L’artiste visuelle Mafalda Nicolas Mondestin en vedette à l’exposition « Archipelago »

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Mafalda Nicolas Mondestin est parmi les 9 artistes femmes qui sont présentées à l’exposition « Archipelago » depuis le 14 mai jusqu’au 18 juin 2022.

Les œuvres de cette exposition sont pour la plupart créées dans le cadre du programme de résidences croisées initié par le Centre d’Art en 2019 entre des artistes haïtiennes et des artistes de la Caraïbes. Ce programme de résidence a été financé par Unesco à travers le Fonds International pour la Diversité Culturelle.

Les créations de Mafalda se trouvent à la Maison Dufort. Elles sont accrochées à la salle située à gauche par rapport à la porte principale du bâtiment. ll s’agit de cinq gravures sur papier.  « Portrait de Victoria Montou 1 », “Portrait de Victoria Montou 2”.   « Refleksyon nan fey mango 1» Refleksyon nan fey mango 2” et une autre pièce qu’elle nomme « Sans titre ». À travers une causerie en visio conférence qu’elle a eue avec la critique d’art cubaine Yolanda Wood, Mafalda Nicolas, qui a fait sa résidence à Cuba dans le cadre des résidences croisées, revient sur son  parcours d’artiste en général.

Cette conversation de plus d’une heure organisée le jeudi 19 mai 2022 a permis au public de cheminer dans l’univers de l’art de Mafalda.  Mais aussi d’entrer dans l’intimité de ses gestes, qu’en commentaires, quelqu’un qui suivait le dialogue en Guadeloupe, qualifiait de « sobres et d’élégants ».

Parcours de Mafalda

Mafalda manifestait dès son jeune age son amour pour les arts visuels. Elle n’avait que 5 ans, dit-elle, quand ses parents se sont aperçus de ses élans, à travers ses dessins sur les murs de sa chambre. « Mes parents ont dit bon, il va falloir encadrer ce besoin de créativité !  », nous confie l’artiste née en 1982.

Très vite, entre 6 et 8 ans, elle avait rejoint l’atelier Saint Soleil pour prendre des cours de dessin et de peinture avec feu, le peintre Tiga. « J’ai pris différentes routes après dans ma vie. J’ai étudié le graphisme au Valencia Community College aux États-Unis pour après des années me dédier complètement aux beaux arts. » Elle a fait une formation à Cuba en 2019 en technique de gravure. Elle a exposé en Haïti, aux Etats-Unis et en France

Depuis 2012, Mafalda s’installe en Haïti où elle travaille dans les beaux arts et prête ses services à des organisations, notamment AfricAmerica pour laquelle elle a travaillé entre autres dans l’organisation d’événements.  Mafalda donne des cours de peinture et de gravure au Centre d’Art depuis 2018.

Sujets et médiums

« Quoique j’aie toujours peint, c’est à mon retour en Haïti que j’ai vraiment commencé à penser à mon processus et à ce que je veux dire dans mon travail. Avant je peignais, j’explorais les différentes techniques, les médiums, les couleurs, mais c’est lorsque je suis revenue en Haïti que mon travail commençait à prendre une forme plus définitive», explique l’artiste. Deux constantes reviennent dans le travail de Mafalda :  la nature et l’humain. La nature où est priorisée la culture des îles comme le maïs, le manguier, le bananier, la canne à sucre…

La canne à sucre en fait, quand elle fait frotter son art à l’histoire de l’esclavage. Et l’humain, à travers notamment des silhouettes féminines. Par ailleurs, elle montre des silhouettes de femmes nues, mais non sensuelles, loin des nus de femmes qui sont présentés habituellement dans la peinture. Elle essaie de montrer des  femmes dans la nature dit-elle, « en dehors du regard normal de la société », « en dehors des contraintes de la société ».

Certaines fois, est décelée une certaine ambiguïté, une nuance, fait voir la critique d’art Yolanda Wood, entre le masculin et le féminin. Le noir et le blanc est très présent dans le travail de Mafalda. Les couleurs aussi.

Mafalda confie ne pas s’attacher à des médiums particuliers. Elle dit mobiliser aussi bien la peinture, le dessin, la gravure, la linogravure, etc. Elle dit commencer à explorer l’animation et chercher à intégrer dans son travail le plus de mediums possibles.

La figure de Victoria Montou dans l’œuvre de Mafalda

Mafalda dit se proposer de récupérer des figures féminines dans l’histoire d’Haïti, qui sont plutôt mal connues ou pas connues du tout. Et qui pourtant ont joué des rôles importants. L’ancienne soldat de l’armée des Dahomey, Victoria Montou, dite Toya ouvre cette dynamique. Deux portraits lui sont en effet consacrés dans les dernières œuvres de Mafalda exposées à la maison Dufort.

Plutôt que de présenter le corps de cette tante de Dessalines Victoria Montou (Toya), l’artiste lui a fait honneur à partir des attributs : son uniforme d’esclave et les outils entant qu’esclave qu’elle utilisait.

Victoria Montou, connue sous le nom de « Toya » ou encore Tante Toya, morte le 12 juin 1805, est une personnalité de la Révolution haïtienne et compagnon d’armes de son neveu Jean-Jacques Dessalines, futur empereur d’Haïti en 1804, qui fut faite duchesse à la fin de sa vie.

Adlyne Bonhomme

Source consultée pour des informations supplémentaires concernant Victoria Montou, (Toya):  Wikipedia


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