Le féminisme dans le cinéma hollywoodien | Et le fruit de vos entrailles est béni

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Parlons peu parlons série. Je ne suis pas une grande fan de Margaret Atwood. J’estime que son œuvre compte des facilités que je n’ai ni le temps ni l’envie de m’imposer en tant que lecteur. Mais quand en 2017 la plate-forme de streaming Hulu décide d’adapter en série un des livres les plus célèbres de l’auteure qui traite principalement de la place des femmes dans la société et des dérives religieuses, je me devais de la regarder.

La base d’un bon film, c’est le scénario. La réalisation, le montage, le son, la photographie, la direction d’acteur, le jeu d’acteur sont très importants certes mais ne suffisent pas à eux seuls à relever le niveau d’un film – n’est-ce pas le Hobbit ? Jurassicworld est techniquement un très bon film, mais la pauvreté du scénario trop calqué sur son ancêtre Jurassicparc rend l’ensemble incohérent et à reléguer au rang de simples divertissements. Même problème chez plusieurs des opus Marvel de ses dix dernières années, mais ça on y reviendra. Donc, la principale qualité de la servante écarlate est son scénario d’ensemble. L’ambiance de toutes les saisons est déjà posée : un groupe religieux extrémiste conscient du problème que pose la chute drastique de la fécondité a réduit les femmes fertiles au rang d’esclaves sexuelles vêtues de rouge et nommé les servantes. 

Je trouve amusant que ce roman qui emprunte beaucoup à 1984 de Georges Orwell soit paru en 85 et qu’il se déroule aux Etats-Unis d’Amérique. La première chose à reprocher à cette série, c’est au niveau de la réalisation. Le spectateur conscient des longueurs sur plusieurs scènes, parfois même sur tout un épisode a tendance à perdre la gravité de l’action, alors que la série a parié (pari plus ou moins réussi d’ailleurs) sur l’anxiété des spectateurs. La deuxième chose reprochable à cette série, c’est le côté gore qui insiste à gros coup de pelle pour nous mettre dans la tête que des situations comme celles auxquelles nous assistons sont inhumaines. Alors bonjour les scènes de lapidations, de pendaison, de viol, etc. Traité sans mesure ses scènes loin d’apporter de la gravité n’apportent que de la gratuité à l’action. Et sinon quelques acteurs qui n’ont qu’une seule expression le long des trois saisons déjà disponibles la série est assez agréable à regarder. Après tout certaines œuvres méritent d’être vues pour leurs qualités techniques (Avatar) et d’autres pour leur propos (Avatar – le dernier maître de l’air) après m’être farcie deux saisons de cette série en un week-end j’étais psychologiquement épuisé et en même temps curieuse. Je suis sortie de cette série avec deux questions : 

1- Quel est le discours féministe porté par le cinéma mainstream américain ?

 2- Quel a été jusque-là le parcours des femmes dans ce même cinéma ?

Image de la série la Servante écarlate

La question du féminisme dans le cinéma hollywoodien est très intéressant si l’on considère le fait que 90 pourcents des plus gros films du box-office américain et box-office mondial ont pour acteurs principaux des hommes et que dans ses mêmes films les caractères féminins présents souffrent du syndrome Trinity. C’est quoi le syndrome Trinity ? C’est un personnage féminin dans un film qui n’existe dans l’univers du film que pour servir l’évolution du protagoniste masculin. Le syndrome tire son nom de la trilogie Matrix dans laquelle le personnage de Trinity n’existe que pour être la petite amie de Néo. Son faire-valoir en d’autres mots.

C’est quoi le syndrome Trinity? C’est un personnage féminin dans un film qui n’existe dans l’univers du film que pour servir l’évolution du protagoniste masculin.

Prenons le film Avatar de James Cameron dans le top dix des plus gros films au box-office. Le personnage féminin quoique fort et indépendant ne mène pas seule son peuple à la guerre face aux envahisseurs, victime elle aussi du syndrome Trinity elle combat, presque en retrait l’ennemi mené par le personnage principal : un homme.

