Souvenir d’enfance

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Ma première journée de plage

Non. Pas du tout.

Non. Je n’étais pas du lot de ces enfants qui allaient à la piscine tous les week-ends… Non, je ne faisais pas partie de ces enfants qui allaient à la plage au moins une fois par mois…

J’étais de préférence cette gamine qui était enfermée entre quatre murs cherchant le monde réel dans l’imaginaire collectif. J’ai été éternellement enfermée. Si ce n’était pas entre les murs de chez moi, eh bien, c’était entre les murs du Collège…

Le Collège ! Justement ! C’était là que j’avais découvert le décor d’une plage pour la première fois…Oui. C’était entre les murs du collège Saint-François d’Assise que j’avais respiré pour la première fois l’air de la mer !

Vous vous demandez sans doute si je suis une folle à lier ? Ou… Du moins… Comment ça se fait qu’il y avait une plage dans une école ?

Euh… Non. Je ne suis pas folle. Et Non. Il n’y avait pas de plage au Collège. En revanche, cette plage dont je vous parle avait existé sous ma plume, entre mes lignes de production écrite.

Je me souviens, comme si c’était hier, de la voix de mon institutrice, Mme Béatrice, demandant aux élèves d’écrire une rédaction pour raconter une de leurs journées de plage en famille !

A cette demande de la maîtresse, imaginez !!! Sur chaque visage qui m’entourait se dessinait une sorte de liesse, qui venait sans doute du souvenir de la mer… Ou des vagues… Ou du soleil… Ou du vent… Ou… Je ne savais pas à l’époque. Mais je pouvais lire, sur chacun de ces sourires, une histoire d’amour différente ! Cela se voyait tellement que toutes les élèves étaient joyeuses à ce moment précis ; ce moment où Madame Béatrice parlait des délices de la plage. Elles aimaient la plage !

Et moi alors ? Vous vous demandez si j’étais joyeuse moi aussi ? Je ne sais pas quel sentiment j’avais. Je peux dire que… En fait, je n’avais presque rien ressenti, sinon que j’étais à la merci de cette joie figurant sur chaque visage qui m’avoisinait… Je pouvais mirer le tableau d’une plage entre les paupières de chaque camarade… Mais je n’avais pas de souvenirs personnels…

Je n’avais même pas la chance d’avoir une famille complète cette année-là… bref ! (C’est une parenthèse.)

Revenons au fait que je devais rédiger une de mes journées à la plage en famille et que, même après avoir éteint douze bougies sur cette planète, je ne savais pas ce que c’était une plage… Parce que… Justement… Je n’en avais jamais visitée !

Le travail devenait pénible ! Je n’avais que l’expression corporelle de mes camarades comme image… Je réfléchissais sur comment j’allais procéder pour avoir au moins une histoire à raconter. Mais rien…

Assise, je tenais un stylo de ma main droite, et l’autre main servait d’appui à ma tête inclinée légèrement, de travers, avec les yeux fixés vers le plafond de la classe. Je cherchais… l’eau de la mer commençait à couler sur mes joues… j’essuyais à chaque fois les vagues qui inondaient mon cahier de devoir posé sur la table… J’étais bronzée par ce soleil de douleur qui m’envahissait… Ma salive était imprégnée de grain de sable, ce qui me donnait l’impression que j’allais m’étouffer… J’avais fermé les yeux afin d’évacuer ma peine… Le flux et le reflux de mes pensées venaient au rythme de mon inquiétude… Je voulais trouver quoi écrire…

La vie s’estompait à peine de moi, quand, soudainement, je m’étais retrouvée sur une plage : je voyais la mer, le sable, les vagues… L’atmosphère était bruyante… Je voyais ma mère courir vers moi avec un ballon de volley-ball, tenant sur sa gauche mon petit cousin Eric… Couchée sur le sable, je les regardais venir…

Et Hop ! Le crie d’alerte de la maîtresse m’avait réveillée de mon hypnose. Je venais de vivre ma première journée de plage en famille.

J’avais souri. J’ai ouvert mon cahier et j’ai commencé à écrire…

Winslow Nitza Cavalier


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