Thòya, un modèle d’engagement pour la relève de l’agriculture en Haïti

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Très présente sur les réseaux sociaux, elle ne s’accorde aucun répit quand il s’agit de la culture de la terre. C’est une femme d’action. “Mètrès Thòya”, le nom qu’elle s’est donné pour honorer ses liaisons ancestrales, peut être considéré comme une vraie gardienne de nos coutumes agricoles et traditions. Le plaidoyer hautement patriotique qu’elle mène depuis 2018, à travers Thoy’art et ses travaux dans le domaine de l’agriculture avec ARL (Agrikilti-rebwazman ak lelvay), peuvent en témoigner.

Le domaine de l’agriculture, souvent traité en parent pauvre en Haïti, est généralement considéré comme l’affaire des personnes âgées. On pourrait compter sur les doigts d’une main, les jeunes en Haïti qui s’en préoccupent réellement. Pratiquée majoritairement dans les zones rurales, et ceci de manière archaïque, la culture de la terre ne serait pas dans l’intérêt des jeunes qui habitent la région métropolitaine. Cependant la donne tend à changer depuis quelques temps. Thòya est de cette faible catégorie. Selon la jeune femme ce désintérêt doublé de l’indifférence serait la faute de notre système éducatif et nos formations, sans se rendre compte. “Même au niveau de la société de manière générale nous n’avons pas valorisé le travail des agriculteurs, nous utilisons même le mot “Paysan” comme insulte, quolibet donc il est tout à fait normal que le jeune, bien que fils d’agriculteur, n’ait pas envie de reprendre le metier de son père” a-t-elle fait remarquer. Se tourner vers la terre est pour cette dernière une vocation et active l’envie aux autres d’embrasser ce metier noble, combien utile à un pays. L’aboutissement d’un projet se passe toujours par la venue d’idées concrètes suivies d’un processus de désignation et en dernier lieu poser des actions.Tout compte fait, en 2018, Thòya prend les choses en main. Si Thòy’Art est l’idéologie, la pensée, d’où la mission est de véhiculer un message de retour vers l’authenticité pour embrasser notre culture, notre histoire pour la réhabilitation de l ‘ être haïtien. Quant au Mouvement ARL, c’est le bras armé de toute l’idéologie qui découle de ce travail de reconquête. D’après Thòya, ce choix consiste en un appel de l’intérieur, du tréfonds de son âme, des urgences auxquelles le pays fait face notamment dans le domaine de l’agriculture où l’on importe plus qu’on ne produit. “Donc, comment ne pas mettre la main à la pâte pour essayer d’implémenter autre chose, pour donner de l’espoir aux plus jeunes sur la nécessité de se mettre au service de leur pays?”, s ‘interroge-t-elle. Et la production végétale révèle d’une importance capitale. Car en sa qualité de Vodouvi, prendre soin de la terre est plus que vitale pour Thòya qui reconnaît que “constituant un élément central des quatre éléments majeurs du vaudou…il ne saurait y avoir de vaudou sans la nature et la terre en fait partie”. Par ailleurs, en observant ses dires et actes, il est aisé de voir que les enfants jouent un rôle prépondérant dans la vie de l’activiste environnementale. Thòya est tour à tour éducatrice, photographe, metteuse en scène, coiffeuse, grande sœur ou maman… Que ce soit sur Facebook ou autres réseaux sociaux est une engagée pour le droit des enfants. Elle prône un retour aux origines avec les petit.es. “L ‘éducation des enfants est un pilier fondamental pour la transformation de toute société et j’y tiens particulièrement à les avoir avec moi pour être sûre qu’ils seront formés tel que je le conçois”, a-t-elle martelé. Un travail qu’elle qualifie de gratifiant, de ce fait elle ne rechigne face à aucun effort en dépit des hauts et des bas. On s’en rappelle du départ soudain de Nègès Da, une petite fille qu’elle avait pris sous son aile, décédée à l’âge de 8 ans au cours du mois de janvier 2022. Le temps fait son cours mais “notre lien est plus qu’indefectible. Car Da est présente comme jamais dans tout ce que j’entreprends, le travail avec les enfants, mes décisions, mes engagements,mes peines ou mes joies”, a-t-elle déclaré comme une sorte d’hommage à la petite qui portait l’expression du flambeau du projet de Thoy ‘art auprès des internautes. Côté projet, Thòya préfère ne pas exposer ses perspectives pour une raison dont nous sommes tous . tes conscient.es. “Nous travaillons, je n’aime pas trop me projeter vue l’instabilité quasi-,chronique du pays, je préfère avancer à petits pas”, a-t-elle fait savoir. Les difficultés qu’elle ne tient pas à identifier, dit-elle, sont multiples au regard du contexte sociopolitique et économique du pays. Pragmatique, Mètrès Thòya invite ceux et celles qui sont intéressé.es aux métiers de la terre dans un premier temps, à bien réfléchir, forger leurs convictions et s’armer d’une forte dose de détermination, puisque selon elle, on en aura besoin foncer. Martine, prénom que ses parents lui ont donné et Phébé son nom de famille qui, selon elle, avait été attribué par un colon à un esclave dont elle serait la descendante. Donc “je ne me vois pas porter un nom que je n’ai pas choisi, que mon ancêtre était obligé de porter tel un fardeau”, confie-t-elle.

Dorénavant Thòya, elle arbore son identité avec fierté. “Ce bout d’île est à NOUS et c’est à NOUS seuls de nous en occuper….Tout ce qu’on est, tout ce qu’on a réussi, toutes nos gloires NOUS les avions gagnées seuls sans l’aide d’aucun autre pays, aussi amical ou bienveillant soit-il donc n’esperons rien de leur part, ce n’est pas dans leur intérêt que NOUS soyons fort.es ….ils savent de quoi Nous sommes capables….Agissons intelligemment dans l’intérêt de notre Ayiti”, conclut-elle. Des mots qui imagent parfaitement cette patriote dans l’âme.

Shylène Prempin


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