Dans la série, La servante écarlate, le discours féministe se pose du lieu de la femme réduite à une dimension utilitaire, elle est tantôt la compagne, tantôt la servante, tantôt la Martha d’un commandant (un homme). La question du féminisme dans le cinéma américain n’est pas à prendre en dehors des questions de couleurs et de la ségrégation. Pendant longtemps, le cinéma étant une industrie dominée par les hommes blancs, il y avait une forte représentation des hommes blancs lambda dans la société américaine, par forcément le vrai de tous les jours, mais un idéal sur lequel tous étaient plus ou moins d’accord. Il s’agissait de l’homme blanc propre sur lui-même avec la petite maison, la petite femme à la maison et les petits enfants bien sages. Prenons l’exemple de L’atalante, film de Jean Vigo sorti en 1934, Juliette jeune paysanne à peine marié qui rêve de plus que sa vie de simple jeune marié s’enfuit. Premier élan de liberté vers un discours féministe me direz-vous, mais non pareil que dans la littérature de cette époque les cris de liberté se soldent pour la plupart par d’horribles conséquences comme les désillusions et parfois (Indiana de Georges Sand) la mort. Dans le cas de Juliette, ce sera la misère et l’incroyable incapacité de pourvoir elle-même à ses besoins jusqu’à ce qu’elle soit retrouvée et rendue à son mari… L’intégration des femmes noires, mais des femmes noires fortes va se faire avec des films comme La couleur pourpre. N’empêche qu’en dehors deçà elle reste une simple femme au foyer. Ce discours porté sur la femme noire coïncidence aussi avec l’apparition sur le théâtre du cinéma de réalisateurs qui accordent plus de place aux rôles féminins en général, mais à la question de la ségrégation en particulier. Une énorme série comme Le Prince de Bel air illustre bien ce cas. Nous savons que le chef de maison est avocat. C’est un homme à succès dont le succès est montré face à son ventre bedonnant, mais quant à sa femme, c’est une simple maîtresse de maison, mère de famille. On suppose qu’elle est allée à l’université, mais elle ne travaille pas et à aucun moment n’a une discussion professionnelle avec qui que ce soit.

L’Atalande – Jean Vigo (1934)

Après la deuxième Guerre Mondiale grâce ou à cause du succès des super-héros chez les plus jeunes, on va voir apparaître une nouvelle forme de représentation des femmes dans la pop culture et donc au cinéma. Ce n’est pas pour rien que le film live de Wonder Woman était autant attendu chez toute une génération de fans de comics. Elle a été la première, dans un comic à vaincre Superman et rappelons que Superman est l’homme le plus fort du monde donc… Ce sont certes des combats menés par des groupes d’hommes et femmes conscients de la sous-représentation de femmes fortes autant d’un point de vue physique (le cas Wonder Woman) que d’un point de vue social. La série Mad men (disponible sur Netflix) est un bel exemple de l’évolution de l’écriture des personnages féminins dans le cinéma américain. Durant les deux premières saisons nous nous retrouvons face à des femmes dont la vie tourne autour des hommes pour nous rendre compte au fur et à mesure qu’au lieu de tourner autour des hommes, la vie de ses femmes est un combat de tous les jours pour arriver à déployer des armes et combattre le système social qui tente absolument de les laisser au second rôle.

On aura beau dire, la génération 90 à quand même apporter de bonnes choses au monde, notamment des femmes fortes qui seront (certes malement) repris au cinéma et qui marqueront les esprits. Beaucoup de petites filles ayant joué à Tomb rider comme moi ont dû développer une curiosité quelconque pour l’archéologie et si oui la série Indiana Jones a aidé à ce que plus d’enfants de cette génération s’intéressent à archéologie, pour les filles se fut bel et bien Lara Croft le moteur de cette curiosité. Avec la version live qui n’est pas terrible, le réalisateur n’a décidé de garder que le côté ultra sexy du personnage, mais la popularité du jeu était déjà assez grande notamment grâce aux visuels et à la diversité des sites d’explorations proposer pour tracer la voie à un autre genre d’écriture pour les personnages féminins. Un exemple : à la fin d’uns des opus du jeu Lara Croft se déshabille pour aller prendre sa douche, il y a un très joli travelling pour suggérer ses seins, travelling auquel elle coupe court en sortant son arme et en tirant une balle, jamais nous ne voyons ses seins. Elle reste badass jusqu’au bout (loin de moi de dire que les personnages féminins qui montrent leurs seins au cinéma ne sont pas badass). De fait dans Alien, nous ne voyons jamais les seins d’Ellen Ripley. Et les amoureux de Star wars comme moi m’en voudraient de ne pas citer la princesse Lea.

