Maestra Samie priorise les femmes dans ses cours de musique

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Après l’excellente réception des formations musicales féminines Artiz et Siromiel en Haïti et à l’étranger, Samora Julmisse dite Maestra Samie, actuelle maestra de Siromiel, ne veut pas s’arrêter là. Son nouveau dada ? Transmettre sa passion de la musique par des cours de piano qui ciblent prioritairement les musiciennes et les chanteuses, professionnelles ou débutantes. Un projet ambitieux, qui prend chair dès le 6 décembre 2020, date officielle de début des cours.

En Haïti, les musiciennes et chanteuses professionnelles, peinent à se tailler une place sur la scène musicale. Les difficultés surgissent quand vient l’obligation de composer avec d’autres responsabilités, ou de choisir de s’investir dans une carrière musicale visiblement pas prometteuse pour les femmes. Siromiel, qui fête bientôt ses deux années d’existence en décembre a dû faire face à des difficultés qui se sont amplifiées au cours des années, révèle Samora, keyboardiste du groupe. Le jazz qui se veut exclusivement féminin n’a pas été épargné par de nombreux défis, notamment le plus récurrent : l’irrégularité de ses membres. Une situation qui l’a souvent amenée, en tant que maestra du groupe, à penser au remplacement d’une musicienne par un pair masculin, plus facile à trouver. Or, Siromiel entend contrebalancer cette présence quasi hégémonique des jazz haïtiens composés uniquement d’hommes et faire passer le message que les femmes sont bel et bien performantes dans tous les styles musicaux, y compris, le compas.

Les musiciennes et chanteuses professionnelles comme premières cibles

Murie par ses propres expériences de collaboration avec les femmes dans le secteur musical, Julmisse s’est résolue à transformer les inconvénients en proposant des alternatives et surtout, en se faisant une idée très précise de ses objectifs. Face aux difficultés pour trouver des femmes instrumentistes lors des prestations de Siromiel, elle a décidé, avec le support d’autres membres, à ne pas les laisser constituer un empêchement sur son chemin. Déjà, pour la musicienne qu’elle est, le flagrant déséquilibre entre les sexes sur la scène musicale lui impose moult réflexions sur l’utilisation du temps d’apprentissage chez les femmes et les hommes. Ses cours dans des écoles publiques et privées n’ont toujours amené qu’un petit nombre de femmes ; très souvent dans les cours, une seule femme était inscrite contre une quinzaine d’ hommes. Elle croit fermement qu’elle doit changer de stratégie et de méthode. Ce, en vue de faciliter l’apprentissage de cet art assez complexe, de se positionner dans la proposition d’alternatives, d’agir au lieu de se plaindre.

Développer un programme d’apprentissage de la musique qui vise les artistes et chanteuses évoluant en Haïti, éveiller leur créativité, les aider à se professionnaliser davantage, tel est le beau cocktail que propose Samora dans ses prochains cours de musique. Et, ce n’est pas tout. Des cours de piano pour permettre aux femmes de pouvoir s’accompagner elles-mêmes sur scène, des cours de chant en vue de les inciter à composer leurs propres morceaux, et être de meilleures vocalises, figurent aussi parmi les ambitions qu’elle chérit. Les enfants ne seront pas laissés pour comptes, ses cours les visent aussi, bien que les femmes demeurent sa toute priorité!

Une « méthode spéciale et facile à apprendre » 

Pour étayer ses propos, la musicienne confie que toutes les grandes chanteuses ont toujours cherché à jouer un instrument, notamment le piano. Cela renforce leurs aptitudes cognitives, leur talent et leur présence sur scène. Elle avoue aussi qu’elle utilise une méthode spéciale et facile à apprendre où elle mélange les différents rythmes musicaux qu’elle joue habituellement. Tout cela, au bénéfice des femmes qui veulent surtout emprunter une carrière de musiciennes.

Les cours seront dispensés en présentiel pour les personnes vivant à Port-au-Prince et en ligne pour celleux qui souhaitent suivre le cursus à distance. Les places sont limitées à 10 personnes pour le premier groupe qu’elle accueille, question de prioriser le travail en petit groupe qui selon elle, serait mieux approprié pour atteindre ses nombreux objectifs.

Jeanne-Elsa Chéry


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