Quand l’IDEH documente les violences que subissent les femmes et les filles handicapées en Haïti

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Dans le cadre du projet « Égalité des chances et accès aux mécanismes de réponse et institutions de lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles ( VFF ) pour les femmes et les filles en situation de handicap ( FFH) », l’Initiative pour un Développement Équitable en Haïti ( IDEH) a réalisé en 2021 une étude titrée « Étude sur les violences de genre faites aux femmes et aux filles handicapées » . Cette étude qui a bénéficié du support du fond d’affectation des nations unies pour l’élimination de la violence faites aux femmes , a été réalisée dans trois villes du pays à savoir, Port-au-Prince, Hinche et Gonaïves.

L’ étude sur les violences de genre faites aux femmes et aux filles handicapées est l’approfondissement d’une précédente étude réalisée en 2017 par l’IDEH sur les violences basées sur le genre (VBG) que subissent les femmes et les filles handicapées. Cette étude a été réalisée dans le but de fournir une analyse à la fois qualitative et quantitative sur la question des VBG et des personnes en situation d’handicap et ainsi de permettre à l’IDEH et à ses partenaires de mieux s’armer afin de combattre les violences que subissent les femmes et les filles handicapées.

Cette étude a touché deux centaines de personnes dont 70% femmes contre 30/100 d’homme. 62 % des femmes et filles handicapées ont subi un acte de violences dans les 6 mois qui ont précédé l’enquête. L’étude révèle que les formes de violences les plus présentes sont la violence verbale dont le taux est de 39% , la violence psychologique de 20% , la violence physique de 13% et enfin la violence sexuelle avec un taux de 11% . Toutefois il a été remarqué qu’il y avait la présence d’un déni de violences chez certaines survivantes et que pour d’autres la violence conjugale est considérée comme normale donc il n’est pas jugé comme étant un acte « répréhensible » .

Dans le cadre de cette étude, IDEH a pu remarquer que les violences que subissent les Femmes et filles handicapées sont occasionnées assez souvent dans leur milieu de vie. En effet, le bourreau est assez souvent un proche de la survivante. Les chiffres ont révélé que dans 17% des cas, il s’agit d’un membre de la famille, dans 40% des cas, il s’ agit d’un voisin et dans 36% des cas, il s’ agit d’un membre de la communauté. Dans l’ensemble, 43% des survivantes ont été victimes dans leur communauté, 37% dans le voisinage de leur résidence et 21% dans leur famille. L’étude souligne égalent que 63% des FFH interrogées n’ont aucune activité génératrice de revenus .

Les problèmes d’accessibilité de l’espace public pour les personnes en situation de handicap expliquent pourquoi les FFH sont victimes à l’intérieur de leur communauté et c’est ce qui occasionne le fait qu’elles ne portent pas plainte à cause des pressions , des menaces et de la banalisation de la violence qui peuvent en découler.

À mi -chemin entre les croyances populaires, le patriarcat et le handicap des victimes , l’étude a fini par conclure que les FFH n’ont pas vraiment accès à l’éducation sexuelle et qu’elles n’ont pas d’accès aux informations clés concernant les VBG. Et qu’il existe une certaine impression que les FFH ne sont pas concernées par les violences faites aux femmes et aux filles. Les FH n’ont pas les ressources nécessaires pour induire des actions en justice ou pour assurer leur frais médicaux et que les parents ne protègent pas suffisamment les filles handicapées.

L’IDEH recommande que l’on renforce la cohésion sociale et l’organisation des personnes handicapées. L’institution montre la nécessité pour que ces questions soient soulevées dans l’espace publique, que l’on fasse de la question des personnes handicapées plus précisément des femmes et des filles handicapées une question sociale au lieu de juste la reléguer aux ONG. Il importe de miser sur l’inclusion et l’autonomisation des personnes handicapées et sur le renouvellement du féminisme haïtien en vue de la prise en compte des besoins spécifiques des femmes et des filles handicapées.

Thara Layna Marucheka Saint Hilaire


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