Quand Ada séduit les jeunes féministes haïtiennes avec sa musique « Defile »

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« Defile », c’est surement cette chanson qu’on voit dès qu’on parle de la chanteuse Ada Sénat. Si ce morceau cartonne et est écouté en boucle par la gente féministe haïtienne, pourtant la jeune vocaliste a une histoire bien ancrée dans cette composition. Outre l’intérêt manifeste de faire de la musique, ce qui a toujours été une passion chez elle, mais c’est aussi la peur de se lancer, de s’afficher, de se produire sur la scène qui ont failli la faire passer à côté de l’exploration de son immense talent qu’elle exprime dans « Defile ».

Ada Sénat, née en France, a le vent en poupe. Elle y a vécu les dix premières années de sa vie. Dès son plus jeune âge, elle côtoie les rythmes musicaux du terroir lors de ses visites aux Cayes, en Haïti aux côtés de sa famille qui l’aident peu à peu à forger une identité et à agrandir son répertoire teinté d’afro beat, de musique racine, de reggae. Defile, sorti en 2015, a été un coup d’essai, un coup de maître : un titre inspirant qui séduit la génération féministe haïtienne et de la diaspora. Aux dires de la chanteuse, elle n’énumère plus combien de fois elle a chanté et dansé devant sa glace, toujours tiraillée par la peur de le faire devant un public. Tandis que la musique demeurait toujours sa passion :

« Faire de la musique, c’était mon rêve, je ne savais pas si je le réaliserais ; je passais de la chanson à la danse et mon groupe n’existait plus. Ce sont les gens de mon entourage qui m’ont motivée à aller plus loin. »

Raconte Ada.

De cette peur est née ce morceau dont les paroles sont de l’interprète et la musique de Dener Ceide, musicien et compositeur de talent. La chanson s’est taillé une place favorite sur la playlist des féministes haïtiennes. Le refrain de cette chanson dans laquelle on peut entendre les paroles: « Pare ko w pou yo wè w » parle d’abord des propres limites qu’elle s’était fixées, de la peur de s’afficher, de montrer au grand public son talent.

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C’est en chantant et en dansant à l’école dans des expositions qu’Ada alla compter ses premiers pas dans la musique. Elle a formé son propre groupe de reggae à l’université aux Etats-Unis, appelé Trinity qui a existé pendant 4 ans. Fin 2009, le succès du groupe a chuté, ce qui l’a portée à prendre sa carrière solo en main. C’est alors qu’elle sort Defile suivi de Yo pa moun. C’est un succès total que le tube rencontre auprès de la jeune génération féministe. Ada ne lésine pas sur les titres qui attirent plus d’un, comme Yo Pa Moun qui expose la situation de dévalorisation dont sont victimes certaines personnes à la peau foncée. Mais alliant pensée positive, chère pour les incitations à la confiance en soi, les féministes ont adopté la musique Defile pour ses propos valorisant la gente féminine mais aussi pour la vidéo composée exclusivement de femmes. On y voit des femmes qui jouent, dansent, chantent sur un rythme entraînant.

« Son effet sur les autres femmes est extraordinaire et surpasse mes attentes. Parce que la musique explique mon propre rapport avec le public, un rapport de timidité que s’il avait perduré, m’aurait fait rater bien des occasions profitables pour ma carrière »

Confie Ada.

La musique est sorti en novembre 2015, au moment où des femmes se demandaient quoi faire de leurs vies, se recherchaient et ressentaient l’intime besoin de se valoriser. La musique tombe d’aplomb. Comme l’a si bien dit l’interprète de : « Yo pa moun » : elle n’y voyait pas un « hymne féministe » comme on a tendance à le considérer, mais la chanson voulait exposer un rapport à soi. Une découverte et un succès s’ensuivent :

« Le projet Defile c’est un projet dont je suis vraiment fière et qui a fait son petit bonhomme de chemin en Haïti, aux Etats-Unis dont à New Jersey »

a-t-elle fait savoir.

Par son expérience et la couleur de ses textes, certains tentent même de lui coller l’appellation d’artiste engagée alors que ce n’est pas un registre qui l’attire trop car ses textes parlent prioritairement de ses expériences, de ses réflexions sur ses expériences et des histoires qu’on lui a racontées.

Interprète, compositrice, Ada Sénat a pris la musique très sérieux après que le momentum de son groupe avait baissé. Elle pensera à lancer une carrière solo, avec les tubes qu’on connait parce qu’elle comprend l’importance de la musique dans la vie des siens, a-t-elle déclaré. Elle accorde une grande importance à ses textes même si on peut constater que ses vidéos sont tout aussi bien travaillées. C’est ainsi que malgré le succès de la chanson videoclipée Defile, Ada affirme que c’est Viv qui invite à danser, qui est plus connu et dont le texte attire encore plus que Defile.

Celle qui collabore actuellement avec BelO sur ses prochaines chansons ne promet pas de se cantonner à un style musical propre mais ponctuera son univers de racine, de reggae et de jazz. Elle nous confie qu’elle n’aime pas parler d’amour mais d’autres types de relation, elle compte explorer d’autres thèmes. Aussi, promet-elle, beaucoup de couleurs dans ses prochaines compositions, même si aucune date pour la sortie de son premier album n’a encore été retenue. Autant croire que ses groupies pétillent d’impatience.

Jeanne-Elsa Chéry


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