmes haïtiennes donnent leurs opinions sur des questions d’intérêt général.
L’émission est co-animée par l’ortho pédagogue Nastassia Colimon , l’experte en marketing et communication Nicole zamar Vild et l’éducatrice passée de présentation, Florence Jean Louis Dupuy. Le premier épisode de l’émission a traité de la problématique du dilemme de quitter le pays, compte tenu des moments troublants auxquels les haitiens.nes font face. Pour donner le coup d’envoi de l’émission, Madame Dupuy a lu un extrait du texte « Mais maman , pourquoi tu restes en Haïti » de Sophie JP Jeudy. Ce texte aborde le sujet de l’émission.
Au cours de l’émission, les animatrices ont exposé leur point de vue sur la question posée en racontant une partie de leur histoire.
Nastassia est partie étudier au canada mais elle a toujours cultivé le désir de rentrer au pays une fois ses études bouclées . Elle n’a jamais eu en tête de partir a l’étranger pour rester , ni pour se construire une vie autre part que dans sa terre natale. Effectivement après ses études elle est retournée chez elle mais la crise sécuritaire l’a contraint à partir encore une fois et cette fois avec l’ idée de s’établir dans ce pays qui lui est étranger. De cette situation est né un dilemme puisqu’elle a deux enfants mais elle reste très attachée à la ressource , une institution qu’elle a créé qui accompagne les personnes ayant besoin de soin spécifique pour apprendre, elle considère cette structure comme son premier enfant. Mais à cause de ses enfants biologiques elle a dû finir par choisir de partir. En partant, Elle s’est senti rejetée par son propre pays . Cela à créé une déchirure en elle puisque l’ailleurs n’est pas sa maison mais son pays non plus n’est pas sa maison. Que faire sinon que se sentir comme un sans domicile fixe qui voyage dans le but de trouver un endroit où se fixer?
Elle a aussi abordé les impacts que cette décision a sur les enfants puisque ce ne sont pas les enfants qui décident donc ils subissent les choix de leurs parents.
Elle continue pour dire que la communication est très importante. Mais il faut que les parents puissent discuter de la situation actuelle du pays avec leurs enfants. Et il faut prendre en compte que cette situation est susceptible de créer un décrochage scolaire chez les enfants qui eux aussi se sentent stressés.es et anxieux.ses . Elle conseille aux parents de créer des moments où toute la famille s’enferme dans une bulle d’amour et passe du bon temps loin de tout en se décrochant de la réalité.
La situation de Nicole diffère de celle de Nastassia parce qu’elle est partie, toute jeune, aussitôt ses études classiques terminées . Cela fait longtemps qu’elle ne vit plus au pays. Nicole a grandi avec le mythe « lotbò dlo se paradi » . Selon elle cela s’explique par notre passé lié à lesclavage qui promouvait un espace où la manne tombait du ciel. Elle est partie en toute légalité pour étudier mais déjà dans le discours de ses parents où la question du retour n’était jamais abordée et dans ses actions en se séparant de tous ses avoir avant de partir, où en disant à son père combien elle l’ aimait. Il y avait un sous-entendu , un non-dit , elle partait pour rester. Ce qu’elle a fait . Et elle ne sait pas comment conseiller à un.e jeune de rester au pays quand elle est partie au moment où le pays n’était pas aussi invivable .
Florence quant à elle pense que Haïti est une terre vierge et que tout le monde ne peut pas laisser le pays .elle croit dur comme fer en un renouveau du pays après cette tempête même si pour plus d’un son discours optimiste pourrait être relayé à de la folie furieuse. On a tendance à dire que ceux qui restent sont ceux qui ne peuvent pas partir mais ce n’est pas la réalité parce que selon elle , il y a des gens qui restent parce qu’ils croient que le pays va et peut changer . « il n y a pas de tunel sans fin » nous dit-elle.
Les animatrices ont invité deux autres personnes à donner leur point de vue sur la thématique . L’une d’elle L’éducatrice , la normalienne supérieure Nathalie lemaine a intervenu en racontant que C’était son rêve de partir étudier à l étranger mais ses parents n’ayant pas les moyens elle n’a pas pu faire le voyage .puis Elle a projeté ce rêve sur ses enfants encore une fois a cause du manque de moyen elle n a pas pu réaliser ce rêve . Et ça a créé des frustrations chez elle . Mais en réalisant que partir étudier à l étranger n’ est pas le saint graal . Et aujourd’hui elle n’est ni une mauvaise professionnelle ni une professionnelle sous qualifiée . Elle n’a pas le projet de quitter le pays . En tant qu’éducatrice , elle enseigne aux enfants d’apprendre à vivre dans le milieu où ils se trouvent. Lors de son cours Elle pointe du doigt l’ envie d’ invisibiliser les bon côtés du pays . Elle n’a ni formule ni réponse toute faite pour dire si oui ou non on doit rester mais pense qu’il faut véhiculer des valeurs à avoir que ce soit en Haïti ou ailleurs. Dans son intervention elle a fait miroiter aux internautes une image forte empreinte de beaucoup d’espoir qui est le sourire sur le visage des fillettes emmenées à l’ école le matin par leur père . C’est le sourire sur les lèvres de ses enfants qui lui dit voici l’Haïti de demain. Et ça l aide à tenir et à recharger ses batteries pour une journée de plus en Haïti . Toutefois, Elle comprend les départs et se demande est-ce qu’il n ‘ y a vraiment plus de moyen de rester ici ?
L’autre invité est Patrick Dorescar, un mécanicien de formation qui a pris un embarcation de fortune appeler « Kanntè » pour immigrer vers les États Unis d’Amériques . Il est parti à cause de la crise insecuritaire que connaît le pays. Malheureusement en cours de route un cyclone les a contraint à retourner au pays . Cette expérience lui a fait changer d’ avis sur le méthode d’exode qu’utilisent les haïtien.ne.s pour fuir par tous les moyens imaginables le pays. Il ne partira plus dans les mêmes conditions .Patrick conseil aux jeunes qui veulent partir d’utiliser les moyens légaux. Après avoir vaincu la mort imminente par noyade, Il se rend compte que « lakay se lakay » et qu’ on est jamais mieux que chez soi . Lors de son voyage 6 personnes ont été noyées et le bateau a coulé à 5 reprises .
Florence a clôturé l’émission sur une note des plus féministe en faisant la recommandation du film « l’événement » qui raconte l’histoire d’une femme qui voulait avorté en France dans les années soixante . Cette recommandation a été faite en echo aux débats ayant rapports a la possibilité de la supression du droit à l avortement aux États Unis dameriques . Ensuite Nicole a fait un mini stand up sur sa vie dans un pays où l’on parle Allemand . L’émission a été haute en couleur . plusieurs personnes ont raconté une partie de leur histoire et ont étayé les raisons de leur choix et toutes les péripéties qu’ils ont subi après avoir fait ce choix. Ce qui permet aux autres haïtiens de faire un choix beaucoup plus éclairé. Évidemment l’émission n’incite personne à partir d’Haiti ou à rester et se situe au juste milieu , en laissant à tout un chacun la responsabilité de choisir pour le mieux.
Thara Saint-Hilaire