Hier, lundi 25 juillet, l’organisation féministe Nègès Mawon a tenu une conférence de presse de lancement de la cinquième édition du festival féministe, au local de Yanvalou restaurant situé à l’avenue N. Une palette de personnalités du secteur artistique et de partenaires du festival ont intervenu pour l’occasion sur le bien-fondé et la programmation de cette nouvelle édition qui déroule sous le thème : « Mon corps au sens propre et défiguré ».
Medjine Nestant, qui a ouvert la conférence de presse a fait une mise en contexte sur ce qu’est le festival Nègès Mawon et ce qu’il poursuit comme objectif avant de donner la parole au panel composé directrice artistique du festival, Gaëlle Bien Aimé qui présidait la conférence de presse, le chargé culturel et de communication à l’ambassade de Suisse en Haïti, Monsieur Grégory Jean, le représentant du programme Kore kilti de l’Union Européenne, Monsieur Giscar Bouchotte Nathania Périclès et Joehanne Joseph. Après avoir lu en version créole l’éditorial écrit dans le cadre du festival, Gaëlle Bien Aimé a donné la parole respectivement à Monsieur Grégory Jean et à Monsieur Giscar Bouchotte, deux des partenaires du festival.
« C’est toujours avec beaucoup de plaisir que l’ambassade de Suisse en Haïti répond à l’appel à proposition que lui fait le festival Nègès Mawon », a dit Grégory Jean. « Nous apprécions le fait que les organisateurs ne se découragent pas et reprennent le festival quoiqu’il n’y ait pas grand-chose de changé, voilà deux ans que cette activité n’a pas eu lieu. Nous à l’ambassade de Suisse, nous apprécions le fait que le festival mette en avant tout ce dont nous disposons comme expressions culturelles en Haïti en vue de faire le plaidoyer pour le respect des droits des femmes et des filles. C’est un plaisir de continuer à soutenir cette initiative combien louable », a-t-il ajouté.
« Nous apprécions le fait que le festival utilise des médiums variés pour adresser les problèmes. Cela prouve qu’il y a plusieurs moyens d’arriver à une solution, a fait savoir Monsieur Bouchotte. « C’est un plaisir pour le programme kore kilti de rejoindre le festival Nègès Mawon cette année », s’est-il réjoui.
« On est dans ces questionnements : qu’est ce que ce corps ? Comment le regarde-t-on ? Et comment existe-t-il dans un contexte comme celui dans lequel nous vivons ? Qu’est-ce que ce corps devient quand il doit se déplacer ? Quand il reçoit des balles ? Quand il est violé ?… C’est de ça qu’il s’agit dans ce festival. Faire des performances et écouter les gens parler, ça nous permet de savoir où nous en sommes », a expliqué Gaëlle Bien Aimé, avant de donner la parole à l’artiste et gagnante de l’appel à projet du festival Nègès Mawon, Nathania Périclès. Nathania, scénographe a présenté entre autres, son travail titré « Désincarnée », qui sera joué à Yanvalou dans le cadre du festival.
« Le spectacle ‘’Désincarnée’’ part d’un ensemble de constats, mais parle d’abord de l’histoire des tresses ; de la liberté qu’ont les femmes noires de disposer de leurs cheveux comme il leur semble bon. », a expliqué Nathania Périclès, qui a évoqué le spectacle de Tafa pour sensibiliser les gens qui n’y voient que la nudité et qui n’ont pas compris que ce corps incarné n’est pas celui de Tafa. Mais celui de toutes les femmes. Dans ce cas, le corps est un instrument. Un corps-objet, dit l”artiste, qui a appelé à décanter le corps incarné et le corps de la personne. D’où le sens du spectacle ”Désincarnée”. « ‘’Désincarnée” parle d’un corps dédoublé, un corps possédé, un corps dépassé, raconte Nathania, qui a dit se désoler du fait que les gens ne prêtent aucune attention à ce qu’ont accompli les femmes et que tout ce qu’iels remettent en question, c’est leur sexe, leurs contacts et leur apparence avant d’apprécier leur travail, leurs recherches et leurs années d’études…
Gaëlle Bien-Aimé a dégainé la programmation du festival, qui débutait quelques heures après la conférence, en ayant donné une idée de chacun des spectacles, des textes, des acteurs et de tout le déroulé de ce bel événement.
Joeanne Joseph a parlé aussi de sa création « Danta », l’une des deux plus grandes créations avec ‘’Désincarnée’’ de Nathania Périclès. « Danta » c’est un monologue dont Joehanne est l’autrice, metteuse en scène et celle qui le joue.
« Je dois dire que Danta est un texte qui aborde l’avortement », souligne l’autrice. « Il s’agit de donner la chance aux femmes de dire ce qu’elles en pensent. Ce qu’elles sentent et comment elles peuvent le charrier. Et je voulais que d’autres gens écoutent ce que les femmes pensent par rapport à cette question, a expliqué la comédienne, qui a ajouté que la plupart du temps, celles qui avortent n’ont pas la chance d’en parler.
Gaëlle Bien-Aimé a souligné une création titrée « Illégal » dans laquelle seront joués des textes de Gessica Généus, de Kettly Mars et de Darline Gilles. La réalisation et la direction artistique de « Illégal » est signée Gaëlle Bien_Aimé et la direction photographique, Wendy Désert. Et surtout le concert, le vendredi 29 juillet au centre culturel Brésil-Haïti.
En plus des spectacles, le festival ‘’Nègès Mawon’’, organise des ateliers de formation, des conférences et beaucoup d’autres activités. Pour tout savoir sur le festival, sur les rendez-vous, les spectacles, rendez-vous sur la page Facebook Nègès Mawon.
Adlyne Bonhomme