Victoria Montou, communément appelée Tante Toya est reconnue par la majorité pour avoir élevé et éduqué l’un des pères fondateurs de la nation haïtienne : Jean-Jacques Dessalines. Néanmoins, sa renommée ne devrait pas trouver sa source uniquement dans les liens de parenté et le rôle crucial qu’elle a joué dans le devenir de l’Empereur, son neveu. La vie d’une combattante de cette trempe regorge d’éléments inspirants qui sont dignes d’être racontés, ses positions révolutionnaires, par exemple.
Il n’est pas surfait de dire que Toya été une mère et un mentor pour Dessalines. Elle insuffla en lui les idées révolutionnaires et l’instruisit sur ses origines et l’histoire de leurs ancêtres du Dahomey, le sens de la liberté, l’art du combat et le maniement d’outils de combat. Alors que ses efforts fructifiaient et que cet homme s’élevait en grandeur, elle ne se contenta pas de rester en arrière-plan et d’être dans son ombre. Elle aurait très bien pu le faire et il n’y aurait pas eu de blâme ; il suffit de considérer d’où lui vient l’admiration de ceux qui ne la reconnaissent qu’en tant que Tante Toya, tante de Dessalines.
Mais elle ne s’était pas arrêtée là. Et heureusement. Elle a été dans la pratique de ce qu’elle inculquait à Dessalines. Elle a activement pris part au combat pour la liberté et mené elle-même des mouvements de libération en 1792. Jusqu’à l’indépendance nationale en 1804, elle défendra la cause de la liberté par les armes. Ses actes révolutionnaires lui ont valu l’arrestation et l’emprisonnement, après avoir été séparée de Dessalines par un ancien maître, Henri Duclos.
Rien ne pouvait l’arrêter. Sur l’habitation où elle a été transférée, elle continua à faire avec cinquante hommes le même travail qu’avec son neveu : mettre l’importance de la liberté des hommes et des femmes réduit.e.s en esclavage à sa place, c’est-à-dire au premier rang.
Si donc Toya a été faite Duchesse royale avant sa mort, avec le sacre de Jacques Ier en 1805, si aujourd’hui une fondation locale qui promeut le leadership des filles porte son nom, c’est avec honneur et mérite. Parce qu’elle a su être à l’arrière et au front dans la quête de la réhabilitation de la liberté des Noirs.
Magdarline Gédéon