…à la fin d’uns des opus du jeu Lara Croft se déshabille pour aller prendre sa douche, il y a un très joli travelling pour suggérer ses seins, travelling auquel elle coupe court en sortant son arme et en tirant une balle, jamais nous ne voyons ses seins.

La popularisation des séries télé ont elle aussi contribué à un nouveau discours sur la femme dans le cinéma… Comme avec l’exemple du Prince de bel air, il va y avoir des séries avec de plus en plus de femmes chef d’entreprises, avocat, politiciens, scientifiques etc. Même du côté des comics il va y avoir de plus en plus de personnages féminins indépendants avec leur propre tirage (Harley Queen par exemple). Les années 2000 ouvriront complètement la voie à des personnages féminins forts et un vrai discours sur la place de la femme dans la société par rapport à sa couleur, à son métier, à sa sexualité etc. La série House of card ou encore the Good wife montre de femmes puissantes et laissant les stéréotypes de femmes hystériques ou mal éduqués pour les femmes noires les séries Scandal et How to get away with murder nous montrerons des femmes noires avec une poigne de fer et bien intégrée quoique consciente de toutes les aspérités de la société. Il y a encore très peu de film ou série avec des femmes présidentes des États-Unis et à nos jours à ma connaissance il n’y en a aucun avec une femme noire dans ce rôle. Même s’il y a eu des avancées il reste encore des choses à faire, après avoir prouvé que les femmes pouvaient être de bons personnages de films d’action (Lara croft, President evil, Kill Bill, Sucker punch etc.) il a fallu batailler pour que le personnage de Scarlett Johanson membre du MCU depuis ses débuts ait droit à son propre film. De même qu’aujourd’hui encore très peu de place est accordé aux réalisatrice.

La popularisation des séries télé a elle aussi contribue à un nouveau discours sur la femme dans le cinéma… Comme avec l’exemple du Prince de bel air, il va y avoir des séries avec de plus en plus de femmes chef
d’entreprise, avocat, politiciens, scientifiques, etc. Même du côté des comics,
il va y avoir de plus en plus de personnages féminins indépendants avec leur propre tirage (Harley Queen par exemple). Les années 2000 ouvriront
complètement la voie à des personnages féminins, forts et un vrai discours sur la place de la femme dans la société par rapport à sa couleur, à son métier, à sa sexualité, etc. La série House of card ou encore the Good wife montre de femmes puissantes et laissant les stéréotypes de femmes hystériques ou mal éduqués pour les femmes noires les séries Scandal et How to get away with murder nous montrerons des femmes noires avec une poigne de fer et bien intégrées quoique conscientes de toutes les aspérités de la société. Il y a encore très peu de films ou séries avec des femmes, présidentes des États-Unis et à nos jours à ma connaissance, il n’y en a aucun avec une femme noire dans ce rôle. Même s’il y a eu des avancées, il reste encore des choses à faire, après avoir prouvé que les femmes pouvaient être de bons personnages de film d’action (Lara croft, Resident evil, Kill Bill, Sucker punch, etc.) il a fallu batailler pour que le personnage de Scarlett Johanson membre du MCU depuis ses débuts ait droit à son propre film. De même qu’aujourd’hui encore très peu de place est accordée aux réalisatrices.

Malgré tout voilà une petite liste de films avec des femmes fortes à regarder:  Alien, Inglorious bastard et Les Suffragettes.

Melissa Béralus


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