L’équipe du festival en Lisant a organisé une conférence de presse au « Le Centre d’Art », ce jeudi 2 Décembre 2021, en prélude aux activités qui débuteront officiellement le 13 Décembre prochain sous le générique En Lisant Ailleurs.
Du 13 au 19 Décembre 2021, Port-au-Prince reçoit son traditionnel rendez-vous artistique et culturel depuis maintenant six ans : le festival En Lisant. Si les jours ont été mauvais et le contexte de réalisation de cette nouvelle édition particulièrement difficile, c’est tout de même dans l’actualité que les organisateurs.trices ont puisé la toile de fond du festival à savoir la migration. Effectivement, depuis des années, phénomène qui s’est accentué davantage cette année, les haïtien.nes fuient vers un quelconque Eldorado et ceci par tous les moyens possibles. Iels bravent vents et marées, affrontent lianes et serpents venimeux et risquent clandestinement leurs vies. Iels se disent que « l’herbe est plus verte ailleurs » comme le souligne le directeur artistique du festival, Eliezer Guérismé. Et pourtant, quitter ce pays, le fait de partir, ne constitue pas l’unique forme de migration à laquelle nous faisons face. Selon la représentante de la FOKAL, Michèle Lemoine, “Nous sommes des migrants à l’intérieur même du pays. Nous ne sommes pas libres de nos mouvements.” C’est comme s’il y avait un mur de Berlin qui scindait le pays en plusieurs parties et que les bouts ne pouvaient se toucher.
Fiodor Dostoïevski disait que « l’art sauvera le monde », et s’il est aussi un moyen de résistance, de militance ou encore de subsistance, il est aussi un réceptacle où déposer nos questionnements. C’est en ce sens, qu’autour du thème : « À l’Est de Miami ou les rationalités d’une migration inquiétante », la sixième édition du festival laisse matière à réfléchir sur les différentes raisons qui nous poussent à verrouiller, derrière nous, la porte de notre pays. À devenir étranger.ère chez l’autre. C’est aussi une invitation à tous ces artistes qui ont évolués sur la scène théâtrale et qui sont partis, à prendre la parole, à témoigner… à donner de leurs nouvelles.
Réalisée dans un contexte socio-politique difficile, on ne cessera de le répéter, l’édition du festival en Lisant cette année, sera d’autant plus intéressante par la richesse de l’ensemble de ces activités. Pour la première fois depuis 2016, année de la première édition, les organisateurs.trices ont tourné un film documentaire qui reflète le thème du festival. « Cette œuvre cinématographique, Aller simple, questionne la migration vers les États-Unis d’Amérique de 5 comédiennes et comédiens haïtiens ayant occupé les devants de la scène théâtrale haïtienne, au début des années 2000 », peut-on lire dans le dossier. Tout un éventail d’activités est prévu dans le cadre de cette édition et il y aura également un concert : Tranzit de Gaëlle Bien-Aimé. Certains spectacles sont payants et varient entre 200 et 500 gourdes
Au terme de cette conférence de presse, le directeur artistique du festival Eliezer Guérismé, a aussi remercié le support financier et l’accompagnement de ses partenaires : FOKAL, AROCH, Le Centre d’Art, K2D, Haiti Cultural Exchange…
Jessie Lisa A.R TATAILLE