Magdarline Gédéon, Fernide René et Rodeline Doly sont respectivement les trois gagnantes du concours de récits littéraires lancé par l’Association Mus’Elles, du 8 Mars au 30 avril 2022, sous le thème: ” Haïti Aujourd’hui”. Un concours qui, dans son ensemble, promouvait la valorisation de la production féminine sur la situation actuelle d’ Haiti .
Du 8 mars au 30 avril 2022, Mus’Elles désservait la toute première édition d’un concours de récits littéraires, destiné spécifiquement aux femmes et aux filles. Le thème retenu, “Haïti Aujourd’hui”, pour inviter ainsi toutes les femmes haïtiennes de dix huit à quarante ans, à prendre la parole. À s’exprimer sur la situation actuelle du pays. À mettre des mots sur leurs vécus, leurs traumatismes et leurs chutes. Et parce qu’il y a toujours urgence de dire dans un pays en eaux troubles comme le nôtre, il fallait aussi inciter nos jeunes femmes à écrire les fléaux sociaux qui nous gangrènent quotidiennement tels que le kidnapping, l’insécurité grandissante, la guerre de gangs; en autres.
Pour la coordinnatrice générale de Mus’Elles, Madame Jeanne-Elsa Chéry, le thème du concours et ce qu’il charrie compte tenu des évènements socio-politiques qui se déroulent actuellement dans le pays; est l’un des consignes qui a été respecté pour la plupart des candidates. En effet, sur une quarantaine de textes reçus, la thématique de la violence ” est centrale dans la majorité des textes”, a-t-elle confié.
Des expériences personnelles pour raconter Haïti d’aujourd’hui
La plupart des candidates, ce qui est sans surprise en cette nouvelle ère du numérique où l’information est à portée de main, ont pris connaissance du concours sur les réseaux sociaux. Soit dans un article publié dans les colonnes d’un média en ligne, soit grâce à l’affiche promotionnelle apperçue sur le statut whatsapp ou dans le storyline de certain.es internautes. Cependant, pour Rodeline Doly, la troisième gagnante du concours avec son texte No Woman’s land la décision d’y participer au début, n’a pas été très évidente. La jeune auteure a été plutôt incitée. ” C’est mon ami, le journaliste Marc Sony qui m’a incitée à participer au concours, il disait que cela rentrait bien dans mes cordes et en regardant les exigences, je me suis dit pourquoi pas. J’avais mon Haïti d’aujourd’hui à raconter”, avoue-t-elle dans une entrevue écrite.
Pour d’autres participantes, principalement la première gagnante, Magdarline Gédéon, participer au concours a été un moyen de mettre à nu ce qu’elle ressent tous les jours: de l’impuissance. Tirée d’expériences personnelles, sa nouvelle intitulée Sous les verrous de la mort, est ancrée dans une réalité crue. C’est tranchant, cruel, violent. Et pourtant vrai. Dans un échange sur whatsapp, elle nous avoue que les faits qu’elles rapportent dans ce récit, sont des évènements qui l’ont particulièrement touché ou qui le touchent encore aujourd’hui de très près. ” La situation à laquelle le pays fait face est critique. Être haïtien.ne en ce moment, c’est presque se sentir coupable d’éprouver de la joie ; et vivre en Haïti aujourd’hui, c’est se sentir prisonnier/prisonnière chez soi avec l’angoisse, la peur, l’insécurité à tous les niveaux et surtout la mort dans les narines”, a-t-elle aussi rajouté.
Fernide René, la deuxième lauréate du concours, est la première pour ne pas dire la seule d’entre les trois gagnantes, à avouer qu’elle était excitée de participer au concours parce que cela lui permettait, au prime abord, d’évaluer son potentiel. D’autant plus, ” Haïti Aujourd’hui” est un thème qui m’interpelle parce que tout ce que j’écris se rapporte à ce pays, sa situation, sur un plan ou un autre”, a-t-elle aussi fait savoir. Quant à son texte, Une vie à reconstruire, la jeune auteure a également avoué l’avoir écrit par fragments. Profond, captivant et touchant, c’est un récit palpable.
Primes et nouvelles perspectives des gagnantes
Les trois gagnantes du concours, à citer Magdarline Gédéon, Fernide René et Rodeline Doly, recevront chacune comme primes ou récompenses; un chèque en USD dont le montant sera varié de la première à la troisième, des gadgets électroniques et des ouvrages sur la thématique du genre. Elles auront aussi la possibilité de contribuer aux productions littéraires et journalistiques de l’association, qui, leur offre déjà un espace de diffusion et un accompagnement dans leurs projets futurs.
Selon Madame Chéry, un ouvrage collectif devra être également publié avec les textes des dix finalistes du concours. Et dans une date proche mais qui ne peut encore être dévoilée, les extraits de ces différents récits, seront exposés dans le cadre d’une journée d’exposition à l’Université Paris 8 en France.
Qu’elles aient déjà participé à un concours, l’ayant gagné ou pas; suite à la délibération des trois membres du jury, les trois gagnantes manifestent les unes autant que les autres, de la gratitude, de la joie et de la fierté. C’est le cas de Magdarline Gédéon, qui dédie cette récompense à son entourage. ” J’ai le cœur rempli de gratitude à l’égard de de ceux et celles qui m’ont mise au courant de ce concours, qui m’ont poussée à participer et qui ont guetté les résultats bien plus que que moi. Je suis bénie d’être entourée de gens qui me réchauffent les ailes et me portent sur les leurs au besoin. Ce prix, c’est le leur”, s’est-elle ainsi exprimée.
D’autre part, les projets et les nouveaux défis semblent aussi se pointer à l’horizon. Fernide René, la deuxième gagnante, parle d’un roman presqu’achevé. Alors, on devrait peut-être s’attendre à une publication prochainement. Quant à Rodeline Doly, troisième gagnante, elle pense à lancer, selon ses dires, son propre blog qui portera le même nom que le tire de sa nouvelle: No Woman’s land. ” Et je n’abandonne pas mon idée de publier un roman le plus tôt possible”, a-t-elle ajouté à la fin également.
La responsable laisse entendre que le jury composé de trois membres avait du mal à départager les textes par moment tant ils sont poignants et bien ficelés. Sans doute, de quoi bien nous régaler, dans les jours à venir.
Jessie Lisa A. R Tataille