À l’heure où Haïti traverse l’une des périodes les plus troublées de son histoire récente, le Festival Féministe NÈGÈS MAWON revient avec force pour sa 8ᵉ édition, prévue du 17 au 19 juillet 2025, autour du thème puissant de “POUVWA”. Porté par une vision d’inclusion, de justice et de transformation sociale, l’événement s’impose comme un espace de résistance, de réflexion et de création au féminin.
Un thème fort : POUVWA
« Le thème “POUVWA” constitue l’essence de cette édition », explique Marie Lunix Hogla Cerisier, membre du Comité Exécutif de NÈGÈS MAWON et responsable de communication du festival. Cette année, l’objectif est double : interroger l’accès des femmes au pouvoir et repenser les espaces de gouvernance à travers le prisme de l’inclusion et de la justice. Pour l’organisation féministe NÈGÈS MAWON, le pouvoir politique ne peut être dissocié de la transformation sociale. Il doit permettre de planifier et d’améliorer les conditions de vie de toutes et tous. « Nous voulons que nos festivalières et festivaliers comprennent que le pouvoir politique influence directement le pouvoir économique et la stabilité d’un pays », souligne-t-elle.
Un festival engagé contre les inégalités
Comme chaque année, le festival est aussi un moment pour porter des revendications fortes. Cette édition dénonce « la corruption, l’impunité et l’inaction des autorités haïtiennes », ainsi que l’absence de volonté politique à intégrer les femmes dans les espaces de décision. Le non-respect du quota d’au moins 30 % de femmes dans les structures politiques est pointé du doigt. Le festival souhaite également mettre en lumière le parcours de femmes politiques pour inspirer les jeunes générations à investir les sphères de pouvoir et faire avancer les agendas féministes.
Un espace d’expression féministe depuis 2016
Depuis sa création en 2016, le Festival Féministe NÈGÈS MAWON s’est imposé comme un catalyseur de discussions, d’actions concrètes et de sensibilisation sur les enjeux de l’égalité de genre en Haïti. « Chaque édition est une occasion de pointer du doigt les freins à notre progression vers une société plus juste », affirme Cerisier. Malgré les défis, notamment la situation sécuritaire et politique du pays, l’équipe continue de tenir bon : « Nous vivons dans un pays en plein conflit, avec un État absent. Organiser ce festival devient un acte de résistance ».
La poésie comme langage de lutte
Grande nouveauté cette année : un concours poétique a été lancé pour offrir aux jeunes femmes féministes un espace d’expression. « La poésie est pour nous un médium puissant. Elle permet de faire le lien entre art et militance », explique la responsable de communication. Les textes sélectionnés seront déclamés lors de la cérémonie de clôture, créant une passerelle entre revendications, émotions et créativité.
Se retrouver, malgré tout
L’un des moments les plus attendus de cette édition est justement cette retrouvailles avec le public. L’an dernier, la situation sécuritaire avait empêché toute rencontre physique. « Cette année, nous avons hâte de reconnecter avec nos festivalières et festivaliers autour d’un programme riche et stimulant », confie-t-elle.
Un message fort pour le public
Au terme de cette 8ᵉ édition, l’équipe du festival espère que le public repartira avec une conscience accrue de ses droits, notamment économiques et politiques. L’événement ambitionne de renforcer la lutte contre les discriminations systémiques et de faire comprendre à toutes et tous l’importance de la participation des femmes aux prises de décisions. Une édition résolument politique, culturelle et militante.
Darline Honoré