Abydarlyne Jouth au service de la culture et de la jeunesse de Plateau Central

Dans la commune de Lascahobas, une femme se distingue par son énergie, son engagement et sa foi en la jeunesse. Abydarlyne Jouth, fondatrice du Sant Kiltirèl Lawouze (SKL), œuvre depuis plusieurs années à faire de la culture un levier d’éducation, de solidarité et d’émancipation.

« Le SKL offre des consultations et des formations gratuites aux écoles et aux organisations communautaires », explique-t-elle. Plus qu’un simple espace culturel, Lawouze est devenu un véritable carrefour d’échanges : « C’est un lieu de rencontres pour plusieurs organisations de jeunes et un pont entre les artistes de différents horizons et ceux de la communauté. » Pour Abydarlyne, les jeunes sont au cœur de son engagement. Elle cible particulièrement « les enfants et les jeunes filles, surtout ceux qui vivent dans les zones les plus reculées ». Cette orientation, profondément sociale, traduit sa conviction que la culture peut transformer des vies et réveiller des consciences.

Le parcours du centre est déjà marqué par de belles réussites. Abydarlyne cite avec fierté le Festival Goûter Littéraire, qui a permis aux jeunes du Plateau Central de rencontrer des figures emblématiques comme Évelyne Trouillot, Kettly Mars, Yanick Lahens, Yves Dorestal, le poète Jeudinéma, ou encore des artistes tels que BIC, Tafa Mi Soleil, Défi Powèt Rekòlte et Herby François. « Ce festival a créé un véritable éveil culturel dans la communauté », confie-t-elle. Mais derrière cette vitalité se cache un défi constant : la recherche de moyens. « Le centre vit des contributions d’amis, de camarades et parfois des projets auxquels il participe », reconnaît Abydarlyne, consciente que la passion seule ne suffit pas à faire vivre une institution culturelle. Pourtant, sa vision reste claire et ambitieuse : « Lawouze projette d’avoir un annexe pour implémenter ses projets dans divers départements du pays, surtout dans les zones les plus reculées. Nous voulons réunir les enfants et les jeunes autour du livre et de la culture, promouvoir la solidarité et l’engagement citoyen afin de raviver l’espoir dans ces régions souvent oubliées. » Pour Abydarlyne Jouth, la culture est un pilier du changement social : « Travailler au rehaussement de la culture, c’est contribuer à l’épanouissement des êtres humains, les rendre capables de lutter pour des communautés justes et équilibrées. » Les projets à venir témoignent de cette même détermination. En 2025, le centre prévoit un championnat de lecture, des séminaires éducatifs avec des professionnels haïtiens et étrangers, la septième édition du Goûter Littéraire, ainsi qu’une anthologie poétique réalisée avec la structure Laviwonn Pwezi. Un concours de poésie est également en préparation, destiné à encourager les jeunes talents du pays.

Mais Abydarlyne ne se limite pas à Lawouze. Passionnée de voyages et d’écriture, elle aime « faire de nouvelles rencontres, organiser des activités festives et accompagner des groupes de jeunes dans la création de structures organisationnelles ». Elle travaille aussi comme officière dans un projet visant « l’autonomie politique et économique des jeunes, particulièrement des filles à Lascahobas ».

Comment parvient-elle à tout concilier ? Avec philosophie : « Je crée du temps pour chaque parcelle de ma vie afin que l’une n’éclipse pas l’autre. L’essentiel, c’est de savoir organiser sa vie. » À travers Lawouze et ses propres engagements, Abydarlyne Jouth incarne une génération de femmes haïtiennes qui bâtissent, inspirent et élèvent les autres. Son parcours, empreint d’humanité et de conviction, prouve qu’avec de la passion et une vision claire, la culture peut devenir un moteur puissant de transformation sociale.

Darline Honoré