Si les violences domestiques en Haïti sont parfois étouffées par les familles, elles-mêmes, sous la base de l’honneur et du regard qu’aurait la société sur leurs cocons familials; elles ne demeurent pas moins un fléau qui gangrènent la vie de milliers de femmes.

Pas plus tard que ce 4 Mars 2022, l’UNFPA Haïti, l’agence des Nations Unies pour la santé sexuelle et reproductive, a fait savoir que le département du Nord-Est est l’un des départements qui enregistrent “les taux de prévalence les plus élevés de violences conjugales chez les femmes de 15-49 ans en Haïti”. En effet, le pourcentage d’actes de violences à caractère physique, sexuel et psychologique représente 27% des femmes non-célibataires.
Macaya Safe Haven a été créée en Juillet 2020 avec pour objectif de dénoncer et combattre les violences domestiques. Dans une entrevue écrite accordée à Mus’Elles, l’une des fondatrices de l’organisation Schleika Castan, explique que les violences domestiques touchent annuellement 273 000 femmes et jeunes filles entre 14 et 75 ans, d’après une étude du Copenhagen Consensus Center en Haïti. Face à cette situation alarmante, il devient donc beaucoup plus urgent de coordonner des campagnes de sensibilisation, des cellules psychologiques, des groupes d’entre-aide et de pointer du doigt le problème. D’autant plus, ce qui est bien malheureux, l’Etat ne dispose pas d’un système fiable pouvant apporter assistance convenable aux victimes. ” C’est en prenant compte de ces lacunes que nous avons decidé de fonder Macaya. Notre objectif est d’ouvrir des centres de services sociaux offrant des services juridiques, psychologiques et financiers pro-bono dans l’espoir que dans une dizaine d’années, le taux de dépendance financière des femmes par rapport à leurs partenaires connaîtra une baisse, et avec lui le taux de violences domestiques”, poursuit Schleika.
Jusqu’à date, l’organisation Macaya se concentrait sur ” l’aspect éducatif” du problème pour combattre les violences domestiques. C’est une mise en place similaire à une campagne de sensibilisation avec pour objectif d’offrir une éducation à la base aux jeunes filles sur les violences faites aux filles et aux femmes. Selon la fondatrice, l’organisation de part ses premières activités visait à ” aider les jeunes à identifier une relation saine et une qui ne l’est pas, à s’entretenir à des femmes haitiennes influentes ayant accepté de partager leurs experiences, qu’elles soient personnelles ou professionnelles”. À cet effet, Macaya avait reçu, entre Novembre et Décembre 2020 dans des discussions virtuelles, des personnalités féminines comme la journaliste, avocate et auteure de ” 50 parcours de femmes exceptionnelles” Winnie Hugot Gabriel, la musicienne, auteure et actrice Myria Charles Aka Sister M.
Le projet Doulè yon fanm se pou tout fanm” c’ est le premier de ce genre que nous embrassons “, lance Schleika Castan. En effet, le projet Doulè yon fanm se pou tout fanm, est un projet qui s’articule autour des femmes incarcérées et de leur santé hygiènique. Si dans certains milieux reculés, les femmes ne bénéficient pas d’une bonne hygiène menstruelle à cause de la précarité économique et sont parfois obligées de se servir de tissus usagés par exemple; la réalité en milieu carcéral est parfois pire. “Faute d’espace et de ressources, la majorité des détenues du territoire haitien dépendent entièrement des organisations caritatives pour obtenir des produits hygiéniques, surtout les serviettes hygiéniques, vu que les autorités ne jugent pas nécessaires de répondre à ce besoin essentiel. Elles sont regulièrement forcées de fonctionner sans ces articles là, lorsque ces organisations sont incapables d’aider à cause de l’insécurité qui bat son plein ou une nouvelle crise économique qui engendre des complications additionnelles”, explique Schleika Castan.
Le projet Doulè yon fanm se pou tout fanm s’organise autour d’une levée de fonds pour venir en aide aux femmes incarcérées. Selon la fondatrice, ce projet a pour but d’amasser un minimum de 1000$. Cet argent, dit-elle, servira intégralement à fournir des serviettes hygiéniques et d’autres articles de toilettes.
Cette série de levée de Fonds prendra fin ce 8 Mars 2022, à l’occasion de la journée internationale des droits de la femme. La fondatrice espère, selon ses dires, que cette contribution pourra accorder un répit aux femmes incarcérées et qu’en partenariat avec d’autres organisations et associations, elles essaient ensemble ” de trouver une solution plus permanente” .
Jessie Lisa A.R TATAILLE