Des étudiant-e-s initié-e-s  à l’art urbain au Centre d’art-

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Le graffiti s’est fait chair au Centre d’art la semaine écoulée, avec la  restitution des étudiant-e-s initié-e-s à cet art urbain. C’est Olivier Ganthier, Oliga, très connu dans le monde du graffiti qui a assuré la formation. La restitution réalisée le 10 février dernier, consistait en une fresque. Une partie du mur situé à l’ouest des salles de cours en effet devient un musée à ciel ouvert.

Dorénavant, quand on visite cet espace du Centre d’art on tombera sur un pan de mur pris d’assaut par le beau. En plus de la qualité et l’intelligence des gestes qui se trouvent posés sur le mur, les sujets abordés, pour la plupart auront porté le regardeur ou la regardeuse à une émotion heureuse ou à un questionnement. L’idée de  l’esclavage mental, avec cette chaîne montrée et pas tout à fait brisée dans le cerveau d’un personnage en est un exemple.

La formation comptait une quinzaine de participant-e-s. On les a vu-e-s à l’œuvre lors de la restitution, au pied du mur et plongé-e-s avec passion dans des éléments comme du spray, de la peinture, du marqueur, du lettrage, etc. Chacun-e a joué sa partition dans réalisation de cette œuvre qui ravit.

Nous avons eu le privilège de rencontrer les deux seules femmes de cette formation qui s’expriment entre autres sur l’importance de la formation pour elles et partagent leur point de vue sur le fait que peu de femmes investissent le terrain de l’art du graffiti : Excellenchard  Casimir  et Jemminah Alfred. Elles sont deux jeunes femmes visiblement traversées par la fièvre de l’art. On sent chez l’une comme chez l’autre se préciser une volonté à s’immerger dans l’art. Un goût prononcé pour la création et la beauté du geste artistique. L’atelier de graffiti pour l’une comme pour l’autre est d’un grand profit.

Pour Excellenchard Casimir, de son nom d’artiste EC_24 ans et ayant déjà à son actif plusieurs expériences en confection de vêtements et en design de mode_ la formation est plutôt révélatrice. « La formation en Graffiti m’a fait reconnaître que j’appartenais vraiment à ce monde, le monde coloré », dit l’étudiante en arts plastiques à l’école nationale des arts.

L’amour du graffiti donc, c’est certain. Mais cela semble ne pas aller seul. Il rencontre quelque chose : comme un besoin d’affirmation. « Je me suis mise au mur avec le besoin de briser les limites imposées aux femmes.

« L’amour des arts, de tous les arts », indique EC. L’amour du graffiti donc, c’est certain. Mais cela semble ne pas aller seul. Il rencontre quelque chose : comme un besoin d’affirmation. « Je me suis mise au mur avec le besoin de briser les limites imposées aux femmes », nous dit EC. « Parce  que le graffiti connaît une certaine censure, on pense qu’il ne peut pas être pratiqué par des femmes. Nous autres femmes, nous acceptons cela. Les hommes jouissent ainsi le privilège d’être libres et entendus, mais pas nous », poursuit celle qui porte le rêve d’être comme OliGa. C’est-à-dire de devenir une graffeuse icônique.

La native de Port au Prince promet de se mettre à l’ouvrage. Mais le hic : la situation du pays qui englue et n’offre pas de grandes perspectives aux jeunes. « J’espère vraiment pouvoir trouver un moyen de continuer à pratiquer. Mais vu les contextes et la situation dans le pays, on ne peut pas trop s’exposer mais j’espère vraiment créer avec ces méthodes », fait observer celle qui confie s’intéresser au graffiti grâce aux travaux de l’imminent Oliga.

Jemminah Alfred, de son nom d’artiste JEIAH, 19 ans est diplômée du centre d’art en Dessin académique. Ce sont les murs en face de chez elle qui l’ont aiguillée vers cette pratique artistique qu’est le graffiti.

« Plusieurs réalisations murales en face de chez moi ont suscité mon intérêt pour le graffiti », dit-elle.

Etant déjà initiée à l’art, la formation en graffiti lui a été plutôt très utile.  «Ça m’invite à aller plus loin pour découvrir d’autres aspects dans le domaine », dit Jemminah. « Très enrichissante, cette formation m’a permis de percer davantage le monde artistique et de rencontrer d’autres artistes ayant des styles différents », ajoute celle qui regrette que les femmes comme dans beaucoup d’autres domaines sont si peu à investir le terrain de l’art. Notamment du graffiti. « Mais avec le temps plus de femmes commencent à s’y intéresser », nuance-t-elle, confiante.

Jemminah et Excellenchard sont deux jeunes pousses pleines de projets artistiques. On espère que la situation du pays s’améliore et qu’elles pourront exercer leur passion et ravir celles et ceux qui sont sensibles à la beauté du geste artistique.

Adlyne Bonhomme


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