On assiste depuis les années 2000 à de grandes retombées du mouvement nappy. De nombreuses femmes qui, durant toutes leurs vies, étaient prises dans l’engrenage des cheveux lissés, portent fièrement aujourd’hui leurs cheveux au naturel. On pourrait dire qu’il s’agit d’ un grand pas vers l’acceptation de ce de que nos gênes nous ont pouvu. Cependant, en arrière-plan de l’expansion de ce mouvement, un élément essentiel dont on ne parle pas, du moins, pas assez : la révolution des produits capillaires.
Il n’y a pas longtemps que les cheveux naturels ne disposaient pas encore d’une large tribune et se trouvaient coincés dans les rouages des idées discriminatoires et des préjugé sur des femmes afrodescendantes – ordinaires, inconnues ou célèbres – avant-gardistes en ont osé l’adoption. Une rude bataille pas totalement gagnée mais cette possibilité est désormais envisageable.
Le cheveu dit « crépu »- bien qu’une remise en cause de ce qualificatif des cheveux au naturel s’opère, car il porterait une charge négative- n’est obligé de rien. Tressé, bouclé, noué, verrouillé, libre, long ou court : il est tout ce qu’il veut. Il est lui et il est beau. Révolu l’époque où l’idéal était de passer des heures au salon sous la pression des fers à lisser pour « s’occuper » de ses cheveux, prendre rendez-vous pour un défrisage à chaque célébration, chaque meeting, chaque présentation, chaque rendez-vous galant- dit date-, chaque fête. On s’en souvient : il fallait garder les cheveux « sages », en laisse, au moment de comparaître devant le.la supérieur hiéarchique ; sinon c’était un rappel à l’ordre direct pour préserver les standards de l’institution et ne pas « ternir » son image.
Aujourd’hui, c’en est fait de ces obligations. Le cheveu crépu est aimé et représenté. D’une part, l’idée du lissage au fer, du défrisage et du rasage comme solution unique est de plus en plus secouée par l’émergence de la valorisation de ce type de cheveu longtemps tenu en enfant méritant d’être discipliné et corrigé. D’une autre part, la vue du peigne n’effraie plus autant et le plaisir de prendre soin de ses cheveux naturels se découvre à une plus appréciable échelle. Parce-qu’il s’agit bien de tout cela aussi.
Il n’est pas toujours question de s’accepter…
Il ne faut pas accorder le crédit uniquement au processus d’une acception de soi. Ou puisse-t-il être énoncé autrement : Ce processus ne fait pas cavalier seul, il part en convoi avec des facteurs déterminants. Natural hair, happy hair n’est pas la première pensée d’un.e porteur.se de cheveux « crépus » type 4C qui subit les ardeurs du peigne fin. Au mieux on se dira : « Oui, ce sont mes cheveux. Rien contre, mais ce n’est pas agréable ».
Prendre conscience de cette partie de soi pour mieux la mettre en valeur est en majeure est une premiere étape, en revanche, disposer des produits qui en favorisent l’entretien sur une longue période est une pièce du puzzle qui a toute son importance. On peut boire son café à la table de la pratique.
Si les préjugés qui ont sévi pendant des siècles à l’encontre des cheveux « crépus » sont mal fondés, il n’en reste pas moins que leur gestion au quotidien est une tâche de taille.
A tout seigneur, tout honneur !
Entretenir ses cheveux « crépus » peut vite faire déchanter et oublier son appartenance à une idéologie, son allégeance à un mouvement si ce n’est une conviction ancrée sur de bonnes raisons et d’efficaces outils qui en donnent les moyens. Car, si les préjugés qui ont sévi pendant des siècles à l’encontre des cheveux « crépus » sont mal fondés, il n’en reste pas moins que leur gestion au quotidien est une tâche de taille.
Ainsi donc, à l’intérieur des terres sur le territoire nappy, il est de bonne guerre d’élever la bannière de la révolution des produits capillaires. Des honneurs sont dûs aux huiles, aux bains d’huile. masques, crèmes capillaires adoucissantes, pommades, gels hydratants omniprésents sur les étagères des nappy, dans les studios fréquentés au moment de passer d’un look à un autre, au naturel. Ces produits ayant assez récemment investi le marché facilitent les soins capillaires. Hydratés, malléables, faciles à coiffer : les cheveux crépus peuvent l’être à présent.
Il ne s’agit vraiment pas toujours de s’accepter…
Pour bon nombre, l’unique obstacle se rapporte à l’entretien capillaire. Certaines femmes afrodescentantes ne pourront jamais se réclamer du mouvement nappy ou garder leurs cheveux naturels pendant longtemps tant qu’elles n’auront pas trouvé des produits qui le leur permettent. Certains types de cheveux se manient difficilement à cause de leur texture. Ce ne sont pas forcément des femmes qui ne s’assument pas en tant que Noires ou n’acceptent pas leur origine qui se lient d’amitié avec des pratiques et habitudes dénaturant la texture de leurs cheveux.
Le souci de malléabilité est fortement présent dans les discours sur l’entretien capillaire. Assez en tout cas pour intervenir dans la décision de garder ou pas ses cheveux « crépus » au naturel. Les nouveaux produits capillaires sur le marché aident à résoudre ce problèmeet amènent le mouvement nappy à un autre sommet. Là où une idéologie aurait perdu la guerre contre le lissage, le repassage et les défrisants si elle venait seule, une crème capillaire et des huiles adaptées prennent d’innombrables fois le relais.
Magdarline Gédéon